Maudits soient-ils !

CHAMPIONS CUP... Finale,                  Clermont – Toulon     18 – 24

Ca n’était pas du Verlaine...

ni du Rimbaud, chanté par Léo Ferré. Et pourtant.

C'est bien toujours la même chanson d’automne qui revient au printemps déchantant pour le poète maudit du rugby français, clamant le plus beau jeu d’Europe mais jamais publié au palmarès de la plus prestigieuse compétition.

Les sanglots longs
Du grand Clermont
Qui détonne
Et joue sans cœur
D'une langueur
Monotone.

Tout suffocant
Et blême, quand
Sonne l'heure,
Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure.

Et je t'en veux
D’un jeu mauvais
Qui t'emporte
Deçà delà,
Pareil à la
Feuille morte.

Ils ont bouffé la feuille de cette finale, les clermontois, c’est le moins que je puisse dire.

Si les toulonnais ont été présents, appliqués, plus forts dans l’impact et en conquête, et méritent sans conteste cette victoire, la troisième d’affilée en finale du titre européen suprême, chapeau ! ... mes Jaunards, eux, ont subi le match pendant cinquante minutes alors qu’ils semblaient l’avoir en mains au bout de vingt cinq seulement, après une entame quasi parfaite.

Si les désormais triples champions d’Europe ont fait preuve de sang froid et de caractère après avoir pris le bouillon par deux pénalités et un contre sur Tillous-Borde parfaitement bonifié par Parra puis Fofana, auteur du premier essai, les clermontois ont pêché dans l’application et la finition pour accélérer et tenir ce match de bout en bout comme ils ont su le faire contre Northampton ou les Saracens.

La faute à des erreurs individuelles répétées !

Trop de fautes de mains, de plaquages ratés, de mêlées sanctionnées, de touches contrées, et une langueur monotone (oh oui !) à sortir les ballons pour les rendre le plus souvent au pied à défaut d’exploiter un jeu des trois-quarts dont seuls Abendanon et Fofana ont su tirer profit par des percées éclatantes.

Bien sûr, l’adversaire y est pour beaucoup, une défense remarquable, impressionnante, au point d’assommer par deux fois Cudmore, sorti pour suivre le protocole commotion. La double animation entre Giteau et Hernandez a fonctionné à merveille pour repousser les assauts clermontois mais aussi pour ouvrir des espaces aux trois-quarts varois comme Mitchell et Bastareaud très incisifs.

25 minutes, Clermont mène 11 à 3. Comment peut-on se faire remonter en quinze minutes à ce niveau ?

Réponse : une première ligne clermontoise défaillante et un Kayser deux fois coupables. Halfpenny passe deux pénalités et se permet même d’en manquer une troisième. (11-9)

Il reste une minute, les clermontois ont la balle mais voilà que Lopez sous pression rend le ballon au lieu de trouver une touche ou de gérer avec ses avants. Le ballon revient alors dans les bras d’Abendanon qui sur la sirène s’amuse à jouer seul un par-dessus, offrant une occasion énorme de relance aux varois qui s’en vont inscrire leur premier essai par Bastareaud. Une aubaine. Une erreur monumentale. Halfpenny transforme et Clermont court désormais après le score. (11-16)

La seconde période aurait pu laisser espérer un retour en grâce des Jaunards avec l’entrée d’une première ligne toute neuve et plus performante, d’un Bardy et d’un Rougerie aussi précieux que tranchants.

A l’heure de jeu, l’arrière anglais Abendanon se rattrape de sa bévue de fin de première mi-temps pour un nouveau par-dessus, cette fois lumineux, qui trompe toute la défense toulonnaise. Il aplatit entre les perches et permet avec la transformation facile de Lopez de revenir à un point. (18-19)

Il reste un quart d’heure. On se dit qu’ils peuvent le faire, ils en sont capables !

Non.

Les mêmes erreurs, la même fébrilité, sur l’engagement qui suit, sont à deux doigts d’offrir un essai à Ali Williams qui n’aplatit pas après visionnage de la vidéo.

Mais cinq minutes plus tard, alors que l’ASM est dans le camp toulonnais, sa mêlée encore est pénalisée et renvoie les toulonnais dans le camp clermontois. La touche qui s’en suit offre un boulevard à Mitchell qui passe en revue quatre défenseurs avant de crucifier les Jaunards. (18-24)

Malgré le loupé de Halfpenny qui ne transforme pas, les clermontois ne reviendront pas, ce n’est pas faute d’une dernière séquence de jeu qui nous laissera sur notre faim, à l’image du match et d’un Lopez, impuissant et fébrile, à nous faire regretter la blesure de Broke James à l’échauffement, l’ouvreur international tuant l’action par un coup de pied invraisemblable qui offre le titre aux toulonnais.

Il pleure dans mon cœur comme il pleut sur ma bile...

désormais, ai-je envie de conclure. Quelle est donc cette aigreur qui pénètre mon estomac ?

Au final Toulon décroche sa troisième étoile et moi, supporter clermontois, un troisième ulcère.

Décidément ces Jaunards sont maudits quand les toulonnais, eux, entrent dans l’histoire.

Et cette fois, ils ne l’auront pas volé !

Résultats de la Challenge Cup

Edimbourg – Gloucester          13-19    

La semaine prochaine…

Le TOP 14 nous replonge dans son suspense pour le 24^ème épisode.

Si le LOU est certain de descendre, Bayonne, Castres, Brive, La Rochelle et Grenoble, eux, tremblent.

Pour accéder à la phase finale, un sans faute pour Montpellier et Bordeaux est de mise quand Oyonnax et le Racing Métro doivent se méfier d’une défaite de trop dans ce triptyque de fin de saison régulière.

Si Toulon est désormais sur son nuage, Clermont a tout à refaire pour conserver sa place de dauphin, voire rester dans les six. Car derrière, avec Toulouse et le Stade Français, on pourrait bien profiter du nouveau coup sur la tête des Jaunards.

A suivre donc, dès samedi 9 mai avec :

• Toulon – Castres, à 14h45 (c+) : attention aux lendemains de fêtes,
• Toulouse – Brive, à 18h30 (r+) : toujours plus haut !
• Lyon – La Rochelle, à 18h30 (r+) : le coup de grâce !
• Montpellier – Bayonne, à 18h30 (r+) : l’espoir fait vivre,
• Bordeaux – Oyonnax, à 18h30 (r+) : un seizième de finale,
• Grenoble – Clermont, à 20h45 (c+ sport) : achever la bête blessée.

Puis dimanche 10 mai :

• Racing Métro – Stade Français, à 16h15 (c+) : un derby pour un podium !