Les brèves d'Ovalie - Edition n°51
Do you speak rugby ?
H CUP... 2ème journée, Saracens – Racing-Métro 30 – 13
En déplacement à Bruxelles, nouvelle province anglaise investie par les Sarries pour l’occasion, les Racingmen ont l’occasion d’améliorer leur rugby dans la langue de Shakespeare, maniée avec excellence par leur demi d’ouverture Olie Barkley aux commandes du XV francilien.
Et il ne se fait pas attendre l’ouvreur anglais pour se la péter sans accent, il ouvre le score dès la première minute pour le Racing Métro, sur une première pénalité réussie.
If I speak rugby ? … Yes, fluently !
Et voilà les Sarries qui lui tiennent la conservation du ballon dans un rugby si bien articulé et clair que les Racingmen n’ont pas de mal à comprendre où ils veulent en venir, tout juste ont-ils un petit problème pour leur donner la réplique et contenir ce monologue qui les pénalise quand même un peu… beaucoup. Et Hodgson du coup (de pied) les corrige aussitôt. 3-3.
You speak with your fist, I answer with three points. (Traduisez : "coup de poing = coup à 3 points" )
Plus les anglais parlent et plus les franciliens s’évertuent à leur couper la parole dans une défense de leur point de vue avec un fort accent à tomber à la renverse. Seulement le discours est relevé chez les Sarries et c’est logiquement qu’ils concluent leur premier essai après une belle tirade de Brits qui sert Wyles pour le point final. C’est beau, c’est fluide. Hodgson signe la transformation. 10-3.
Act two. Plusieurs temps de jeu de scène permettent à la troupe des Saracens de déployer de nouveaux dialogues qui mettent à mal le rugby des Racingmen. What did they say ?
Try ! … Nouvel essai du capitaine et deuxième ligne Borthwick, légende du XV de la Rose, qui profite d’un point de fixation pour s’emporter dans une diatribe contre toute la défense française qui s’effondre avec le ballon dans son en-but. Hodgson valide. 17-3.
Barkley semble le seul à pouvoir répondre à la verve britannique. Et pourtant il balbutie son coup de pied, ratant une pénalité qui semblait dans son vocabulaire. Shit !
Alors Hodgson, en bon pédagogue, le lui articule pour qu’il comprenne mieux.
Penalty = three points ! … 20-3.
Dure la première leçon pour les joueurs du Racing-Métro qui rentrent aux vestiaires avec une mauvaise note collective et un carton jaune individuel pour Le Roux très indiscipliné dans l’expression de son jeu.
En seconde période, le professeur Hodgson s’apprête à poursuivre son exposé quand le bout de son pied se met à fourcher, ce qui a de quoi faire sourire Barkley. Penalty = what ?
Les franciliens s’appliquent alors dès qu’ils ont la parole, trop souvent aux mains des Sarries. Et il s’en faut de peu qu’ils aient le dernier mot. Mais un en-avant leur rit au nez et les anglais redonnent de la voix. Les français se taisent et baissent l’échine. Hodgson a encore la possibilité de corriger l’indiscipline de Fall qui a trop tardé à sortir ses mots. C’est chose faite. 23-3.
Vexés les français déroulent tout leur baratin jusqu’à Imhoff qui aplatit et coupe le sifflet des anglais. Whaou ! Estebanez transforme cet essai remarquable. 23-10.
S’en suit une nouvelle occasion pour Germain de corriger les Sarries sur leur terrain. Il ne se prive pas de leur dire ce qu’il pense : 23-13 !
La conversation est relancée et les anglais reprennent le sujet du match à leur compte. ils auront très logiquement le dernier mot par leur maître à causer, Hodgson qui donne dans l’intervalle à Frazer pour le troisième et dernier essai. Sujet, verbe, complément, tout y est ou presque, il manquait sans doute un quatrième essai pour mettre un point final à ce match presque parfait. Le maître signe néanmoins son œuvre en bas de la page de la rencontre dans une dernière transformation réussie. Score final : 30-13.
Les Sarries ont donné une belle leçon de rugby aux Racingmen qui rentreront en région parisienne avec cette pensée toute shakespearienne que leurs hôtes leur auront soufflé ce samedi après midi :
« Le rugby est un jardin, notre volonté est son jardinier »
Une maxime un minimum présomptueuse quand on sait l’issue du duel franco-anglais ce week-end, notamment la belle leçon de passe à quinze des clermontois face à Exeter.
(Voir ci-dessous)
En bref…
Dans l’autre match de la poule 1, dimanche, le Munster corrige l’équipe d’Edimbourg avec un bonus offensif et aucune résistance, les écossais repartant avec un deuxième surprenant match fanni (33-0).
Les Sarries trônent tout en haut du gâteau de leur poule tandis que les racingmen restent dans la bataille à deux points du Munster. La réception d’Edimbourg début décembre est primordiale pour la suite. Mais vu les prestations des écossais, cela ne devrait pas poser problème aux franciliens.
Dans la poule 4, l’équipe de Castres a reçu vendredi soir en prime time les Saints de Northampton pour la troisième année consécutive. Des amis, quoi ! C’est pourquoi cette fois, pour marquer le coup, ils ont voulu mettre leur petit stade dans un grand en délocalisant le match à Toulouse. Et ça leur a réussi aux castrais qui se sont pris pour les champions de France en surclassant cette équipe anglaise dans ce deuxième affrontement franco-anglais. Ils auraient même pu récolter un bonus offensif et priver les Saints du bonus défensif si seulement ils n’avaient pas flanché en fin de match, frôlant la correctionnelle sur le gong (21-16). France 1 – Angleterre 1 !
En parallèle, les irlandais de l’Ulster ont assuré l’essentiel en s’imposant à Glasgow conservant ainsi la tête de leur poule (19-8).
Castres, tout comme le Racing Métro, se repositionne dans la course derrière Northampton et devra confirmer impérativement en Ecosse à la prochaine journée.
Dans la poule 5, Clermont a récidivé son scénario de la semaine passé, malmené en première mi-temps, le XV des volcans balade les anglais d’Exeter en seconde période, de long en large, comme au tennis, avec pas moins de six essais et un bonus offensif logique (46-12). France 2 – Angleterre 1 !
Un peu plus tôt, le Leinster parvenait à s’imposer chez les Scarlets de Llanelli avec plus de facilité que la semaine passée (20-13). Les anglais ont obtenu sur le fil le bonus défensif qui ne leur laisse guère d’illusion dans cette poule face à deux gros favoris de la compétition.
Clermont prend un nouveau point sur son rival qui aura bien du mal à lui chiper la première place dans leurs prochains duels aller et retour de décembre. Et tant mieux !... On a hâte d’y être !
Dans la poule 3, Biarritz s’est rassuré face à la faible équipe italienne des Zèbre, avec le bonus offensif, c’était un minimum, à domicile, pour revenir dans cette poule largement à sa portée (38-17).
Dans l’autre match, les Harlequins continuent leur course en tête en disposant de Connacht (30-22).
Les biarrots auront bien du mal à aller les chercher. Mais d’ici janvier, il s’agira de gagner les deux rencontres face aux irlandais dès les prochaines journées. Pas facile, vues les difficultés du club basque !
Dans la Poule 2, Toulouse n’a pas été aidé pour venir à bout du XV de la squadra Azzurra pratiquement au complet dans l’effectif de la bonne équipe de Trévise. Une première mi-temps où les toulousains ont été injustement sanctionnés, Monsieur Hodges à côté de la plaque et des plaquages, permettant au buteur italien de prendre le large au score. Mais la qualité du quadruple champion d’Europe a suffi pour renverser la tendance en deuxième période, mais sans le bonus offensif (33-21). A qui la faute ?
Dans l’autre match, les Tigers de Leicester sont parvenus à leurs fins, dimanche : faim de ballon et un bonus offensif qui les replace à hauteur des Ospreys, dans la course à la qualification (39-22).
Toulouse, timide leader, a laissé des points en route et devra hausser le ton comme le niveau de son jeu pour garder à distance ces deux grosses cylindrées britanniques .
Dans la poule 6, Toulon confirme son leadership et remporte son duel (sans bonus) chez les Cardiff Blues. Halfpenny, auteur de tous les points gallois n’aura pas réussi à faire plier Jonny Wilkinson, une classe au dessus (22-14).
Carton plein donc pour les varois dans cette poule comme leurs homologues toulousains et clermontois, trio d’ambassadeurs du rugby tricolore qui devrait nous représenter au plus haut niveau, au moins en quart de finales, pour notre plus grand bonheur.
Pour terminer cette deuxième journée, Montpellier participait à la quatrième confrontation franco-anglaise en recevant la redoutable équipe de Sale. Après Castres et Clermont, les héraultais avaient la possibilité d’enfoncer le clou. Et ils s’en sont donné à cœur joie, dans une deuxième période monumentale à laquelle il ne manquait que l’essai du bonus (33-18). Dommage, vraiment !
Montpellier se replace à hauteur de son adversaire du jour et devra confirmer ces belles intentions.
Pour conclure ce beau week-end où les clubs français ont brillé à l’exception du Racing Métro, seule défaite dans cette opposition franco-anglaise, je dirais laconiquement :
France 3 – Angleterre 1 … Fluently !
Tous les résultats officiels du week-end >>
La semaine prochaine…
Le TOP 14 revient en force, les clubs bénéficiant pour la dernière fois de leurs internationaux, appelés par PSA pour rouler sur les stades de France, dans la tournée d’automne qui démarre début novembre, et ce pour trois semaines.
La 9ème journée du championnat nous offre dès vendredi soir un succulent :
- Clermont – Biarritz à 20h50, dans l’antre de l’imprenable Michelin !
Puis samedi :
- Paris – Toulouse à 15h au Stade de France pour un match référence,
- Agen – Castres à 18h30, pour sortir de la zone rouge,
- Montpellier – Grenoble à 18h30, pour rester dans le TOP 6,
- Toulon – Bayonne à 18h30, les basques attendus en enfer,
- Mont de Marsan – Bordeaux à 18h30, le derby des reléguables,
- Perpignan – Racing-Métro à 20h40, pour se rapprocher de l’élite.