Les brèves d'Ovalie - Edition n°120
Le crime était parfait...
VI Nations... 5ème journée, France – Irlande 20 – 22
Le jeu, presque !
Agatha Christie n’aurait pas trouvé scénario plus machiavélique et drôlissime, pour faire assassiner le XV de la Rose par le gang burlesque du XV de France, désarmé et en culottes courtes.
Les gosses de main de Saint-André sont revenus hier soir sur le lieu du crime, au Stade de France, après y avoir déjà porté un premier coup fatal, achever leur œuvre criminelle avec un suspense à couper le souffle et l’herbe sous le pied aux prétendants légitimes d’un titre qu’il ont touché du bout des doigts.
"ALLEZ LES BLEUS !", pouvait-on lire dans la presse anglaise ce samedi matin. Historique !
J’aurais juste voulu voir leurs têtes, lorsque Doussain s’est élancé pour taper cette pénalité de la gagne, à la portée de n’importe quel bon buteur… avant, puis après.
J’aurais aimé voir aussi leur attente insoutenable sur la décision de l’arbitre vidéo, à la dernière minute du match, pour cet en-avant flagrant pour le commun des mortels, impensable sous l’angle des caméras de la BBC tant l’essai de Chouly augurait la plus belle des nuits blanches londoniennes.
Coupable, le XV de France, d’un crime prémédité ?
L’alibi était de taille. Les hommes de PSA ont tout donné pour venir à bout de ces irlandais, comment simuler une telle prestation de qualité quand on a connu des précédents d’une médiocrité sans nom ?
Innocents autant que malheureux, voilà le jugement de la presse française et internationale.
Les Bleus sont des victimes de la malchance plus que des assassins. C'était évident !
Cela avait commencé au Stade de France, face à ces mêmes anglais qui, souvenez-vous, accusaient le gang Saint-André de vol et d’assassinat d’un grand chelem qu’ils revendiquaient avec talent et légitimité.
« C’est un accident », en a t-il été jugé aux yeux du monde, un malheureux concours de circonstances qui ne pouvait incriminer des gosses qui ne savaient même pas manier les armes du ballon ovale. La suite à Cardiff puis Edimbourg donnera raisons aux milliers de juges dans la presse et les forums.
Mais hier soir, le crime a été parfait, savoureux même.
« Yes, we could ! »
On aurait pu, mais non… C’était pas l’Amérique, dans le jeu, les intentions, mais presque.
On peut dire que l’on a vu plein de belles choses, quelques ratés, de bonnes concrétisations, des beaux gestes, beaucoup de possibilités, de l'engagement, un Bastareaud qui s'essaye dans ses points faibles et qui éblouit dans ses points forts, le génie d’Huget, la détermination de Szarzewski, l’application de Lapandry, l’aura de Picamoles, les basses œuvres nécessaires de Papé et Maestri, le courage de la première ligne, le bon dynamisme de Machenaud à sortir les balles, les courses effrénées de Dulin et Médard, tous presque ont répondu présents, seuls Fickou, Talès et Domingo n’ont pas réussi à trouver leurs marques, face à des irlandais solides et efficaces mais que j’ai trouvé pourtant empruntés, sous la pression de l'événement, à l’image d’un O'Driscoll tétanisé, sans doute ému pour sa dernière, un Sexton inhabituellement maladroit au pied, heureux dans son doublé, malheureux dans sa sortie prématurée.
On aurait pu, c’est vrai... on a failli même, mais la meilleure preuve de ce crime prémédité ne se trouve t-elle pas dans la sortie volontaire de notre buteur en réussite pour faire entrer un Doussain en plein doute alors qu’il aurait été judicieux de lui donner le rôle qu’il maîtrise le mieux à mon avis, celui d’ouvreur à côté de Machenaud ?
La suite, on la connaît, la pénalité ne passe pas, l’en-avant non plus, restant en travers de la gorge des sujets de sa Majesté, comme les épines de leur rose qu’on leur aurait fait avaler.
N’est-ce pas là, au fond, la plus belle des victoires du XV de France ?
Mais alors, Monsieur Saint-André, quel est le scénario que vous comptez leur écrire pour LEUR coupe du monde ?
Vous êtes un pervers, je commence à mieux vous comprendre…
L'Irlande remporte ce tournoi, n'en déplaise outre-Manche !
Une belle sortie pour la légende O'Driscoll qui nous aura régalé durant 14 ans, depuis ce jour où dans ce même stade il aura marqué de son empreinte par un hat-trick la dernière victoire du XV du Trèfle en France.
La boucle est bouclée et l'histoire magnifiquement écrite... Chapeau BOD !
Italie – Angleterre 11 – 52
Une Squdra Azzurra ramassée à la petite cuiller…de bois !
Les anglais sont venus à Rome avec la ferme intention de mettre la pression sur les irlandais en tentant de rattraper en vain le gouffre de leur retard au goal-average. Il leur fallait plus de 49 points, ils ont échoué de peu, anecdotique, tant ils ont démontré leur suprématie dans ce tournoi qui aurait du leur offrir le grand chelem, à un an de leur coupe du monde, si seulement ces mangeurs de grenouilles n'avaient pas brisés leur élan au Stade de France.
On a beau historiquement haïr le jeu des anglais, il faut tout de même reconnaître qu’il fait plaisir à voir, et même rêver, quand on voit les enchaînements splendides autour du dix entre les trois-quarts que sont les incontournables Burrell et Brown, dans tous les coups, amenant pas moins de sept essais.
Un bonheur de rugby, je l’avais déjà souligner ici lors du fameux Angleterre – Irlande, le plus beau match du tournoi, une finale avant l'heure qui a vu la victoire des anglais quand le tournoi aura vu celle des irlandais, grâce notamment au coup monté de notre XV de France (lire ci-dessus).
Les italiens n’auront pour autant pas démérité, un niveau bien en dessous, ils auront tenu et n’auront jamais lâché. Ils seront récompensés de leurs efforts par un bel essai de Sarto.
Une cuiller de bois, oui mais porteuse de belles promesses pour l’avenir !
Pays de Galles – Ecosse 51 – 3
Le réveil tardif des diables rouges !
Ils n’auront pas eu à forcer leur talent les gallois pour venir à bout de ces écossais aux abonnés absents ici au Millennium de Cardiff. Sept essais faciles et une résistance insignifiante résument ce non match à dépiter le sélectionneur Scott Johnson dans sa loge pour sa dernière.
Il ne reste plus qu’à son remplaçant à cautériser les plaies béantes qu’il laisse derrière lui.
Au classement, Victoire de l’Irlande avec 8 points, à égalité avec l’Angleterre mais une différence au goal-average de dix points favorables.
Le Pays de Galles complète le podium, avec 6 points comme la France mais là encore avec un goal-average à plus 42 points meilleur.
Ferment la marche, l’Ecosse (2 points) et l’Italie, cette dernière fannie au compteur mais avec une marge de progression bien plus intéressante selon moi sur l’ensemble du tournoi.
Mais n’oublions pas…
Il est des XV de France qui ont su faire rimer leur rugby avec un Grand chelem :
Bravo aux Bleues et nos Bleuets !
Quatrième grand chelem pour les femmes, et le premier pour les moins de vingt ans, une fierté pour les gamins de Pelous, et un bel espoir pour l’avenir du rugby français. On en a vraiment besoin !
En match en retard de la 17ème journée de TOP 14…
Vendredi soir, Oyonnax a fait le plus dur en s’imposant à Biarritz (24-22).
Les biarrots ont pourtant bien joué le jeu, trois beaux essais contre deux, menant même à la pause (10-8), cherchant l’essai plutôt que de taper les pénalités quand ils sont menés à leur tour, revenant avec culot et réussite, mais la pression et l’application des visiteurs déterminés à arracher la victoire à Aguiléra auront raison des locaux poussés à la faute.
Urdapileta ne manque pas l’ultime occasion qui lui est offerte à quatre minutes de la fin.
De bon augure pour les oyonnaxiens qui, avec encore un match en retard, cette fois à domicile face à Bordeaux, ont leur destin en main. La pression est désormais sur leurs concurrents au maintien, catalans et bayonnais, plus qu’à respectivement 3 et 4 points devant.
Pour les biarrots, je crois qu’on peut le dire, la messe est dite !
La semaine prochaine…
Le TOP 14 fait donc son retour pour sa dernière ligne droite, cruciale, dans la lutte au maintien, on l’a vu pour nos trois protagonistes cités ci-dessus, et dans la qualification aux phases finales pour les dix clubs de tête qui se tiennent dans un mouchoir de poche.
Autant dire, mis à part pour Biarritz, l’enjeu est très fort pour toutes les équipes engagées. Une défaite à domicile pourrait avoir de lourdes conséquences désormais.
A suivre dès vendredi soir 21 mars, le choc des titans pour la première place :
- Clermont – Toulon, à 20h50 (C+ sport) : c’est qui le patron ?
Puis samedi 22 mars :
- Stade Français – Toulouse, à 15h (C+) : intégrer le carré premium,
- Perpignan – Biarritz, à 18h30 (r+) : un bonus sinon rien,
- Castres – Brive, à 18h30 (r+) : chacun à sa place, non mais !
- Oyonnax – Montpellier, à 18h30 (r+) : Mathon en Fort Alamo,
- Bayonne – Bordeaux, à 18h30 (r+) : pas le droit à l’erreur,
- Grenoble – Racing Métro, à 20h35 (c+ sport) : déjà un pré-barrage.