Les brèves d'Ovalie - Edition n°128
Des barrages au régime sec !
TOP 14... Les barrages, Toulouse – Racing Métro 16 – 21
La conquête, on vous dit !
On n’entend que ça, on ne vous parle que de ça. C’est la ligne de conduite à avoir, ravissante et musclée, pour gagner les faveurs d’une pénalité très arbitraire au bout de son sifflet flatteur.
La conquête c’est quoi au juste ?
C’est un traitement révolutionnaire qui consiste à priver de ballon l’adversaire et le pousser à sortir de ses gonds, jusqu’à la faute. Trois points en pilule à avaler tous les quarts d’heure qui calment tout appétit de jeu au large.
La conquête c’est le produit miracle qui fait pencher la balance en sa faveur, qui stoppe la boulimie de passes jusqu’à revomir le ballon d’essais dans son en-but.
Les professeurs Labit et Travers, nutritionnistes en conquête de renommée nationale, champions de France, ont administré vendredi soir un traitement sur mesure au gros Toulouse, en surpoids de jeu et de titres qui, tout comme les spectateurs du stade Ernest Wallon, est resté sur sa faim après avoir avalé chez lui la pilule d’une défaite au goût amer.
Sans mettre le moindre pied dans les 22 adverses, les agents actifs du traitement, appelés Racingmen, ont fait effet au bout de dix minutes après que Doussain ait ingurgité une cuillère de trois points dès le début du repas de ce premier barrage.
A partir de là, le jeu toulousain ne marquera plus, comme coupé dans sa faim de trois-quarts.
Il va déguster dorénavant.
A chaque bouchée, il recrache le ballon dans les rucks et se fait sanctionner. Une fois, deux, trois et puis quatre, Sexton agit en précision, écoeurant les locaux qui prennent douze points au score quand Fritz ouvert au front en prend autant de suture.
12-3 à la mi-temps pour les franciliens. Au retour des vestiaires, Toulouse retrouve de l’appétit avec des produits tout frais, Fickou, Steekamp et Nyanga, et avale le terrain, les actions avec, en contre coup d’un régime trop restrictif de jeu sans doute, lui, ce grand gaillard qui aimait s’en enfiler à grandes doses jusqu’à le lécher en bonus offensif.
A peine cinq minutes, Gear conclut un bel essai suite à une action initiée et relayée par Doussain qui le transforme et permet enfin aux siens de recoller au score (10-12).
S’en suit un chassé-croisé de buteurs, tel un duel de consciences, le jeu ou la défense, Doussain puis Sexton, Sexton puis Dousssain. Entre temps Toulouse s'est resservi, et bien. Huget se délectant presque d’une cerise sur le gâteau d’un deuxième essai, non évident et malheureusement non accordé à la vidéo.
Et puis vient l’heure de jeu, l’heure de vérité, la sanction, Sexton repasse devant (18-16), alors que Doussain échoue pour la seconde fois…
Et la conquête a fait le reste…
Pénalisés au sol, les toulousains avalent une dernière pilule, une dernière pénalité, c’est pour le bien du rugby, paraît-il, pour sa ligne svelte et musclée, sans pratiquement mettre les pieds dans les 22 adverses.
C’est efficace, c’est bien fait… moi ça me fait gerber.
Bravo au Racing Métro, aux professeurs Labit et Travers, le rugby et ses règles leur donnent raison, ils n’ont en tout cas pas volé leur victoire.
Le beau jeu lui, doit se rebeller, c’est ce que l’on attendait samedi du côté de Marcel Michelin.
Clermont – Castres 16 – 22
Je pourrais vous la refaire.
Tant Castres est le copié-collé, le bébé-laboratoire des professeurs cités précédemment, tant le score est quasi identique, mais non.
Ne vous fiez pas aux apparences !
Oui, on retrouve des similitudes dans ce match, dans la défense inversée efficace des castrais, dans les pénalités accordées, mais la conquête, elle, a été équilibrée de part et d’autre, en mêlée comme en touche.
Ce qui l’était moins, c’est l’envie et le mordant. Trop suffisante à mon goût pour déborder une défense aussi bien organisée, l’ASM s’est laissée endormir et corriger par des visiteurs et un monsieur Poite décidés tous seize à leur en demander plus pour venir à bout de ce barrage.
Réveillez-vous !
Avait-on envie de leur dire durant toute cette première mi-temps insipide où à trop attendre des pénalités qui ne venaient pas, les castrais se sont installés dans le match. Même à 15 contre 13, les clermontois n’ont jamais été capables de surclasser leur hôte du jour, ces mêmes tarnais qui les avaient séchement éliminés l’an passé en demi-finale.
9-6, à la pause. Le retour des vestiaires se fait au ralenti pour les jaunards qui oublient d’appuyer là où ça fait mal. Alors ce sont les castrais qui vont s’en charger. Kockott égalise suite à un plaquage haut clermontois. Puis il donne l’avantage aux siens sur une faute grossière de Vosloo qui sort dix minutes.
Dix minutes durant lesquelles les locaux vont se faire balader, plus ou moins légalement dans les rucks, mais ça reste du détail, la volonté est là en face de défendre bec et ongle son camp quand Clermont balbutie un jeu attentiste, voire arrêté.
Et ce qui devait arriver arriva, alors que Vosloo est de retour, Lamerat conclue efficacement une action où les auvergnats au complet sont à la rue. 19-9, on sent que le match leur échappe.
Et quand la pilule de la conquête offre une nouvelle occasion à Kockott d’aggraver le cas clermontois, il ne se fait pas prier (22-9).
Réveillez-vous !
N’avait-on plus le coeur à leur crier à cinq minutes de la fin. Et pourtant c’est là que les Jaunards décident de le faire avec un essai plein d’autorité et de détermination de Chouly, transformé par James.
Encore un autre et le miracle pourrait avoir lieu. On ne sait plus si on veut vraiment y croire, ils n'en sont pas loin avec de longues séquences balle en main comme ils savent le faire, comme ils nous en ont régalé bien souvent cette saison.
Trop tard. Monsieur Poite n'est pas d'humeur à faire durer ce non plaisir. Il fallait y penser plus tôt.
L’heure est à nouveau à panser les plaies, réouvertes comme chaque fin de saison, lors d’un match couperet, à leur portée, qu’ils avaient sans doute trop peur encore de gagner.
La page Cotter se tourne avec la série des 77 victoires à domicile. Avec un pincement au cœur pour moi qui ai tant apprécié ce que le stratège néo-zélandais a apporté à ce club, ce jeu léché surtout, sa marque de fabrique, pas récompensé à la hauteur du plaisir qu'il m'a procuré.
Un grand merci, Vern !
La semaine prochaine…
Le TOP 14 enchaîne ses demi-finales sans tarder.
Ce qui doit, j’en suis sûr, tarder aux deux demi-finalistes directement qualifiés, Toulon et Montpellier, les deux rugbys les plus complets de ce TOP 14, fin prêts à nous régaler.
Et j’y serai à Lille pour ses demies, même sans Clermont, avec le plaisir d’y voir du beau jeu.
A suivre donc sur Canal+:
- Toulon – Racing Métro, vendredi à 20h45 : Tenir ses promesses.
- Montpellier – Castres, samedi à 16h30 : Trinh Duc v Talès, le match !