Les brèves d'Ovalie - Edition n°182
Les maillons faibles...
Test-match de Coupe du monde, France – Angleterre 25 – 20
De gauche à droite : Sébastien Vahaahamina, Rémi Lamerat, François Trinh-Duc, Xavier Chiocci
« Xavier… Vaha… Loann… François… Rémi Lamerat… »
C’est sans ses lunettes à la Laurence Boccolini, celles que l’on avait eu la chance de découvrir lors de l’annonce des 36 sélectionnés le 19 mai dernier, que Philippe Saint-André a clos ce dimanche le jeu de préparation à la coupe du monde.
Un jeu basé sur des tests élémentaires de culture physique, de vitesse et de stratégie qui durent sept semaines et au bout desquels les 36 candidats répondent à tour de rôle aux exigences du sélectionneur lors de deux test-matchs. Cinq d’entre eux repartiront dans leurs clubs respectifs.
« Je les ai vus, je leur ai serré la main, je les ai regardés dans les yeux parce qu’ils n’ont rien à se reprocher… »
On aurait presque chialer avec le sélectionneur qui a sorti en ces circonstances douloureuses sa voix la plus monocorde, empreinte d’une émotion à me rendre nostalgique de la série « Les feux de l’amour » (saison une), espaçant chaque nom d’un silence qui se voulait une torture intérieure pour l’homme qui se cache derrière le patron cruel de l’équipe de France qu'il incarne.
Ils sont cinq, comme les cinq doigts d’une main qui se referme sur eux en un point final, après sept semaines de préparation à l’événement majeur dans une vie de rugbyman, la coupe du monde, et qui d’un coup, d’une simple annonce par le sélectionneur tout puissant, prend l’effet d’un uppercut en pleine poire.
« Vous êtes les maillons faibles ! »
Ils n’iront pas avec les autres en Coupe du monde, non pas parce qu'ils ne sont pas au niveau, ni parce qu'ils n'ont pas été à la hauteur lors de leur dernier match, mais parce que stratégiquement ils ne rentrent pas dans le plan de jeu du coach.
Tel était le principal message qu’il fallait intégrer dans les explications qui ont suivi l’annonce des exclus.
« Hourra ! … PSA aurait donc une stratégie, et même un plan de jeu ! »
Sa stratégie tient en un seul mot : la polyvalence.
C’est bien simple, si Xavier Chiocci a été évincé, c’est parce qu’il ne sait jouer que pilier. Et en plus qu’à gauche ! Tandis que Rabah Slimani joue, lui, des deux côtés. Ah !
Si Sébastien Vahaahamina rentre chez lui, c’est parce que, nous dit-il, le troisième ligne Bernard Leroux peut prendre sa place… en deuxième ligne. Aaah !
Voilà qu’il nous la fait à l’envers ! Je me souviens du temps où c’est le deuxième ligne clermontois qui jouait une ligne au dessus en plein match.
Si le trois-quarts centre Rémi Lamerat n’a pas été conservé c’est parce qu’il ne sait pas jouer à l’aile comme Fickou ou Fofana quand son concurrent Alexandre Dumoulin, lui, peut prendre au moins le poste d’ouvreur. Imparable !
Du coup, comme on n’a pas besoin d’un troisième demi d’ouverture, c’est François Trinh-Duc qui trinque car, s’il sait buter, il n’est pas considéré comme le buteur n°1 dans son club, contrairement à Frédéric Michalak qui l’est à Toulon… euh… enfin après que Wilkinson ait raccroché, que Giteau se soit blessé et que Sanchez lui ait cédé la place.
C’est donc logiquement qu’il devient le numéro 10 et buteur titulaire du XV de France avec un pourcentage de réussite au pied bien meilleur que ses concurrents avec seulement quatre apparitions en 2015. Implacable !
Il reste le cas de Loann Goujon qui semble s’expliquer, tenez vous bien… au simple fait qu’il n’est pas le meilleur à son poste, derrière Louis Picamoles et Damien Chouly. Quelle idée ?
Car la stratégie de Philippe, si j'ai bien tout compris c’est d’être prêt à buter à tout moment et d’avoir des joueurs disponibles à des postes qui ne sont pas les leurs… au cas où.
Mais passons ... ne regardons que le positif !
Les 31 qui iront à la coupe du monde ont démontré en deux matchs, si on les laisse jouer à leurs postes, qu’ils ont un réel potentiel, physique et technique qui a permis au XV de France samedi soir de disposer brillamment des anglais. Si !
Une heure de jeu grandiose... si si !... de maîtrise, avec un Michalak à la baguette, des avants au dessus de la mêlée et surtout un essai à la clé, d’un vrai ailier, Yoann Huget... cela faisait deux ans que ça ne lui était pas arrivé.
C’était trop beau pour être vrai.
A se demander si cette défaite du XV de la Rose n’était pas tout simplement un coup monté des britanniques qui ne souhaitaient en fait qu’une seule chose : conforter Philippe Saint-André dans son choix d’emmener Fred Michalak sur leurs terres.
Car les anglais le savent. Si le hasard des événements durant la Coupe du monde les amenait à croiser le XV de France sur leur route, il serait préférable d’avoir Fred en face plutôt que François.
Rappelez-vous en 2003, alors que Michalak est jusque-là la star du mondial australien, il est transparent face aux Anglais où un certain Jonny Wilkinson lui vole la vedette.
Cette réflexion m’est venue dans les dix dernières minutes du match durant lesquelles les visiteurs d’outre-Manche ont inscrits deux essais avec une facilité déconcertante, un premier de Cipriani qui concluait un ballon porté dévastateur, un second de Joseph qui débordait toute la défense locale. Enfin, on retrouvait le jeu anglais du tournoi !
Encore cinq minutes et les français perdaient la rencontre.
Mais ne boudons pas notre plaisir de remporter un Crunch. On ne va pas commencer déjà à se gâcher cette coupe du monde.
On peut y croire. Car si on compare avec la préparation des Bleus de Liévremont il y a quatre ans, on est dans les clous ! (les clous, j'ai dit, pas les choux !)
Italie – Ecosse 12 – 16
Le XV du Chardon n’en finit pas d’impressionner.
Les italiens sont loin d’être prêts à créer la surprise dans la poule de la France. Les voilà qui perdent chez eux face à des écossais aussi opportunistes qu’en Irlande. Ca ne s'arrange pas pour les hommes de Brunel.
Quand Vern Cotter, lui, pourrait bien emmener les siens jusqu’en quart de finale, si ce n’est plus.
En très bref, la première journée du TOP 14
Clermont so british !
A La Rochelle, on a entendu comme une « déflandration » dans le stade quand les stars outre-Manche ont déboulé dans l’en-but des Maritimes. Clermont crée la sensation et y décroche le bonus offensif avec cinq essais dont un de Strettle et un autre de Abendanon, très actifs (6-44).
Les clermontois prennent la tête du classement aux côtés de Montpellier et Grenoble, qui ont également bonifié leurs victoires, mais à domicile en ce qui les concerne, contre respectivement Oyonnax (35-19) et Agen (38-23).
Juste derrière, les deux Stades, à Toulouse et Paris, ont laissé échapper un bonus offensif qui leur tendait les bras, face à Brive (24-7) et Pau (34-18).
La surprise du week-end est venue de la Rade de Toulon où le Racing est allé s’imposer vendredi soir alors que les champions d’Europe semblaient dominer leur sujet en première période (22-27). Il a suffit d’un essai francilien dans les arrêts de jeu pour que la seconde mi-temps les enflamme et éteigne du même coup les joueurs varois et Mayol.
Pour terminer ce petit tour des stades, c’est à Chaban-Delmas que Bordeaux s’est offert sa première victoire face à Castres (19-16), courte certes, mais précieuse pour bien démarrer le championnat.
Tous les résultats officiels du week-end >>
La semaine prochaine…
Le XV de France s’accorde une pause laissant la deuxième journée du TOP 14 seule sous les feux des projecteurs.
Ce n’est pas pour autant que les clubs récupéreront leurs internationaux, hormis les cinq maillons faibles… cela va de soi.
A suivre dès vendredi 28 août :
- Clermont – Grenoble, à 21h (C+ sport) : prendre seul les commandes.
Samedi 29 août, ensuite :
- Agen – Toulouse, à 14h45 (C+) : en remontant la Garonne.
- Oyonnax – Bordeaux, à 18h30 (r+) : mettre le feu à Mathon,
- Racing – La Rochelle, à 18h30 (r+) : garder le cap et le rythme,
- Pau – Montpellier, à 18h30 (r+) : hausser son niveau, et vite !
- Brive – Stade Français, à 20h45 (C+ Sport) : un gros combat en perspective.
Enfin, dimanche 23 août pour clore la journée :
- Castres – Toulon, à 17h (C+) : tout à prouver de part et d’autre.