Les brèves d'Ovalie - Edition n°257
Une effusion de cent... minutes !
VI NATIONS... 5ème journée France – Pays de Galles 20 – 18
Dure dure !
Pour faire durer, ça il a fait durer monsieur Barnes ! Et pas pour le plaisir du jeu mais bien pour l’agonie de nos Bleus qu’il a poussé à son paroxysme, en espérant une fin cruelle, le sadique… en vain !
Comme en coupe du monde 2007, et sur le même score, lors de ce quart de finale mémorable face aux All-Blacks à Cardiff.
Décidément, Wayne Barnes réussit à l’équipe de France, malgré lui.
Car on ne peut pas dire qu’il ait été impartial, au Stade de France, samedi, sans vouloir centrer cette brève sur l’arbitrage. Mais tout de même, il devient urgent de mettre les points sur les i avec les instances de World Rugby. Les arbitres britanniques n’aiment pas les Français et ils nous le démontrent à chaque fois, de manière un peu trop ostentatoire.
Comment ne pas être ulcéré par cette fin de match, en effusion de temps pour ne pas accorder un essai de pénalité criant. Monsieur Barnes a attendu vingt minutes une faute française qui n’est pas venue, accordant dans un bras hésitant l’essai évident que les Bleus sont allés chercher, plein de courage et de détermination, à leur risque et péril.
Parce que de péril il y en avait clairement un, tendu par des journalistes (à la botte de la fédération ?) depuis le début du tournoi, à coup d’analyses exclusivement négatives sur les performances du XV tricolore, cherchant à leur faire la peau, à saigner leur jeu, à prendre la patte de Novès au collet d'un échec de trop.
Les hommes et le staff de Guy Novès l’ont échappé belle !
Comme si dans l’oreillette de monsieur Barnes, c’était Bernard Laporte lui-même qui avait soufflé l’ordre de ne pas accorder cet essai de pénalité. Parce qu’il ne faut pas se leurrer, les instances du rugby français œuvrent en coulisse, à coup de médias et leur « 5ème place catastrophique annoncée » ou encore d’entraineur (d’un certain cru) soudain disponible sur le marché. Mais qui l’eut cru, les Bleus ont gagné et sont troisièmes !
Le rugby en France marche sur la tête, la fusion du public au Stade de France avec son équipe contrastait samedi avec la fusion d’intérêts particuliers à la tête des deux clubs de la capitale.
L’argent, la performance, les résultats, les titres, voilà ce qui prime aujourd’hui dans le rugby.
Le plaisir, le jeu, le spectacle, la convivialité, l’identité, le partage, tout cela semble bien secondaire pour la plupart des observateurs. Et pourtant depuis Guy Novès, en tribune, on commence à prendre du plaisir, à jouer, à s’enthousiasmer, à ressentir le jeu français, à exulter, comme sur cet essai de pénalité qui est arrivé samedi comme une délivrance. Pas seulement pour le résultat du match en lui-même, car il y a à redire, mais pour la page qui semble enfin se tourner.
Car oui, une nouvelle page de l’équipe de France est en train de s’écrire.
Ce tournoi en aura été le brouillon. Et je m’y connais en brouillon. C’est sale, c’est raturé, mais c’est riche d’enseignements et de matière à travailler. Y a plus qu’à réécrire, ou à recopier le « bon », comme ces vingt premières minutes face à ces Diables Rouges, et les vingt dernières face à ce diable de Barnes.
Comme contre les Irlandais, nos Bleus ont démarré parfaitement la rencontre avec des séquences offensives de toute beauté, jusqu’à cette 6ème minute où un petit coup de pied par dessus génial de Lopez atterrissait précisément dans les quatre bras de la paire de centres qui se disputaient la balle d’essai. Lamérat eut le dernier mot sans faire de faute.
Un premier signe encourageant. Et la France menait 10-0.
Et puis il y a eu cette expulsion pour dix minutes de Vakatawa pour un en-avant volontaire sur une défense salvatrice dans notre en-but. Première injustice de Monsieur Barnes quand on voit l’action à vitesse réelle, interprétable comme on veut au ralenti. Et aussi quand on sait qu’auparavant Davies n’avait pas été exclu pour la même action.
À 14 contre 15, les Bleus s’en sortaient pas trop mal, défendant parfaitement et explosant leur adversaire en mêlée fermée. Si seulement ils ne leur offraient pas des points aussi bêtement comme ce hors-jeu de Baille qui revenait en marchant devant le porteur de balle gallois.
Halfpenny passera tous ses coups de pied, de près comme de très loin. Monsieur Barnes lui offrant une troisième opportunité en mêlée juste avant la pause, histoire que le XV du Poireau reste dans son match (à monsieur Barnes).
Menant d’un petit point (10-9), les Bleus vont redémarrer tambour battant le second acte cumulant mauvais choix et petites erreurs comme on ne voudrait plus s’y habituer. Et pourtant, une pénalité sous les poteaux jouée à la main par Picamoles finissait en mêlée sur l’aile avec une pénalité renversée pour les Gallois. Rageant.
Des coups de pieds trop long ou trop court de la charnière rendaient trop de ballons qui revenaient en autant de munitions, jusqu’à ce petit coup de pied par dessus génial de Biggar (le berger répondant à la bergère) avec un faux rebond qui trompait la défense française mais fort heureusement ne se terminait qu’en simple pénalité pour Halfpenny. L’arrière toulonnais ne se privait pas pour donner l’avantage aux siens (10-12).
Et quand sur une mêlée dominée par nos avants, monsieur Barnes décidait qu’ils l’avaient volontairement tournée ( ?!), Halpenny ne s’est pas fait prier pour corser l’addition (10-15). Lopez réduisait alors le score sur un temps fort des Tricolores (13-15), mais le buteur gallois avait une nouvelle opportunité pour plaquage haut du pilier Atonio, tout juste entré (13-18).
Comme en fin de première période et comme contre les Irlandais, les Bleus cumulaient précipitation, maladresse et naïveté mais avec une défense de fer et une envie de bien faire, à l’image de Dulin, Gourdon, Picamoles et Nakaitaci, très actifs et toujours dans l’avancée, mais au dernier geste encore mal exécuté.
Et puis arriva l’effusion de la dernière minute, interminable, vingt minutes de grand n’importe quoi que Chouly conclura avec une explosion de joie simultanée de tout un groupe, tout un staff et tout un stade.
Le rugby français vient de trouver son équipe nationale, jeune, enthousiaste, un brin encore naïve et maladroite, mais avec un putain de courage et de cran, et une ossature (Dulin, Fofana-Lamérat, Serin/Dupont-Lopez, Picamoles-Gourdon, Vahaamahina, Guirado) très prometteuse.
Les Bleus finissent le tournoi à la troisième place, à hauteur de l’Irlande et des Écossais, respectivement deuxième et quatrième, quand les Gallois se retrouvent à l’avant dernière place, peu enviée. Est-ce pour autant qu’on parlera de crise au Pays de Galles ? Pas sûr.
Tout reste encore à bâtir, mais les fondations de Guy Novès sont là. Et je vois mal la fédération de Bernard Laporte changer son fusil d’épaule au risque de se tirer une balle dans le pied. Mais on ne s’étonne de rien aujourd’hui.
Les autres matches en bref...
Irlande – Angleterre 13 – 9
Fin de série !
Il est l’heure de se renouveler pour le XV de la Rose. Après avoir surfé sur la vague de Lancaster, Eddie Jones va devoir désormais relancer la machine anglaise dans une nouvelle ère.
L’Irlande, comme avec les All Blacks à Chicago cet été, a mis fin samedi à la série des 18 victoires consécutives des Anglais, dans un match arbitré par un Français (Monsieur Garcès) qui n’a rien fait pour rendre la victoire des Rosbifs possible. Hihi !
Le XV du Trèfle a pu dérouler son jeu et son savoir faire, sans être systématiquement pénalisé par un monsieur Barnes du dernier Galles-Irlande (je sais, quand j’ai quelqu’un dans le nez), inscrivant le seul essai du match par Henderson en première période.
Les Anglais n’ont pas existé, sans doute saisis par l’enjeu, ou pas aidés dans le cours du jeu, Farrell n’inscrivant que trois pénalités dans tout le match et la ligne de trois-quarts ayant été muselée par une défense celte imperméable.
Loin d’un grand match, la victoire irlandaise remet les Anglais à leur place, avec un trophée tout de même, mais sans la saveur d’un Grand Chelem, et privés du trophée des Trois Couronnes. Hihi !
Écosse – Italie 29 – 0
Bonus, fanni et cuiller de bois !
Rien n’y a fait pour cette Squadra Azzura. Ni le pied carré de Canna qui laissait 9 points en première période pour mettre les siens dans le match, ni l’infériorité numérique en deuxième qui voyait tous les temps forts italiens avortés par des mauvais choix et des fautes de mains.
Le match aurait pu être d’une toute autre facture si seulement cette équipe italienne avait fait preuve d’un minimum de lucidité et d’efficacité, notamment après tant d’efforts et d’application des avants sur leurs ballons portés.
Les Écossais, chez eux, n’en demandaient pas tant. Murrayfield jubilait gentiment quand Russel inscrivait le premier essai après trente minutes laborieuses de temps de jeu éprouvants qui venaient enfin à bout de la défense italienne. Dix minutes plus tard Scott doublait la mise et portait la marque à 15-0 pour le XV du Chardon à la pause, tout heureux de voir des Italiens maladroits.
Au retour des vestiaires, après un quart d’heure difficile, à défendre un temps à quatorze, les hommes de Cotter reprenaient les choses en main à l’heure de jeu, avec un coaching mieux armé que celui de son adversaire, talon d’Achille de cette Squadra Azzurra. Visser puis Seymour s’offraient chacun un nouvel essai pour le premier bonus offensif écossais dans ce tournoi qui leur permettait de bien finir dans ce tournoi, à la quatrième place derrière les Français.
Tandis que l’Italie, fanni, à l’image de sa compétition, décroche pour la septième fois de sa vie dans le VI nations la Cuiller de bois avec laquelle elle va devoir ramasser les débris de tout ce qui n’a pas marché dans le jeu insufflé par leur nouveau coach, Conor O'Shea.
1-Angleterre, 19 (+65) – 2-Irlande, 14 (+49) – 3-France, 14 (+17) – 4-Écosse, 14 (+4) – 4-Pays de Galles, 10 pts (+16) – 6-Italie, 0 (-151).
Du côté de nos Bleuets...
France – Pays de Galles 40 – 20
Une victoire d’argent !
À Montauban, vendredi soir, nos jeunes Coqs ont fini en beauté ce tournoi qu’ils avaient mal commencé. Une victoire bonifiée qui les place juste derrière les Anglais, auteur d’un Grand Chelem phénoménal après leur cinquième victoire en Irlande (10-14).
Un point de bonus offensif que nos Bleuets sont allés chercher avec les dents, du talent et du culot, après avoir été menés 13-0 d’entrée de jeu. Six essais, deux en première période (par la charnière Couilloud et N’Tamack), puis quatre en seconde (par Roumat, Uberti, Cros et Millet), qui soufflent la deuxième place aux Gallois, troisième avec comme les Français, deux défaites au compteur.
Les Italiens ferment la marche du tournoi des U20, comme leurs ainés, avec une sévère cuiller de bois.
Et de nos Bleues…
France – Pays de Galles 39 – 19
Un bonus et un podium !
Les filles n’ont pas eu la même peine que les gars pour venir à bout de modestes Galloises.
En moins de 80 minutes, elles ont même obtenu le bonus offensif grâce à quatre essais de Audrey Forlani, Caroline Ladagnous, Caroline Boujard et Jessy Tremouliere.
Les Bleues finissent à la troisième place derrière les Anglaises (championnes) et les Irlandaises, exactement comme chez les hommes. Quelle parité !
Et maintenant place à la préparation de la Coupe du monde, au mois d’août en Irlande.
En gros, la 21ème journée de TOP 14…
La Rochelle (1) – Brive (10) 36 – 17
Clermont (2) – Pau (5) 65 – 13
Grenoble (13) – Toulon (4) 23 – 23
Bayonne (14) – Bordeaux (8) 24 – 20
Toulouse (7) – Lyon (11) 42 – 26
Castres (6) – Stade Français (12) reporté
Montpellier (3) – Racing 92 (9) reporté
(entre parenthèses, le rang du nouveau classement après cette journée)
Le temps d’infuser et…
Tu avales ou tu jettes. Ils ont décidé de la jeter et c’est tant mieux.
La fusion entre le Racing et le Stade Français n’aura pas lieu !
Tout ça pour ça ! … Une semaine d’effervescence, de manifestations en Île de France, avec des cœurs brisés, deux matches « curieusement » reportés par la LNR et des espoirs de sauvetage envolés.
C’est dans ce contexte qu’a débuté cette 21ème journée fiction qui a fait trembler tout le monde du rugby français, et particulièrement dans deux coins de la France.
À Bayonne, on s’est démené pour battre des Bordelais, pourtant en manque de points. Quand à Grenoble, on n’a pas eu le temps de rêver puisque Lorenzetti et Savare avaient annoncé l’annulation de leur projet avant que les Toulonnais n’arrivent au Stade des Alpes. Les Isérois ont arraché néanmoins un nul qui les rapproche à 11 longueurs de Paris.
Et si le club parisien ne se relevait pas de ce coup de théâtre de leur président ? Grenoble peut y croire.
La veille, les deux leaders n’ont pas fait dans la dentelle, écrasant leurs adversaires avec bonus offensifs, quand Toulouse renouait avec une victoire qui lui échappait jusque-là, même à domicile.
Rien ne va plus, dans ce championnat, faussé, hasardeux, comme un casino.
Tous les résultats officiels du week-end >>
La semaine prochaine…
22… rev’là le TOP 14 !
Le championnat reprend son cours normal, après son psychodrame sur la fusion parisienne et ses doublons pendant le tournoi des VI nations.
Place à la 22ème journée, avec une nouvelle donne. Grenoble et Bayonne ne sont pas encore sauvés. Et le Stade Français, comme le Racing 92, pourraient ne pas se relever de cet épisode, sur le terrain comme au classement.
À suivre dès le samedi 25 mars avec :
- Racing 92 – Clermont, à 14h45 (C+ sport) : gravir la montagne.
- Pau – La Rochelle, à 18h30 (r+) : rêver de podium,
- Lyon – Bayonne, à 18h30 (r+) : pour un maintien assuré,
- Grenoble – Castres, à 18h30 (r+) : et si ça suffisait ?
- Bordeaux – Toulouse, à 20h45 (C+ sport) : à élimination directe.
Puis, dimanche 26 mars :
- Brive – Montpellier, à 17h (C+) : pour se mêler au peloton,
- Stade Français – Toulon, à 21h (C+) : dans quel état d’esprit ?