Les brèves d'Ovalie - Edition n°259
La parole n'est plus à la défense !
CHAMPIONS CUP... Quarts de finale Clermont – Toulon 29 – 9
Toulon accuse le coup…
Dimanche après-midi, dans la cour du Stade Marcel-Michelin, Clermont s’est mis dans la peau du procureur général pour mettre le triple champion d’Europe à la peine durant ce dernier quart de finale que chacun sur sa chaise aura pu juger d’un ennui « électrique ».
Une plaidoirie d’une heure pour arriver à prendre le contre-pied d’une défense redoutable, devant un parterre de 18000 jurés tout acquis à l’accusation du procureur clermontois.
Bafouillant son jeu, sous une pluie d’arguments qui lui glissaient entre les mains, le XV jaune et bleu a eu du mal à se faire entendre et comprendre, si bien qu’il a dû s’efforcer de se répéter, sans vraiment convaincre, dans une diction brouillonne, lui si éloquent d’habitude sur de longues séquences, avec souvent le dernier mot.
Mais la défense adverse semblait l’avoir perturbé outre mesure, tout juste capable de passer des points de pénalités sans parvenir à faire la différence, Halfpenny répondant en rime, pied pour pied, à Parra.
9 partout, balle au centre, le juge Barnes restait perplexe quand l’accusé varois accusait le coup d’avoir fait tant d’efforts à défendre, défendre, défendre.
Dans les tribunes, on avait sa propre idée du coupable, depuis quatre ans que l’ennemi juré était traqué pour vols à main armée et assassinats en bande organisée.
Et puis soudain, l’articulation parvenait enfin à trouver un écho dans l’enceinte auvergnate. Une verve de pick and go, lancée par Lamérat, relayée par ses avants pour contrer enfin cette défense, avec un argument de poids que Lopez passera sur son aile à l’insaisissable Nakaitaci pour l’essai de la gloire, transformé par Parra.
Il ne restait plus qu’à l’accusation d’insister là où ça fait mal, dans le box des 22, en multipliant les séquences d’arguments incisifs et claquer à la figure de la défense un drop majestueux pour clore les débats.
Quant au dernier mot, il reviendra à la jeunesse clermontoise, révélation de cette saison, relève des prochaines. Dans les dernières secondes, Penaud bénéficiait d’une offrande d’Abendanon pour filer dans l’en-but adverse après une course de 80 mètres et inscrire le deuxième essai pour une victoire plus éloquente encore.
Le juge délibérera sur la transformation de Parra. Toulon sera jugé coupable de défaite et d'élimination en coupe d’Europe. Il sera condamné à suivre les demi-finales depuis sa cellule, avec obligation d'exécuter des travaux forcés en TOP 14 pour espérer rejouer en Champions Cup à l’automne prochain.
Quant à Clermont, victime de son bourreau depuis quatre ans, c'est une délivrance. Il va pouvoir désormais jouir de sa demi-finale, le 23 avril prochain au stade de Gerland, contre un adversaire redoutable qui pourrait bien lui faire un procès de mauvaise intention devant son propre public.
Les autres matches en bref...
Munster – Toulouse 41 – 16
Une illusion de courte durée
Toulouse n’a pas vraiment pesé dans ce quart de finale. Très vite pénalisé par un carton jaune pour une faute de Cros, la machine irlandaise en a aussitôt profité pour inscrire le premier essai et laisser les visiteurs à dix longueurs derrière durant presque toute la première mi-temps.
Par à-coups, les Toulousains ont donné l’impression de rivaliser, mais cela n’a jamais beaucoup payé sur leurs rares temps forts, tout juste de quoi revenir à quatre points à la pause.
En seconde période, les Irlandais ont repris le dessus par un second essai inscrit par Stander, consécutif à un classique ballon porté. Les Haut-Garonnais ont eu un sursaut juste avant l’heure de jeu quand Perez concluait une belle séquence offensive des siens. De quoi revenir à huit longueurs et espérer.
Une illusion de courte durée, car dix minutes plus tard, les Toulousains allaient sombrer sous la pression irlandaise et encaisser deux essais en fin de match, pour un score sévère, mais une victoire logique. Ils n’ont jamais vraiment fait le poids dans ce match.
Une fin de saison inquiétante pour le Stade Toulousain, déjà très mal embarqué pour se qualifier en phase finale du TOP 14.
Leinster – London Wasps 32 – 17
Le XV du Trèfe en force
Les Dublinois seront les prochains adversaires de Clermont en demi-finale. Une connaissance pour les Jaunards, deux fois défaits en phase finale par le passé, face à ces Irlandais, dont une fois à Bordeaux en 2012.
Les Irlandais n’ont jamais douté de leurs forces face aux Anglais, menés par leur maître à jouer, Sexton. Deux essais par mi-temps et un jeu au pied d’occupation ont suffi pour gérer un match dans leur antre de l’Aviva Stadium. Les Guêpes londoniennes ont réagi trop tard (avec deux essais) pour espérer renverser la tendance. Le Leinster était bien trop fort.
L’Irlande est la nation la plus représentée en demie avec quasi toute l’équipe nationale avec ses deux clubs majeurs. En demie, cela fera un beau France - Irlande à Gerland.
Saracens – Glasgow 38 – 13
Sans surprise
Les Sarries ont doucement mais sûrement décroché leur place en demi-finale, en disposant des Écossais, d’abord par le pied de Farrell, histoire de s’installer dans la partie, et ensuite par un essai d’Ashton, juste avant la pause.
En seconde période, les Glaswégiens recollaient de suite au score par un essai de Jones, avant de lâcher prise à l’heure de jeu devant la supériorité de la ligne de trois-quarts anglaise. Bosh, Barritt puis une nouvelle fois Ashton entérinaient une victoire logique du tenant du titre, de nouveau le grand favori de cette compétition.
Les affiches des demies :
Clermont v Leinster à Gerland, Lyon
Munster v Saracens à l’Aviva Stadium, Dublin
Résultats de la Challenge Cup et affiches des demies:
Ospreys – Stade Français (21-25) v Bath – Brive (34-20)
Édimbourg – La Rochelle (22-32) v Gloucester – Cardiff (46-26)
Première demi-finale européenne pour les Maritimes !
Dans un stade de Murrayfield quasi vide, les Rochelais ont époustouflé de leur classe la première période de ce quart de finale contre Édimbourg, avec un Gourdon en feu, un Rétière explosif et un Broke James étincelant, pour un feu d’artifices d’essais à la pause. Le second acte aura montré leur résilience à subir et encaisser sans jamais sombrer, et surtout à finir en beauté avec une gestion parfaite des temps faibles. Chapeau l’artiste !
La Rochelle a décidément tout d’un grand, même hors de France.
Ils sont incroyables ces Parisiens !
À peine vendus à leur voisin sans leur avis, les voilà qui se rebellent et reprennent Jean-Bouin avant de se rendre au Millennium de Cardiff chez les Ospreys de maître Biggar, reboostés comme des gamins qui n’ont désormais plus peur de rien.
Et les Gallois ont vite été surpris par le culot de cette équipe qu’on disait au fond du trou, au bord du dépôt de bilan et qui a marqué la première avec un essai de Zhvania au bout de trente minutes. Menant à la pause, Paris n’aura pas froid aux yeux pour renforcer son avance chaque fois que les locaux marqueront, Lakafia puis Arias, répondant respectivement à Matavesi et Ardron, pour tenir une incroyable victoire, même en infériorité pendant la dernière demi-heure.
Paris est vraiment magique quand il joue là où personne ne l’attend.
Pas de miracle pour les Coujoux
La domination territoriale anglaise a été totale, Bath n’a pas eu à s’employer de trop pour marquer 5 essais et venir à bout des Brivistes qui n’avaient pas envie de laisser toutes leurs forces dans une bataille inégale. Seul le troisième ligne international Sanconnie a fait impression en sauvant l’honneur par un joli doublé.
Brive pourrait ne plus rien avoir à jouer dans les mois à venir, une fois sûr de son maintien.
La semaine prochaine…
En avril, ne perd pas le fil !
A quatre journées du dénouement de la phase régulière de notre TOP 14, ce n’est pas le moment de sortir en slip et en tongs sur les terrains. C’est le coup de froid et une crève assurés !
Si les Rochelais sont les premiers qualifiés, avec un pied en demi-finale, derrière, ça bataille dur. Pour les trois dernières places notamment avec cinq prétendants dont Bordeaux et le Racing prêts à s’incruster au premier faux pas de Pau, Castres ou Toulon. Pour Clermont et Montpellier, la marge est encore confortable.
En ce qui concerne le maintien, la messe est quasiment dite. Bayonne et Grenoble pourraient être en PRO D2 dès ce week-end… et Paris, Lyon, Brive et Toulouse, en roue libre, voire en miraculés pour un petit barrage. Avec Paris, on peut rêver !
À suivre cette 23ème journée, dès le samedi 8 avril avec :
- La Rochelle – Bordeaux, à 14h45 (C+ sport) : un coup de pouce du voisin ?
- Bayonne – Stade Français, à 18h30 (r+) : à quoi bon s’accrocher ?
- Castres – Lyon, à 18h30 (r+) : se donner de l’air,
- Montpellier – Grenoble, à 18h30 (r+) : pour un pied en phase finale,
- Clermont – Brive, à 20h45 (C+) : pour un pied en demie.
Puis, dimanche 9 avril :
- Racing 92 – Pau, à 12h30 (C+) : et si on échangeait nos places ?
- Toulon – Toulouse, à 17 (C+) : Qui va sombrer ?