Les brèves d'Ovalie - Edition n°387
Chaban-Delmas, mon amour !
TOP 14... 15ème journée Bordeaux – Lyon 37 – 19
Urios, dieu de l’amour du jeu bien fait
À vivre une belle histoire d’amour avec son public, sans jamais faillir dans son lit conjugal, avec des victoires éclatantes au bout de 80 minutes d’ébats euphoriques, Chaban-Delmas tient le haut de l’affiche, aux côtés de deux autres dieux des stades que sont Marcel-Deflandre et Matmut-Gerland.
À ne pas confondre avec Ernest-Wallon et Gégel-Altrad qui, s’ils n’ont jamais vraiment connu la défaite cette saison, ils ont concédé au moins un match nul, un holà mal vécu en tribunes.
Et samedi après-midi, en ouverture de la quinzième journée du TOP 14, après ceinture durant trois semaines qui laissait craindre une baise de régime, Chaban et son public ont exulté une fois de plus, en dominant le leader lyonnais, avec classe et panache, un bouquet d’essais magnifiques en premières mains et en bonus, un orgasme offensif, certainement pas simulé.
Bonne Saint Valentin !
Seulement, à Bordeaux, on n'a pas attendu ce jour pour déclarer son amour au jeu débridé. Urios se charge de maintenir leus cœurs à l'ouvrage chaque semaine. La preuve, ce titre de champion d’automne récompensant dix victoires sur treize matches, et avec la manière.
Pourtant, Chaban avait bien coché ce jour et réservé une surprise à sa belle en tribunes, après six semaines d’abstinence et une large cabriole face à Bayonne.
Vêtu d’un XV de départ élégant, même dans un costume privé de la pièce maîtresse Jalibert, il avait fière allure sur le pré. Les premières minutes furent empreintes d’une timidité très fleur bleue, à faire gerber Couilloud (sorti prématurément), rapidement chassée par un pied osé (sous la table) de Botica qui marquait les trois premiers points.
Mais, maladroit, ce Bordeaux-là se mit à bafouiller son jeu sur la défensive quand celui-ci ne demandait qu’à se laisser prendre et s’emballer. Une penaltouche lyonnaise et un ballon porté suivant gâchaient le moment intime des retrouvailles, pour le premier essai opportun des visiteurs, par Ivaldi, transformé par Wisniewski.
« Détends-toi » semblaient lui dire des milliers d’yeux en tribunes.
Et pourtant, le pilier gauche Paiva dût sortir, blessé à la cheville, comme Radradra, dix minutes, après un carton jaune. Rien n’allait à Chaban. En tribune, on était tendu, comme si l’amour n’arrivait pas à se faire entendre.
« Je ne t’intéresse plus ? Tu as quelqu’un d’autre, c'est ça ? C’est cette Coupe d’Europe ! »
Ngatai rajoutait même trois points, de plus de cinquante mètres, histoire de faire avaler de travers, au public, l’entrée de ce menu qui se voulait gourmand.
Et puis Radradra fit son retour, avec une belle fleur dans les mains, histoire de se faire pardonner. Une passe de Botica sur un pas de danse en sortie de ruck et le trois-quarts centre tournoya dans l’en-but de toute sa puissance pour l’essai de l’égalisation.
La seconde période laissait place au seul désir de jouer.
Si le gingembre n’est plus reconnu comme aphrodisiaque, à Bordeaux, ils ont Semi Radradra pour rendre hystérique toute une tribune et la pousser à hurler son plaisir sans retenue. Dès la première bouchée du second acte, Buros remonta un ballon pour l’offrir au facteur X de son équipe qui s’enfonça dans une défense aux aboies, arrachant tous les rideaux et concluant vigoureusement la première action bordelaise.
Il faudra du temps aux locaux pour se remettre de tant d’émotions, hou ! Wisniewki puis Ngatai remontèrent le score petit à petit, d’une pénalité à l’autre, quand Lucu, tout juste entré, tenait péniblement à distance les intrus.
20-19 seulement, à dix minutes du terme d’une déclaration de flammette devant un public dont le désir de victoire était à son comble.
« Pitié, ne me laisse pas comme ça ! »
C’était clair, il fallait finir le travail, avec le bonus offensif. Et Chaban n'allait pas se défiler.
Au culot, Cordero sortait son talent, déshabillant la défense lyonnaise d’une passe au cordeau pour Tamanivalu qui, sur une course radradrasiaque concluait en coin. Jouissif, certes, mais cela ne pouvait pas combler un public aussi excité devant ce Chalban-là… irrésistible !
Alors Cordero s’exécuta à nouveau, comme un finisseur hors-pair, passant toute la défense adverse pour se laisser glisser jusque dans l’en-but, dans un dernier essai orgasmique qui ne trouvera pas équivalent ce jour dans les autres stades.
« Oh ! Chaban, mon amour, qu’est-ce tu m’as encore fait ? »
Rien d’autre que d'assumer son statut de bourreau d'écœurement et retrouver sa place au sommet d’un championnat à ses pieds avant que le XV d’Urios ne déclare sa flamme, au printemps, au Stade de France à un certain Brennus.
Les autres matches en bref...
Racing 92 (3) – Toulouse (8) 30 – 27
Au bout du suspense
Les Racingmen ont semblé regarder les Champions de France faire le jeu pour leur répondre à chaque fois, à l'arrachée, et à chaque fin de mi-temps.
En première période, les locaux égalisent sur le gong (17-17) pour deux essais de part et d'autre (Akhi et Tauzin pour le ST, Sanconnie et Laborde pour le Racing). En seconde, c'est Klemenckzak qui répond, après la sirène, à l'essai de Guitoune, mais cette fois, pour l'essai de la gagne, puisque le duo de buteurs local a passé une pénalité de plus que celui visiteur, Bézy-Kolbe, l'arrière toulousain champion du monde ayant évolué tout le match à l'ouverture, en l'abence de N'Tamack, Holmes et Ramos.
Incroyable scénario de course-poursuite qui a laissé le public francilien dans le doute pendant plus de 80 minutes.
Le Racing monte sur le podium quand Toulouse reste au pied du TOP 6.
Toulon (4) – Brive (9) 34 – 17
Des Coujoux dans les roues
Samedi, à Mayol, personne ne semblait avoir la tête à la reconnaissance envers son emblématique président dont l’égo ne semble avoir d’égal que l’indifférence de son successeur, Bernard Lemaître.
Pourtant, les trois étoiles, arborées au cœur de la tunique varoise, ont été cousues au fil de la démesure d’un homme dont aucun rêve ne semblait trop loin pour être décroché, et mieux vaut trois fois qu’une, dans ces années glorieuses (2013 à 2015), pour trois sacres européens et un Brennus en bonus.
Alors, moi je vous le dis, Monsieur Boudjellal : « Respect et bravo ! Le RCT vous doit beaucoup. »
Sur le terrain, l’armada varoise avait tout pour exploser cette équipe briviste, combattante mais limitée. Un doublé de Ikpefan, au bout de vingt minutes, laissait présager le pire. Et pourtant, les Coujoux allaient revenir, presque trop facilement, par un coup de Tournebize derrière un lancement en touche.
17-10 seulement à la pause, les Toulonnais revenaient en force des vestiaires avec un essai de pénalité sur un ballon porté monstrueux emmené par Parisse. Mais encore une fois, les visiteurs tenaient bon et profitaient d’une faiblesse de Carbonel dont le coup de pied devant sa ligne se faisait bêtement contrer pour le deuxième essai corrézien. Il faudra toute la hargne du champion du monde Etzebeth pour à nouveau creuser l’écart, cinq minutes plus tard, mais sans la capacité d’inscrire l’essai du bonus dans le dernier quart d’heure.
Toulon a laissé un point en bord de route… avec son ancien président.
Stade Français (12) – La Rochelle (5) 21 – 20
Sanchez d’un cheveu
Samedi soir, à Jean Bouin, il y avait un match dans le match, entre le retour de l’enfant prodige, Plisson, et son successeur, Sanchez. Ce dernier aura eu le dernier mot dans une rencontre pourtant dominée par les Maritimes, et notamment grâce à leur ouvreur.
Mais voilà, une moins bonne réussite au pied (deux transformations manquées), un carton jaune en fin de match préjudiciable, et Plisson offrait la dernière munition à son rival pour l’essai de la gagne, dans la dernière minute.
Menés 13-8 à la pause, après un essai partout (Arrate puis Liebenberg), les Rochelais avaient fait la différence en seconde période, par Bourgarit, puis Bosch, avant le coup de grâce de Sanchez.
Paris sort enfin de la zone relégable quand La Rochelle reste en sécurité dans le carré VIP.
Pau (13) – Clermont (6) 20 – 23
Improbable retour de flamme jaunâtre
Tous les internationaux clermontois (ou presque) qui n’étaient pas de la danse du VI nations étaient là. Fofana, Raka, Cancoriet, Iturria, Vahaamahina, Falgoux et Slimani, dans le XV de départ, Parra et Lopez, sur le banc.
Mais rien n’y a fait en première mi-temps, le blues des oubliés en Bleu s’est fait ressentir d’entrée, ave l’essai palois de Votu. Et puis, tout n’a été que course derrière le score, comme on en a pris l’habitude depuis le début de saison, Laidlaw punissant l’indiscipline locale pour un 10-6 heureux à la pause.
Et puis Parra est entré, dès le retour des vestiaires, tel un chef de meute vexé de jouer les seconds couteaux, un peu comme Serin en équipe de France. Iturria déchirait le rideau palois pour le premier essai auvergnat, enfin !
13-10 pour les visiteurs, tout semblait revenu dans l’ordre des choses quand la mêlée fermée sans Slimani se faisait sanctionner. 13 partout, à dix minutes du terme et, à nouveau, un trou d’air dans le camp clermontois offrait le deuxième essai aux locaux, par Le Bail.
Parra ramenait les siens dans le bonus défensif avant que l’improbable percée du pilier remplaçant Uhilia, tel un trois-quarts centre, mettait Raka en orbite pour l’essai de la victoire des Jaunards.
Incroyable coup dur pour la Section qui devra se contenter du bonus défensif quand l’ASM, elle, lui rendait la monnaie de sa pièce après le scénario inverse du match aller.
Montpellier (7) – Bayonne (11) 31 – 29
Le MHR pris aux basques
Les Bayonnais n’ont rien lâché pendant 80 minutes, promettant l’enfer à leur hôte, marquant dès que les occasions se présentaient, avec culot et brio aussi, pour quatre essais (Collet, Duhau, Delonca et Muscarditz) qui ont répondu, à chaque fois, à ceux des Montpelliérains (triplé de Nadolo et Reilhac).
C’était le monde à l’envers à l’Altrad Stadium. Les couleurs des maillots étaient inversés (bleu ciel pour le MHR et bleu foncé pour l’Aviron), comme les tactiques de jeu, les Basques multipliant les ballons portés et les Héraultais les courses balles en main.
Menant 31-15, à l’heure de jeu, les locaux n’ont jamais réussi à tuer le match. Pire, ils ont douté jusqu’au bout, dans un dernier quart d’heure à suspense, avec seulement deux longueurs d’avance.
Bayonne repart avec un point précieux qui les maintient hors de la zone rouge.
Agen (14) – Castres (10) 24 – 43
A l’usure
Les Agenais sont partis de trop loin pour espérer l’emporter chez eux, face à des Castrais qui les ont plombés en fin de chaque mi-temps, avec deux essais coup sur coup.
Les locaux sont bien revenus à huit longueurs, en seconde période, grâce à la bonne entrée de la charnière suppléante (Verdu-Berdeu) mais, usés et fautifs (essai de pénalité fatal, plus carton jaune), la fin de match les tuera définitivement.
Un gros coup réussi par les Tarnais, qui plus est avec le bonus offensif, de quoi sortir la tête haute dans cette course au maintien qui n’a pas dit son dernier mot entre les six derniers protagonistes.
(entre parenthèses, le rang du nouveau classement après cette journée)
Tous les résultats officiels du week-end >>
La semaine prochaine…
Premier vrai doublon !
Le tournoi des VI nations revient en doublure de la 16ème journée de TOP 14.
Avec des enjeux cruciaux, pour nos Bleus, d’abord, à Cardiff, puis pour les Irlandais, à Twickenham, tous deux, sur la même route d’un grand Chelem, avant de se rencontrer pour la dernière journée au Stade de France. On en rêve !
Mais Gallois, comme Anglais, n’ont pas dit leur dernier mot pour remporter le tournoi.
En France, le championnat poursuivra ses luttes intestines, à la fois pour accéder au TOP 6 ou pour rester dans l’élite.
Préparez l’apéro, dès vendredi soir, pour qu’il dure jusqu’à l’heure du dîner dimanche.
Au programme* à partir de vendredi 21 février :
- Pays de Galles – France U20, à 20h35
Puis samedi 22 février :
- Italie – Écosse, à 15h15
- Pays de Galles – France, à 17h45
Enfin, dimanche 23 février :
- Pays de Galles– France féminines, à 13h
- Angleterre – Irlande, à 16h
(*) Tous les matches sont retransmis par France TV
Côté TOP 14, au programme* le samedi 22 février :
La Rochelle – Toulon, à 15h30
Bayonne – Stade Français, à 20h30
Brive – Agen, à 20h30
Castres – Pau, à 20h30
Clermont – Bordeaux, à 20h45
Puis dimanche 23 février :
Lyon – Racing 92, à 12h30
Toulouse – Montpellier, à 16h50
(*) Tous les matches sont retransmis par les chaînes de Canal+