Les brèves d'Ovalie - Edition n°417
Sur la route d'un Grand Chelem
VI NATIONS... 1ère journée Italie – France 10 – 50
Comme en 77 !
Si, d’après le dicton, toutes les routes mènent à Rome alors, d’après les experts et ce que l’on a pu voir ce week-end, toutes les joutes devraient mener la France au Grand Chelem.
Non seulement les Bleus ont pulvérisé les Italiens chez eux à Rome, comme on pouvait s’y attendre, mais en plus, les Anglais se sont royalement chié dessus dans leur cuvette de Twickenham, le XV du Chardon tirant la chasse derrière une victoire historique, depuis 38 ans qu’il l'attendait.
On se souviendra de cette 150ème Calcutta Cup (trophée entre Anglais et Ecossais)
Mais avant, revenons sur cette correction infligée à la Squadra Azzurra, en ouverture du tournoi, par un XV Tricolore qui continue de marcher sur l’eau depuis que Galthié l’a débarqué de la galère du rugby d’évangile selon Saint-André et autres apôtres de l’ancien monde.
Ah ! l’ancien monde, celui des années 70, du rugby obscur qui cherchait la lumière, commenté par Pierre Albaledejo et Roger Couderc, celui où le stade de Colombes cédait la place au Parc des Princes, celui des princes de Galles qui dominaient le tournoi avant que des princes du XV de France, dont faisait partie le regretté Jean-Pierre Bastiat, nous offrent notre deuxième Grand Chelem, en 1977 (après la révolte de 68).
Le troisième ligne de Dax s’en est allé, cette semaine, à 71 ans, regardant de là-haut, désormais, nos « Petits », comme dirait Roger, se lancer dans la quête d’un sacre total qui leur échappe depuis onze ans maintenant.
Parce qu’ils vont le faire, ces Bleus-là, parce que le French-Flair est de retour !
Les Italiens ont pris cher dans leur stade de l'Olimpico, à Rome. Et pourtant, l’enthousiasme, les séquences offensives, la grinta étaient là, dans le jeu des Transalpins, insufflé par une charnière plus que prometteuse et qui devrait intéresser bien des clubs en TOP 14, à l’instar de l’Argentin Sanchez qui a amené l'exploit contre les All Black.
Garbisi et Varney ont impressionné offensivement, alternant jeu au pied et attaques dans les espaces, surprenant la défense française, comme ces vingt phases de jeu qui n’ont abouti qu’à trois malheureux points à la vingtième minute.
Mais ne nous baignons pas d’illusions, le XV italien c’est surtout très faible défensivement et en conquête, ce qui a permis à nos véloces trois-quarts de se (et nous) régaler.
Dès la 6ème minute, un premier essai de Cretin après plusieurs séquences de jeu au près, démontrait la faiblesse du mur des Azzurri.
Il faudra attendre vingt bonnes minutes et se défaire des phases offensives des locaux, pour voir enfin Fickou inscrire le deuxième essai sur un somptueux coup de patte de Dupont par-dessus la défense.
Cinq minutes plus tard, Dupont tapait à suivre pour Villière qui retrouvait le demi de mêlée toulousain, déjà au soutien et qui servait Vincent pour la troisième banderille tricolore.
24-3, à la pause. De retour sur le pré, les Bleus ont fait preuve de maîtrise et de brio avec le duo Dulin-Villière qui s’offrait d’entrée un une-deux d’école, conclu par l’arrière Rochelais.
Et puis, ce fut l'instant festival de Thomas, qui n’est jamais aussi bon que quand il n’a rien d’autre à faire que déplier ses cannes et percer la défense adverse, inscrivant un doublé après avoir d’abord offert le cinquième essai à l’incontournable Dupont, le Droopy du dessin animé de chaque action :
« You know what… je crois que je vais être encore l’homme du match ! »
Entre temps, Sperandio sauvait néanmoins l’honneur des siens, grâce à un parfait coup de pied par-dessus pour lui-même, avant de s'allonger dans l'en-but. Une récompense amplement méritée tant les Italiens se sont déployés pour jouer, se voyant même refuser un magnifique essai en première période, justement pour un en-avant.
Mais les Bleus étaient bien trop forts pour eux. Et si cette envolée au score promet d’aller loin dans la quête du graal, la retombée pourrait être rapide et douloureuse, dimanche prochain, dans l’antre de Dublin.
Mais j’ai l’intuition de croire que l’Aviva Stadium résonnera comme le Lansdowne Road de 77.
Les autres matches en bref…
Angleterre – Écosse 6 – 11
Une épine de Chardon dans le pied de la Rose
Quel pied ! Je ne vous le fais pas dire, cette défaite des Rosbifs, chez eux, à Twickenham, pour cette 150è confrontation de la Calculta Cup qui oppose Anglais et Écossais depuis deux siècles.
J’adore ces Scottish qui travaillent pour nous dans l’ombre, tel ce pacte entre nos deux pays, vieux de huit siècles, The Auld Alliance, qui consistait à attaquer les Anglais s’ils osaient envahir l’un de nos territoires.
Et les British nous avaient volé la finale à Twickenham dans le dernier tournoi d’automne. Nous voilà vengé par nos amis calédoniens, une petite claque qui fait du bien, avant la seconde, dans un mois, pour la même jouissance, de nos Bleus, on n’en doute pas.
Le Grand Chelem ne sera pas anglais cette année et cela suffit déjà à crier victoire pour nous et ces Calédoniens valeureux qui ont surpris les tenants du titre, trop engoncés dans leur fauteuil d’orgueil.
Incapables d’accélérer, de tenir le ballon et de franchir la défense adverse, les Anglais ont autant surpris que les Écossais ont su saisir leur chance, grâce à un Stuart Hogg Dupontesque qui a porté à lui seul le jeu de son équipe. On passera la prestation fantomatique de Russel qui a passé son temps à défaire les actions de son arrière étincelant.
Un seul essai, de Van der Merwe à la demi-heure de jeu, aura suffi au bonheur du XV du Chardon, depuis 38 ans qu’il attendait ça. Déjà, il y a deux ans, le match nul (38-38) avait été un épique avertissement.
Pays de Galles – Irlande 21 – 16
La débandade irlandaise
Quand rien ne va ! Le XV du Trèfle a bouffé jusqu'à sa quatrième feuille d’un match à sa portée, quand dans le money-time, le remplaçant de Sexton, Burns, manquait complètement la penaltouche de la gagne.
Ça avait déjà très mal commencé avec le carton rouge pour O’Mahony au bout d’un quart d’heure, largement mérité, tant le flanker celte a carrément flanqué son coude dans la gueule d’un Gallois en sautant dans un ruck. Une manie inadmissible !
Le reste de la rencontre n’a été que maladresses, en dehors de quelques éclats et du premier essai de Beirne juste avant la pause. Mais le maître à jouer irlandais n’était pas là, pire, il évitait les contacts et pour cause ! Sexton appréhendait ce qui arriva en seconde période, un coup de genou dans la tête qui l’enverra au vestiaire direct. Cela ressemble à une triste fin de carrière.
Mais pour revenir au match, les Gallois se sont refait le poireau au retour des vestiaires en inscrivant deux essais (North et Rees-Zammit) et en reprenant le score, sans vraiment convaincre.
Pourtant, la fin de rencontre était à l’avantage des visiteurs, incapables de passer la défense locale. Pire, gâchant sa dernière munition, offerte par des Gallois incapables de garder un ballon quelques secondes.
Bref, autant d’espoir pour nos Bleus lors des prochaines journées, à commencer par le déplacement à Dublin.
Classt : 1-France, 5 pts (+40) – 2-Écosse, Pays de Galles, 4 (+5)– 4-Irlande, Angleterre, 1 (-5)– 6-Italie, 0 (-40)
NB : Les tournois des Féminines et U20 ont été décalés respectivement au printemps et à cet été.
Les matches en retard du TOP 14 en bref…
Clermont (4) – Lyon (7) 26 – 18 9è journée
Raka facteur XXL
Quel ennui ce match de rentre-dedans sans phase offensive d’envergure, de part et d’autre. Les Lyonnais se sont contentés de bien défendre, de presser haut et de prendre les points au pied de Wisniewski quand les Clermontois semblaient perdus dans leur jeu au large qui coulaient à pick-and-go, noyé dans les fautes.
Bref, il aura fallu deux fulgurances, une par mi-temps, pour voir deux essais. La première par Nanai-Williams qui a offert un caviar à Naqalevu et la seconde, décisive, par Raka, monumental ! qui a mystifié, à lui seul, la défense rhodanienne pour lancer Barraque dans l’en-but. Car ce match était encore à deux doigts d’échapper aux Jaunards dans leur antre du Michelin.
Le Lou perd le point du bonus défensif en fin de match, à cause de la réussite de Parra, dans un bon jour, quand Clermont se hisse à la quatrième place, avec un match d’avance sur Toulon qui compte bien la lui reprendre à la prochaine journée de rattrapage.
Montpellier (12) – Stade Français (8) 31 – 6 8è journée
Enfin !
Merci Martin ! Le jeune ailier montpelliérain aura ouvert la voie du succès à son équipe maudite, en inscrivant un essai d’entrée de jeu et, surtout, en allant chercher le bonus offensif dans les dernières minutes, mettant fin à une mauvaise série noire.
Pour autant, en face, les Parisiens ne semblaient pas au meilleur de leur forme et au plus fort de leur implication dans cette rencontre, se contenant de deux pénalités en première période et rien en seconde.
La charnière Reinach-Paillaugue, deux demis de mêlée de formation, aura été convaincante, le premier inscrivant un essai, le second passant tous les points au pied.
Le MHR sort enfin de la zone rouge, mais pour combien de temps ?
Racing 92 (3) – La Rochelle (2) 26 – 22 14è journée
L’Arena a tremblé
Si les Racingmen ont bien géré les cinquante premières minutes, en prenant le score d’entrée 10-0, après l’essai de Baubigny, puis en enfonçant le clou au retour des vestiaires, par Bird pour mener 23-5 à la pause, les Maritimes ont fait le jeu et le spectacle la dernière demi-heure, passant trois essais (Boudehent, Kerr-Barlow et Alonso) en plus de celui de Vito en première période.
Bref, les Franciliens ont eu chaud, car West n’a pas été en réussite au pied, et l’arbitrage vidéo a même privé les Rochelais d’une victoire bonifiée dans leur salle de spectacle.
Une bonne affaire pour le Racing qui se hisse à hauteur de son adversaire, toujours à la 2è place du classement.
Castres (10) – Bayonne (13) 31 – 21 12è journée
Sur la bonne voie
Menés 17-0 puis 24-7 à la pause, grâce à trois essais de Barlot, Nakosi et Vaipulu, les Basques sont revenus plus forts en seconde période, le carton rouge infligé à Vaipulu les aidant un peu, avec deux essais (Luamanu et Ravouvou) venant s'ajouter au premier de Ducat.
Pour autant, les Castrais n'ont pas lâché leur avance et ont tenu leurs adveraires à bonne distance, grâce à un quatrième essai de Pieterse en fin de match.
Une victoire non bonifiée mais essentielle pour le CO qui s'éloigne du peloton du maintien.
(entre parenthèses, le rang du nouveau classement après ce week-end)
Tous les résultats officiels du week-end >>
La semaine prochaine…
L’heure de vérité à Dublin…
Premier déplacement périlleux pour nos Bleus qui pourraient profiter que l’Aviva Stadium sonne creux pour s’imposer en Irlande. Mais il va falloir être solides et inventifs !
Au programme*, le samedi 13 février :
Angleterre – Italie, à 15h15
Écosse – Pays de Galles, à 17h45
Enfin, dimanche 14 février :
Irlande – France, à 16h
(*) Tous les matches sont retransmis par les chaînes de France TV
Le TOP 14 présentera en parallèle, sa 16ème journée, comme prévu :
Au programme*, dès vendredi 12 février :
Toulouse – Pau, à 20h45
Puis samedi 13 février :
Bordeaux – Stade Français, à 14h45
Agen – Clermont, à 17h45 reporté au 27 février, cause Covid à Clermont
Castres – Montpellier, à 17h45
Racing 92 – Lyon, à 17h45
Toulon – La Rochelle, à 21h05
Et enfin, dimanche 14 février :
Bayonne – Brive, à 19h05
(*) Tous les matches sont retransmis par les chaînes de Canal+
Du côté du TOP 16 féminin
La dernière journée aura lieu le 21 février et permettra d’offrir les deux dernières places pour les phases finales à Lons ou Lille dans la poule 1 et à Bordeaux ou Bobigny dans la poule 4.
Car sont déjà qualifiées depuis belle lurette dans cette pseudo phase régulière : Montpellier, Toulouse, Rennes, Blagnac, Bayonne et ASM Romagnat, bien au-dessus du lot.
Retrouvez résultats et calendrier sur : >> site FFR : competitions-elite-1-feminine