Les brèves d'Ovalie - Edition n°451
Matthieu, Romain, Antoine... et les autres
Tournée d'automne... Test-match (1) France – Argentine 29 – 20
« La grande marrade »
Adapter un livre noir pour en faire un film qui finit bien, il n’y a pas que Claude Sautet que cela inspire. Il faut croire que Fabien Galthié a voulu aussi adapter « la grande marrade » de son prédécesseur, Jacques Brunel (attention à ne pas confondre avec Buñuel, un autre original) pour réaliser une première victoire dans sa tournée d’automne, non sans y parsemer de la douleur.
On retrouve, comme dans l’épopée funeste originale, une bande de copains qui n’a pas beaucoup de temps de jeu ensemble, si ce n’est à Toulouse pour un tiers d’entre eux.
La différence, dans cette adaptation galthienne, c’est que les acteurs sont tous des monstres sacrés du rugby français, promis à un avenir glorieux et étoilé. Et qu’il apparaissait compliqué, samedi soir, d’en faire une comédie avec la défaite au bout dans ce même Stade de France où les attend le sacre suprême, dans pile-poil deux ans.
Donc pas question de baise à la fin du match, comme avec l’original !
Ou alors juste un peu, pendant le film, avec un arbitrage venu d’un autre hémisphère qui refuserait, par exemple, un essai complètement valable du stratosphérique Antoine Dupont, après une action fabuleuse emmenée par le duo Gabin Vilière-Gaël Fickou. Une de ses séquences émotion bouleversantes comme sait les réaliser cette équipe et que l’arbitre néo-zélandais allait biaiser en revenant sur un en-avant fantôme, cent mètre de pellicule en arrière.
Scandaleux !
Mais passons, cela contribuait, sans doute, au scénario du réalisateur qui aime en faire trop, comme se laisser influencer par les médias en associant Matthieu Jalibert et Romain Ntamack, deux grands stratèges qui allaient partager ensemble plus de difficultés que de jeux heureux.
Parce que jouer derrière l’autre pour l’un et devant l’un pour l’autre, sous les mêmes projecteurs, ça ne libère pas les esprits, ni les espaces. Bref, on n’a rien vu de ce duo de choc très attendu, tel un Ford-Farrell outre-Manche. Pire, et c’est peut-être ce qui était voulu dans ce premier acte manqué, Matthieu s’est troué sur un coup de pied défensif contré dans ses 22, amenant le premier essai gag argentin, signé Cubelli. Poilant !
Pourtant personne n’avait envie de rire en première mi-temps.
Heureusement, il y avait Melvyn Jaminet, l’acteur studio, toujours impeccable dans son rôle, à s’envoyer en l’air et prendre son pied pour enfiler des points entre les perches, au nez et à la barbe de ses concurrents, Thomas Ramos et Brice Dulin.
De quoi faire oublier ce premier acte poussif, brouillon, animé par le seul spectacle de bagarres et d’agressivité de la part des Pumas, féroces et déterminés à compliquer la vie de ces Coqs, plus habitués à parader qu’à ce qu’on leur vole dans les plumes de la sorte.
9-7 à la pause, on s’emmerde grave dans ce film !
Patience ! La seconde partie allait gagner en intensité et nous émouvoir au plus haut point. Un premier essai, enfin ! conclu par le phénoménal deuxième-ligne, Thibaud Flament, pour sa première cape, bien servi par Matthieu sur une récupération de Damian Penaud, relayé par Cameron Woki. Les Bleus repassaient devant aussitôt après la nouvelle marque de Boffelli, corrigeant une indiscipline française récurrente (16-10).
Puis tout s’est emballé. Cette équipe de France magistrale s’est mise à accélérer, jusqu’à l’essai refusé à Antoine tandis que la botte de Boffelli poursuivait son œuvre de remontada (16-13) à laquelle répondait Melvyn dessinant au pied un peu plus la victoire française (19-13).
Quand les espaces se libéraient alors plus facilement depuis l’entrée de Jonathan Danty, en place de Romain, sorti frustré d’être placé derrirèe Matthieu qui en profitait pour prendre enfin les intervalles avant de servir Peato Mauvaka pour le second essai imparable du talonneur suppléant (26-13).
Seulement, dans les dix dernières minutes, Monsieur O’Keeffe allait accorder un essai litigieux aux Pumas, Carreras bénéficiant d’un ballon aérien perdu par Melvyn, pour filer seul dans l’en-but tricolore (26-20). Oui, mais, c'était sans compter un en-avant criant, cette fois, de son coéquipier au duel dans les airs avec l’arrière catalan. Ça sentait la baise à plein nez !
Mais « tout est bien qui finit bien », ainsi l’avait écrit Galthié.
Et, sur le générique de fin, Melvyn entérinait la victoire des siens sur un happy-end comme les aime le réalisateur de la nouvelle vague tricolore.
Face aux Géorgiens, dimanche prochain, on s’attend à un film plus spectaculaire, avec des surprises dans la distribution, l’occasion de voir à l’affiche d’autres talents du rugby français.
Le 1er test-match des Bleues en bref…
France Féminin – Afrique du Sud 46 – 3
Ça tourne plutôt pas mal pour les filles
Samedi après-midi, au stade de la Rabine à Vannes, le XV de France féminin avait fait tourner pour ce premier test "facile", avec les premières capes de Marie Dupouy, Chloé Jacquet, Coco Lindelauf et Marie-Aurélie Castel et surtout sans les cadres comme Pauline, Jessy, Cyrielle, Marjo et Romane, ménagées avant la double confrontation face aux Black Ferns.
Caroline Drouin et Laure Sansus, à la charnière, ont donc pris les rênes de ce XV bis face à une modeste formation sud-africaine, à des années-lumière du niveau de son alter ego masculin, champion du monde.
La domination des Bleues ne s’est pas fait attendre avec les trois premiers points au pied de Caro. Puis, malgré les fautes de main inhabituelles d’Emilie Boulard, suppléante de Jessy, le premier essai est survenu au bout de dix minutes, par Émeline Gros (la suppléante de Romane) qui doublait la mise quelques instants plus tard sur une action qui repassait tout le terrain, en long et en large.
Les Percussions de Fall et N’Diaye ont fait mal à la défense des Bok Women qui ont reculé à chaque impact et subi la puissance de feu des trois-quarts tricolores.
Laure Sansus y est allé d’un troisième essai dans un match dès lors à sens unique.
27-0 à la pause après le quatrième essai de Safi. La messe était dite, comme on dit.
La seconde période sera un récital identique avec trois nouvelles salves, signées N’Diaye (pour son doublé), Boujard et Llorens pour un 46-0, entaché d’une dernière pénalité offerte aux Sud-Africaines pour l’honneur.
Vivement le grand duel face aux Néo-Zélandaises, samedi prochain !
Les autres Test-Matches de la tournée d’automne…
Irlande – Japon 60 – 5 Le tsunami version celte
Italie – Nouvelle-Zélande 9 – 47 Forcément !
Espagne – Fidji 13 – 43 Logique
Portugal – Canada 20 – 17 Les Canucks, c’est plus ça... mais viva Pourtougal !
Angleterre – Tonga 69 – 3 La suprématie anglaise
Pays de Galles – Afrique du Sud 18 – 23 La patience du champion du monde a payé
Écosse – Australie 15 – 13 Belle surprise !
La 10ème journée de TOP 14 en bref…
La Rochelle (6) – Bordeaux (2) 26 – 3
Un leader sans ressource
Les Maritimes n’ont pas eu à se méfier bien longtemps du retour en forme de Trinh Duc chez les Bordelais. Deux minutes, seulement, le temps que l’ancien international inscrive les seuls points de son équipe.
Et puis plus rien, de quoi désespérer Urios, tellement ses hommes ont été pris dans tous les secteurs du jeu. Pourtant, il aura fallu attendre la seconde période pour voir les Rochelais prendre l’ascendant dans ce match avec seulement deux essais, signés Favre et Leyds, laissant échapper un bonus offensif largement à leur portée.
Même si le Stade Rochelais souffrait de quelques absences notables (Alldritt, Botia, Danty), celles de l’UBB ont été préjudiciables, comme on pouvait s’en douter, tant ses performances semblent dépendantes de sa charnière Lucu-Jalibert.
La Rochelle grimpe enfin dans le TOP 6 quand Bordeaux laisse Toulouse reprendre son trône.
Toulouse (1) – Perpignan (13) 37 – 15
En mode diesel
Malmenés en première période par de courageux Catalans (qui ont mené 8-15, grâce à deux essais de Pelepele et Acebes, avant de se faire rattraper, 15-15 à la pause), les Toulousains se sont appliqués et ont accéléré au retour des vestiaires pour étouffer leur adversaire, avec trois nouveaux essais, signés Médard, Miquel et Bonneval, qui s’ajoutaient à ceux de Meafou et Tolofua, décrochant un heureux bonus offensif.
L’équipe des vieux dépanneurs du Stade a réussi sa mission, non sans mal, pour reprendre la tête du TOP 14.
Lyon (4) – Castres (7) 30 – 23
Une faim de Lou et une sieste
Les Lyonnais ont mangé tout cru leur adversaire du jour, très indiscipliné, dans leur antre de Gerland, en une quarantaine de minutes, grâce à deux essais de Taufua et Berdeu, respectivement juste avant et juste après la pause, pour mener 27-6.
Puis, ils se sont endormis, laissant le ballon aux visiteurs tarnais qui ne se sont pas privés de jouer avec et inscrire deux essais, par Laveau et Botica, à deux doigts du bonus défensif.
On soulignera le retour apprécié de Bastareaud, une bonne nouvelle pour le clan lyonnais.
Stade Français (11) – Montpellier (3) 27 – 31
Des Cistes vernis
Cette fois, PSA ne pourra pas dire que son équipe a manqué de chance en fin de rencontre, scénario récurrent de début de saison. C’est plutôt le contraire qui sourit aux Montpelliérains depuis leur victoire au Racing.
Car les Parisiens ont mené une heure durant, quatre essais à rien, avec le bonus offensif donc (27-18), avant que le ciel ne leur tombe sur la tête, avec ce carton jaune contre Gabrillagues. Bouthier en profitait pour amorcer la remontée des siens grâce à une pénalité de loin, avant que Tisseron n’assomme les locaux avec un essai venu aussi de loin, bien servi par Bouthier, très en vue en cette fin de match, et qui scellera la victoire des Cistes par une dernière pénalité.
Dénouement cruel pour Paris, dans un scénario plutôt original puisque le Stade prend les deux points des bonus, défensif et offensif. Un cas rare en TOP 14. Le MHR accède au podium pour la première fois.
Pau (9) – Biarritz (14) 33 – 21
Un derby plein de suspense
Le derby des Pyrénées-Atlantiques a accouché d’une partie très enlevée, avec trois essais de part et d’autre et où chacun a pris l’avantage tour à tour, avant que les Palois ne finissent en beauté.
Hastoy s’est d’abord chargé des points au pied pour corriger l’indiscipline des Basques avant que ces derniers ne réagissent par le premier essai du match, par Couilloud et rejoindre le vestiaire sans trop de retard (12-7).
Car en seconde période, les Biarrots ont récidivé deux fois en dix minutes, par Saili et Soury pour mener 12-21, à la grande surprise des locaux qui ont profité du surnombre (suite au carton jaune contre Azariashvili) pour reprendre la partie à leur compte.
Trois essais tout en puissance, d’abord, par Joseph et Manu, puis en finesse par le stratège international, Hastoy, rendu par Galthié, et précieux encore pour sceller la victoire paloise.
Pau se maintient dans le ventre mou du classement quand le BO occupe toujours la dernière place.
Brive (10) – Racing 92 (5) 12 – 10
A mourir d’ennui
Les Coujoux, privés de dix internationaux (tous géorgiens, fidjiens ou encore italien), presque autant que les Toulousains, ont composé avec les remplaçants pour jouer derrière leur ouvreur Hervé, très fougueux dans son animation stérile mais surtout précieux au pied pour corriger l’indiscipline des Racingmen.
Pourtant les Franciliens, moins impactés, semblaient armés pour renverser cette équipe briviste affaiblie. Mais il faudra attendre les dernières secondes du match pour voir un essai, celui de Hemery, qui offrait un point de bonus défensif heureux au Racing, toujours dans le TOP 6.
Quant à Brive, la victoire fait du bien quand on connaît le calendrier après la trêve, avec deux déplacements consécutifs, à Toulouse et à Lyon.
Clermont (8) – Toulon (12) 31 – 16
Le retour d'Azéma au Michelin
L'ancien manager des Jaunards a donc fait son retour, dimanche soir, à Clermont avec son nouveau club, espérant sans doute créer l'exploit autant qu'une nouvelle dynamique chez les joueurs toulonnais. Il n'en a rien été. Imprécis et indisciplinés, les Varois ont été corrigés et dominés par des locaux qui ont dû batailler jusqu'au bout pour rester devant, à cause d'un taux d'échec au pied exceptionnel du recordman en la matière, Parra.
Il aura fallu quatre essais de Moala, Barraque, Tiberghien et Beheregaray pour conserver un bonus offensif acquis avant l'heure de jeu et annulé par l'essai de Luc qui ramenait Toulon dans le point de bonus défensif. Heureusement, une dernière touche amènera l'essai sur un ballon porté du talonneur suppléant auvergnat.
L'ASM rejoint le peloton des équipes avec au moins cinq victoires sur dix rencontres, aux portes du TOP 6. Tandis que le RCT continue de couver sa crise et aura toutes les vacances avec son nouveau manager pour repenser un jeu efficace avec ses forces au complet. La saison est encore longue.
(entre parenthèses, le rang du nouveau classement après ce week-end)
Tous les résultats officiels du week-end >>
La semaine prochaine…
Les internationaux en solo…
Pour le deuxième test-match de nos Bleu(e)s, les internationaux-ales (sans vouloir être top inclusif) auront les projecteurs rien que pour eux, les TOP 14-16 bénéficiant d’une trêve bienvenue après un début de saison éprouvant.
Retour aux terrains des clubs le 27 novembre !
En attendant, place aux deux dernières confrontations de nos Français-es dont une double, alléchante, face aux Black Ferns quand nos Coqs ne compteront qu’un seul choc face aux All Blacks, après la prochaine mise en bouche contre les Géorgiens, ce dimanche, à Bordeaux.
Au programme de la tournée d’automne, le samedi 13 novembre :
France Féminin – Nouvelle-Zélande, à 15h (France TV)
Écosse – Afrique du Sud, à 14h
Italie – Argentine, à 14h (L’Équipe 21 TV)
Irlande – Nouvelle-Zélande, à 16h15
Portugal – Japon, à 18h10
Angleterre – Australie, à 18h30 (L’Équipe 21 TV)
Puis le dimanche 14 novembre :
France – Géorgie, à 14h (France TV)
Pays de Galles – Fidji, à 16h15