Les brèves d'Ovalie - Edition n°510
Jour zéro
VI NATIONS... 2è journée Irlande – France 32 – 19
À eux le Grand Chelem
À nous la belle étoile !
Déjà, on va commencer par arrêter les conneries.
Je parle des séries à la con qui polluent les têtes, le nombre de victoires consécutives, par exemple. Demandez aux Clermontois, ce que ça leur a apporté à côté de ce que ça leur a coûté, une fois qu'elles s’arrêtent. Le record d’invincibilité à domicile, le record du nombre de coups de pied consécutifs, un Clermontois succédant à un autre Clermontois etc. Au final, combien d’étoiles sur le maillot des Jaunards ?
Alors, laissons cela aux Irlandais et à Sexton, l’ouvreur de classe internationale courant désormais après le record d’un autre Irlandais. Pour combien d’étoiles sur la tunique de la génération dorée O’Gara-Stringer-O’Driscoll ?
Cessons de chicaner, maintenant… les favoris, c’est eux !
Ça a toujours été eux. C’est vrai pour le Grand Chelem à domicile (contre la France, hier, et l’Angleterre, demain), comme pour la coupe du monde, derrière, chez nous.
À partir d’aujourd’hui il s’agit, pour nous, de priver la génération Sexton-Murray-O’Mahony (sans doute la meilleure de son temps, au sommet du rugby mondial), d’une première étoile, comme son ainée, également couronnée d’un seul grand chelem.
On remet les compteurs à zéro, au lendemain de cette « belle » défaite, à l’Aviva Stadium de Dublin. Le XV de France doit désormais se concentrer à construire son premier sacre, dans sept mois, à la maison.
Car la première étoile sera pour nous ! Elle doit être pour nous, aussi triste et injuste que cela pourrait se ressentir outre-Manche. Ainsi s’écrivent les belles et grandes histoires !
Ah ! Je vous entends pester à la lecture de cet oxymore.
« Belle défaite… Comment ose-t-il ? On s’est fait plumer par les Irlandais, tout est à refaire… »
Autant de questions et de remises en question que l’on affectionne après une défaite, la première de l’année, quand 2022 n’en a compté aucune, mettant fin à une série…stop, j’ai dit !
Autant de questions et de remises en question inutiles, quand on voit le potentiel de nos Bleus, bien plus éprouvés que nos adversaires dont les temps de jeu sont divisés par deux dans leurs clubs. Ce n’est pas une excuse, ni la raison de la défaite, mais un facteur important qui changera la donne après une remise en forme pour la coupe du monde.
Mais revenons au match de samedi, à Dublin.
Nos Bleus ont subi, comme prévu, mais ont tenu la dragée haute à ce XV du Trèfle plus pragmatique, voire opportuniste, que dominateur, comme il l'a outrageusement été à Cardiff, la semaine passée.
Car les Irlandais ont aussi subi la pression adverse autant qu’lls ont appuyé là où ça fait mal, dans les temps faibles tricolores, autour des rucks, par leur vista, leur puissance et leurs courses tranchantes. Mais à la fin, ils tiraient la langue autant que nos Coqs, malgré quatre essais contre un seul pour les Français.
Il faut dire que nos Bleus les ont un peu aidés, sans jamais lâcher la partie, après l’avoir même, un instant, prise en mains, après l’essai aussi improbable qu’incroyable du phénomène Penaud, à la vingtième minute.
Menant 3-0, grâce à une première pénalité réussie de Ramos, les coéquipiers de Dupont entamaient solidement la rencontre, repoussant avec force et courage une longue séquence éprouvante de pilonnage des locaux, devant leur ligne, derrière un ballon porté. Seulement, cette épreuve de force laissa des traces dans les organismes, sans avoir le temps de récupérer, la défense française se faisait piéger sur la relance immédiate, hébétée quand Keenan dévalait dans un intervalle pour le premier essai celte (7-3).
Recollant au score par une nouvelle pénalité de Ramos (7-6), les Bleus étaient de nouveau acculés dans leurs 22, enchaînant les maladresses, Ntamack ratant une passe que Penaud récupéra in-extrémis pour remonter tout le terrain, dans un slalom « penaudesque », en long et en large, relayé par Jelonch, pour terminer dans l’en-but irlandais. Un essai stratosphérique qui faisait passer le XV de France devant, pour la première fois (7-13).
Mais derrière, la sanction des locaux tombait aussitôt, après un coup de pied de Ramos contré qui relançait les Celtes jusqu’à l’aile de Lowe pour le second essai en coin, malgré un retour tonitruant de Penaud, le projetant en touche. Mais monsieur Barnes et ses assistants vidéo validèrent le toucher en but, alors que le bout du cuir semblait bien sur la ligne, comme la transformation manquée de Sexton semblait nous faire signe (12-13).
Si ce premier acte était de toute beauté et intense, entre deux équipes de top niveau, la malchance était clairement du côté des hommes de Galthié, Atonio se voyant sanctionné d’un carton jaune malvenu, pour ne pas dire sévère, pour un plaquage dangereux sur Sexton. En supériorité numérique, derrière une mêlée conquérante, les Irlandais enfoncèrent la ligne pour une troisième banderille plantée dans le dos des Tricolores (19-13). Dur dur !
Ramos réduisait l’écart après une troisième pénalité, mais Sexton conservait les six longueurs d’avance, juste avant la pause (22-16).
Tout semblait alors possible au retour des vestiaires. Mais les deux équipes semblaient quelque peu empruntées, et le jeu se ferma jusqu’à l’heure de jeu, la charnière irlandaise cédant la place à Casey-Byrne, le temps pour l’ouvreur suppléant local d’assurer trois points de plus, après une longue séquence de pick and go de ses avants, auxquels Ramos répondit par un drop opportuniste pour rester toujours dans la partie (25-19).
Mais cette dernière bascula, à huit minutes de son terme, grâce à un banc irlandais plus percutant que celui adverse, offrant l’essai du bonus offensif à Ringrose, après de nouvelles charges et deux plaquages manqués des entrants, pourtant tout frais.
Au bout d’un match de haut niveau et d’un suspense haletant durant une bonne heure, les Bleus s’inclinent, la tête haute et conscients du gap qu'il leur reste à combler pour battre ce formidable XV du Trèfle, plus que jamais au premier rang mondial et qui porte, désormais seul, tout le poids du favori dans le tournoi, pour le Grand Chelem... et pour la suite, s’il le réalise.
Rien que pour ça, c’est pour nous une très belle défaite.
Les autres matches en bref…
Écosse – Pays de Galles 35 – 7
Feu d’artifice à Murrayfield
La première période a été disputée et équilibrée, à l’avantage néanmoins des Écossais, avec un premier essai de Turner avant que son exclusion temporaire pour plaquage dangereux ne donne l’occasion aux Gallois de répondre par un même ballon porté, conclu par Owens.
13-7 à la pause, le second acte sera juste un festival offensif orchestré par le maestro Russel, éblouissant Murrayfield de toute sa classe. Une chisté magique pour Steyn, suivie d’une transversale millimétrée, toujours pour son ailier, signant un doublé, l’ouvreur du Racing a continué de régaler son public, enchaînant un caviar de passe au pied pour son autre ailier, Van der Merwe, remisant sur Kinghorn pour le quatrième essai. Russel parachèvera son numéro en beauté sur une ultime merveille de passe pour le dernier essai du pilier Fagerson.
Ces Écossais, qui jouent crânement leur chance pour une victoire historique dans le tournoi (la dernière date de 1999), sont un redoutable prochain adversaire des Bleus, dans quinze jours, au Stade de France. Quant aux Gallois, ils n’ont pas vu le jour et repartent encore fanni, en deux matches, jouant désormais la cuiller de bois aux Italiens, pas beaucoup mieux à Twickenham.
Angleterre – Italie 31 – 14
La Rose porte et pique
Remobilisés après leur cuisante défaite, à Twickenham, la semaine dernière face aux Écossais, les Anglais ont repris un rugby plus basique en mains, avec Farrell aux manettes, après avoir été repositionné à l'ouverture, Smith glissant sur le banc.
De la puissance et des ballons portés plus loin, Willis, Chesseum puis Goerge enfonçaient tour à tour la défense italienne pour lui infliger un sévère 19-0 à la pause.
Au retour des vestiaires, les Transalpins allaient répondre d'entrée, avec force et détermination, inscrivant leur premier essai par Riccioni, avant de mettre le feu dans la défense locale, par le remuant Capuozzo, à l'heure de jeu. De belles séquences offensives qui seront récompensées par un deuxième essai, signé Fusco.
Mais les coéquipiers de Farrell allaient répondre à chaque fois par leur arme fatale du ballon porté pour décrocher le bonus offensif et assurer leur première victoire dans le tournoi. Les Anglais ne sont pas morts, les Italiens non plus... à suivre !
Clsst. : 1-Irlande, 10 pts (+37) – 2- Écosse, 10 (+34) – 3-Angleterre, 6 (+11) –
4-France, 5 (-8) – 5-Italie, 1 (-22) – 6-Pays de Galles, 0 (-52)
La 2ème journée du tournoi des Bleuets en bref….
Irlande (2) – France U20 (3) 33 – 31
Double bonus et doubles regrets
À Cork, vendredi soir, nos Bleuets ont montré deux visages face aux tenants du titre qui semblaient avoir le match en main, en début de rencontre.
D’abord, des Coquelets naïfs, indisciplinés et maladroits, comme on les avait déjà vus en Italie, subissant la domination adverse avec quelques rares possessions, comme dans les vingt premières minutes.
Ensuite, des Tricolores au potentiel énorme, devant, au combat, malgré une conquête défaillante, à enfoncer le dernier rideau irlandais. Ou encore derrière, avec l’apport des néo-Bleus de Galthié, Gailleton et Bielle-Biarrey, du feu dans les jambes.
Après avoir pris logiquement un 10-O, au bout d’un quart d’heure, les Bleuets ont réagi par la puissance de leurs mauls, avec le seconde ligne Auradou à la finition, récidivant avec la même force, après le deuxième essai celte, par le compère de la cage, Liufau, juste avant la pause, pour n’être menés que 20-14.
Au retour des vestiaires, on retrouvait nos petits Coqs aux deux visages, payant l’indiscipline au pied de Prendergast, avant de réagir, en supériorité numérique, par les cannes de leurs trois quarts pour trois autres essais, conclus par Attisogbe, puis Nouchi (30-31).
Mais les échecs au pied du buteur suppléant, Reus, manquant deux transformations sur trois, coûtera cher à l’arrivée. Car Prendergast ne manquait pas la pénalité de la gagne, à deux minutes du terme, pour une faute encore stupide. Quel gâchis !
Le grand chelem passe sous le nez des Bleuets, mais pas encore le tournoi, grâce à ce double bonus et une victoire obligatoire en Angleterre.
Les autres matches : Écosse (4) – Pays de Galles (6) (18-17) ; Angleterre (1) – Italie (5) (32-25)
(entre parenthèses, le rang du nouveau classement après ce week-end)
La semaine prochaine…
Le Tournoi s’efface devant le TOP 14…
Le temps d’une pause pour les internationaux, le championnat revient seul sous les projecteurs, sans pour autant pouvoir récupérer toutes ses forces du groupe France. Doublon quand tu nous tiens.
Des affiches alléchantes et des enjeux cruciaux, comme à Perpignan où les Catalans pourraient rebattre les cartes dans la course au maintien, en doublant les Coujoux et en tirant les Palois à eux.
Au programme* de la 18ème journée du TOP 14, samedi 18 février :
Bayonne – Stade Français, à 15h
Castres – la Rochelle, à 17h
Lyon – Montpellier, à 17h
Perpignan – Pau, à 17h
Racing 92 – Brive, à 17h
Toulon – Toulouse, à 21h05
Puis, dimanche 19 février :
Bordeaux – Clermont, à 21h05
(*) Tous les matches sont retransmis par les chaînes de Canal+
Du côté du nouveau TOP 12 féminin
Retrouvez les résultats* et le calendrier sur : >> site FFR : competitions-elite-1-feminine
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