Les brèves d'Ovalie - Edition n°551
Le clan des six îliens
TOP 14... 11è journée Bayonne (10) – Racing 92 (1) 27 – 23
Le TOP 6 s'installe
Il était une fois une île, au large du championnat de France de rugby, qui faisait l’objet de toutes les convoitises car elle nourrissait l'espoir, pour ses habitants, de toucher le graal, ce fameux bouclier en bois, en descendant le cours des phases finales depuis le barrage de TOP 14.
Seulement, elle n’y offrait que six places et la bataille s’avérait rude et impitoyable, autour, dans les eaux troubles de la phase régulière pour les ravir à leurs occupants.
Pourtant, presqu’à mi-parcours, après onze journées de combats intenses, six protagonistes se détachent avec une petite longueur d’avance sur leurs poursuivants, dont le champion de France, ancré à la septième place.
À la tête du clan des six îliens, on trouve le patriarche francilien, le Racing 92, auteur d’un début de saison tonitruant, avec ses mercenaires féroces, comme les champions du monde Kolisi et Nyakane, menés par leur commandant de bord, Stuart Lancaster, un ancien corsaire des îles Britanniques et d’Irlande.
Malgré leur défaite, in-extremis à Jean-Dauger (lire ci-après), les Racingmen gardent huit longueurs d’avance, du haut de leur promontoire de l’île, sur les Haut-Garonnais, au large.
Derrière, Bordeaux et Toulon ont signé chacun, ce week-end, une victoire déterminante après avoir valeureusement défendu leurs bastions respectifs, les Girondins plus magistralement encore, en stoppant l’armada clermontoise au Michelin.
Enfin, Pau, Paris et Castres se sont accrochés aux abords de l’île, sur un rocher de bonus défensif, après leurs défaites – logiques, pour les deux premiers, car à l’extérieur, surprise pour les Tarnais, car à domicile – sans être inquiétés d’expropriation, à bonne distance de la première menace toulousaine.
C’est qu’en mer de la 11ème journée, les combats ont été inégaux, ce week-end, veille du réveillon de la Saint-Sylvestre…
Entre fête, champagne et ennui mortel !
Les matches, en bref…
Bayonne (10) – Racing 92 (1) 27-23
Un sale mauvais dernier quart d’heure
Le leader francilien a cru avoir fait le plus dur en punissant l’indiscipline et les maladresses des Bayonnais en inscrivant deux essais en contre, par Arundell puis Le Garrec, là où les locaux s’en étaient vu refuser logiquement autant, dans un premier acte plus opportuniste que dominant.
Menant 17-3 sur les terres basques, jusque-là invincibles, les Racingmen ont tenu leur avance durant une heure de haut « vol », ne s’attendant pas à la révolte basque dans un dernier quart d’heure renversant.
Un premier essai de Cassiem, plein de rage et de détermination, devant une défense adverse aux abois, suivi, dix minutes plus tard, de celui d’Acquier, le talonneur titulaire encore sur le pré, tout en puissance, fort d’une supériorité numérique, après le carton jaune contre le pilier francilien. Enfin, à une minute de la sirène, l’essai libérateur, sauvant Jean-Dauger d’une première défaite cette année, conclu par Baget, sur une passe au pied sublime de Lopez, et non sans un aussi fabuleux coup de pied à suivre pour lui-même avant d’enfumer trois défenseurs et s’allonger de toute sa superbe dans l’en-but francilien.
Quel finish et quelle exultation sur le pré et dans les tribunes… Jean-Dauger, citadelle imprenable !
Clermont (9) – Bordeaux (2) 35-40
Rugby champagne au Michelin
Vendredi soir, le public du Michelin a été gâté avec un match plein entre deux équipes très offensives qui lui ont offert un festival d’essais, des émotions et un suspense jusqu’à la dernière minute, pour une issue aussi cruelle que rageante.
Tout avait mal commencé pour les Jaunards, l’UBB prenant l’avantage dans un premier acte sous la baguette et le pied d’un Lucu, impérial. Un doublé de Tambwe et trois pénalités obligèrent les locaux à se rebeller et courir après le score, marquant par deux fois, forts de leurs avants, par Simmons puis Falgoux, pour être menés 15-23, à la pause.
Mais au retour des vestiaires, l’entre d’Hériteau (en place de Moala) allait rebooster l’attaque clermontoise, auteur d’un essai, plein de détermination, à deux doigts d’un doublé, quelques minutes plus tard. Mais c’est l’Argentin Delguy qui offrira l’essai de la révolte, sur un fabuleux une-deux avec Newsome, pour placer son équipe devant pour la première fois, à l’heure de jeu (29-26, puis 32-26, après une nouvelle pénalité de Belleau).
Dix minutes pour bien finir le match et l’année, devant un public qui exultait, c’était trop demander aux hommes d’Urios, pas sassez concentrés et mobilisés pour résister aux charges des gros bordelais, Poirot enfonçant le dernier rideau pour revenir à une longueur que Lucu allait avaler d’une transformation qui complétait son sans-faute (32-33).
Pourtant, Belleau ne tremblait pas, trois minutes plus tard, pour passer ce que l’on pensait être la pénalité de la gagne. Seulement, derrière chaque bon point marqué, les Jaunards ont pris la fâcheuse habitude de faire un cadeau derrière. Et sur le renvoi, la défense locale se trouait lamentablement, laissant Samu se saisir du ballon, pour un essai clinique qui éteignit brutalement le cœur battant de la Yellow Army.
L'UBB est décidément sur un nuage, même sans Penaud, Bielle-Biarrey et Jalibert, tutoyant les anges sous le Ciel-et-blanc, quand l'ASM s'est ouvert la voie d'un long calvaire pour espérer être au printemps dans le TOP 6.
Oyonnax (11) – Pau (4) 34-13
Charles-Mathon à la fête
Quelques heures avant, en ouverture de cette 11ème journée, les Oyomen ont tout mis en œuvre, eux, pour bien finir l’année et régaler leur public, restés sur deux défaites dans leur forteresse.
Après une première période approximative, avec beaucoup de maladresses mais deux beaux essais quand même, signés Sweetnam puis Ruru pour répondre à celui de Gorgadze, les locaux ont fait preuve d’un pragmatisme à toute épreuve, menant 15-10, à la pause, avant d’enfoncer le clou dans un second acte à la main et au pied d’un grand Miotti, auteur de trois nouvelles pénalités.
Un dernier essai d’Ikpefan clôturera les festivités, sur une belle contre-attaque emmenée par Lebreton et Bettencourt, pour une victoire sans bonus mais avec panache. De quoi enchanter et rassurer un public, enfin serein à Charles-Mathon.
Toulon (3) – Stade Français (5) 19-5
Le pied à Mayol
Pour le spectacle, vous repasserez. Ici, à Mayol, samedi, l’heure était au pragmatisme et à l’efficacité au pied d’un Jaminet, impeccable, propre, pour sa première devant le public toulonnais.
Paris n’était pas plus inspiré que son hôte, indiscipliné, maladroit (au pied) et fanni à la pause (6-0), après un premier acte laborieux et ennuyeux. Le retour des vestiaires poursuivra sur le même tempo, lent, et les points au pied de Jaminet quand Segonds échouait sur la transformation de l’essai parisien, signé Dakuwaqa, sur une première action d’envergure des trois-quarts de la capitale.
Il faudra attendre les cinq dernières minutes pour voir, enfin, un essai toulonnais, en force, par Fainga’Anuku et réveiller un Mayol assis sur sa victoire sans bonus ni exaltation. L’essentiel est sur le tableau d’affichage et cette place sur le podium des hommes de Mignoni.
Castres (6) – Perpignan (13) 13-17
Surprise !
Le CO s'est fait piéger à Pierre-Fabre par des Catalans, courageux et accrocheurs jusqu'au bout, dans une rencontre peu emballante, gâchée par l'indiscipline des visiteurs et le manque de réalisme des locaux.
Avec un essai partout à la pause, Acebes répondant à Arata, et un score de parité (10-10), le second acte sera pas plus remuant, si ce n'est cette claque, à la sirène, envoyée par Veredamu, en pleine face de la défense tarnaise à genou. Un essai assassin qui offrait la première victoire à l'extérieur de Perpignan, sur les traces du Lou et semant de quatre longueurs son rival héraultais pour le maintien.
Lyon (12) – Montpellier (14) 20-18
Sauvés sur le fil
Les Lyonnais ont aussi souffert à Gerland, samedi, face à la lanterne rouge venue clairement y faire un coup. C’est que les deux équipes, en bas de tableau, jouaient gros, et les gros ont joué le jeu de leur puissance pour déverouiller des défenses hermétiques.
Un premier essai de pénalité, après un maul dévastateur des avants locaux, donnait le ton du match et un premier carton jaune au jeune Nouchi. Niniashivili corsait l’addition sur une percée depuis sa ligne arrière (17-3).
Les gros Cistes répliquaient aussitôt sur un maul de leur composition, envoyant Karkadze derrière la ligne, Carbonel manquant la transformation, avant de se rattraper en marquant l’essai suivant, juste avant la pause, pour revenir à 17-15.
La seconde période offrira un match fermé, avec une pénalité de chaque côté, et une fin irrespirable, jusqu’à cette dernière action des Montpelliérains, sur le fil, devant la ligne d’en-but lyonnaise, de maul en pick and go, préparant le drop immanquable de Carbonel face aux perches… et pourtant, l’ouvreur héraultais visait à côté, fermant la partie sur un raté monumental, au grand soulagement des Lyonnais, en souffrance.
La course au maintien ne fait que commencer en cette fin damnée pour le MHR.
La Rochelle (8) – Toulouse (7) 29-8
Remake bidon
On était loin du remake de la finale entre Maritimes et Toulousains au Stade de France. Il faut dire que les champions de France sont venus à Marcel-Deflandre, en slip et chaussettes pour défier l’armada rochelaise, en difficulté depuis le début de saison.
C’est bien simple, en dehors de l’entrée d’Alldritt sur une pelouse du TOP 14, depuis deux mois de convalescence mentale, ce match a été un non-événement, tant l’opposition haut-garonnaise n’a pas été à la hauteur de son jeu, sans la majorité de ses cadres.
Beaucoup de fautes et de cartons, cela en dit long, dont un rouge regrettable contre Lavault. Beaucoup d’essais aussi, essentiellement locaux, par Botia, Bollengier, Leyds et un de pénalité, pour un bonus offensif que l’essai casquette de dernière minute, offert par Réus à Vergé, ne contrariera pas.
La Rochelle revient sur les talons de Toulouse, les deux à l’assaut de l’île du TOP 6.
(entre parenthèses, le rang du nouveau classement après ce week-end)
Tous les résultats officiels du week-end >>
La semaine prochaine…
Dernier petit tour de danse !
Le championnat de France nous gratine d'une dernière journée avant de plonger dans la dernière quinzaine européenne, décisive pour les qualifications en huitième de finale.
Pas sûr qu'il y ait des impasses !
Au programme* de la 12ème journée du TOP 14, dès le samedi 6 janvier :
Pau – La Rochelle, à 15h
Bordeaux – Bayonne, à 17h
Stade Français – Clermont, à 17h
Perpignan – Oyonnax, à 17h
Racing 92 – Castres, à 17h
Toulouse – Lyon, à 21h05
Puis dimanche 7 janvier :
Montpellier – Toulon, à 21h05
(*) Tous les matches sont retransmis par les chaînes de Canal+
Du côté de l’Élite 1 féminine
Retrouvez tous les résultats* et le programme sur : >> site FFR : competitions-elite-1-feminine
(*) Faute de suivi médiatique en direct, je ne commente plus les résultats
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