Les brèves d'Ovalie - Edition n°82
Le supplice jusqu'à la lie !
TOP 14... les demi-finales, Clermont – Castres 9 – 25
La tête dans le seau… et glou, et glou, et glou !
Les clermontois auront déjoué tous les pronostics autant qu’ils ont déjoué sur le terrain, au stade de la Beaujoire, ce samedi après-midi face à Castres.
Méconnaissable !
Cette équipe de Clermont dont le jeu, une semaine plus tôt, flamboyait jusqu’à s’en brûler les ailes, tel Icare voulant s’approcher un peu trop près du sacre, à portée de mains.
L’ASM a renié son jeu, celui qui l’a faite, qui l’a portée là où elle a été, en finale de H Cup et en demi de TOP 14. Trop de mauvaises analyses après cette terrible désillusion dublinoise ont poussé les auvergnats à calculer chaque situation au lieu de faire parler les automatismes.
On ne leur en veut même pas tellement on lisait, derrière nos téléviseurs Full HD, l’électroencéphalogramme plat de ce XV de Clermont dans un coma prolongé depuis le traumatisme subi à l’Aviva Stadium.
Si seulement Vern Cotter avait eu l’illumination de changer toute l’équipe ou presque, avec des Buttin, Malzieu, Nakaitaci, Lapandry, Stanley, King, Rado et Delany en charnière… l’équipe aurait eu sans doute moins la tête à Dublin et ça aurait fait du bien à tous, les remplaçants montrant l’envie aux vaincus qui seraient rentrés en seconde période avec un autre état d’esprit. Oui mais…
Seuls des psychologues, des psychiatres peuvent désormais analyser cette demi-finale remportée par des castrais, plus infirmiers, ramassant leur adversaire à la petite cuiller, que guerriers à l’assaut du monstre du rugby annoncé.
Je pourrais retracer le match et les multiples erreurs des Jaunards, du niveau de Fédérale 1, comme cette première mi-temps où dès l’entame deux coups de pieds de Parra semblaient viser sans doute les perches du côté de Ballsbridge. Non, je ne parlerai pas plus de cette seconde période où tout était encore possible jusqu’à cette passe téléphonée, que dis-je, empaquetée, postée avec accusé de réception castraise qui envoyait les tarnais au Stade de France.
Oui, les castrais ont été solides, disciplinés, exemplaires, comme on les connaît. Ils valident avec brio et cœur tout le travail d’une saison bien appliquée aux consignes de la paire d’entraîneurs, future francilienne, brillante et justement récompensée.
Quant à l’ASM, ne tirons pas sur l’ambulance, elle compte sur ses pneus pour remettre en route cette machine jusqu’à la maison pour une convalescence nécessaire avant de retrouver l’énergie, l’envie et ce jeu fabuleux qui fait que l’on aime à la voir jouer, combien même ce ne soit encore pour rien.
Vous nous avez donné bien du plaisir toute la saison, rien que pour cela… MERCI !
Toulon – Toulouse 24 – 9
L’euphorie, un dopant autorisé !
Je l’avais dit, dans une brève précédente. Le perdant de la finale de H Cup ne s’en relèverait pas.
Et ce n’est pas Toulon qui récolte les fruits d’une défaite à Dublin. Bien au contraire. Heureux champion d’Europe en titre, il affrontait vendredi soir avec une déconcertante réussite, une aura inébranlable, le champion de France en un autre titre, pourtant bien préparé depuis quinze jours.
Mais rien n’y a fait. Les toulousains se sont fait surprendre d’entrée par une ouverture lumineuse de Michalak pour Rossouw. Premier essai et premier échec pour Jonny Wilkinson qui ne transforme pas.
Un signe ?
Non. Jonny n’est pas Morgan. Il se rattrapera pour donner l’avantage à son équipe à la mi-temps (8-6) quand Luke McAlister ne ratera aucune de ses tentatives. A contrario de Bouilhou qui mangera la feuille de match à la demi-heure de jeu en voulant assurer une dernière passe pour Jauzion au lieu d’aplatir tout seul. En avant vérifié à la vidéo !
La seconde période donnera un léger avantage aux toulousains dès l’entame suite à une nouvelle pénalité de McAlister (9-8).
Mais la suite, Sir Jonny la signera de sa botte, une pénalité puis un drop à l’heure de jeu mettront les varois sur la route d’un nouveau succès (14-9). Quand à dix minutes du terme, une nouvelle pénalité du meilleur joueur européen et un essai en solitaire de Delon Armitage (encore lui mais sans signe ostentatoire de sa bêtise) cloront les débats définitivement.
Toulouse n’aura pas existé dans cette seconde période, balbutiant son rugby, dans la conquête et la finition.
C’est donc logiquement que Toulon se rendra au Stade de France pour un historique doublé.
On le leur souhaite, il ne sera pas volé.
La semaine prochaine…
La finale du TOP 14 nous offrira une confrontation inédite, la dixième pour Toulon, la cinquième pour Castres, chacun détenteur de 3 Brennus, dont leurs derniers conquis en 1992 pour les varois et en 1993 pour les tarnais, il y a 20 ans.
A l’heure de Roland Garros où plane la victoire historique de Noah sur les courts, 30 ans après, le Castres Olympique est-il prêt à aller chercher l’exploit de ses ainés, réalisé notamment par son propre entraîneur, Laurent Labit ?
A suivre, samedi 1er juin à 21h, au Stade de France :
- Toulon – Castres, en route pour un doublé historique !