Les brèves d'Ovalie - Edition n°370
Au coude à coude
COUPE DU MONDE... Quart de finale Pays de Galles – France 20 – 19
Quel coup dur pour les Bleus !
Il aura suffi d’un coup de coude stupide en pleine figure d’un Gallois de la part du deuxième ligne tricolore (que je ne nommerai pas pour ne pas l’accabler plus encore, et aussi parce qu’il joue à Clermont) pour que le rêve d’une demi-finale qui nous tendait les bras se brise.
C’était la 48ème minute, la vie était belle dans le stade fermé de Oita où les Gallois auraient pu se croire chez eux, au Millennium à Cardiff.
Mais non !
Depuis la marseillaise, éclatante en tribune lors des hymnes, et adorablement chantée par le minot japonais sous l'accolade du capitaine français, les Bleus en ont fait leur maison dès l’entame, comme on commence à en avoir l’habitude.
Huit minutes et le XV de France avait déjà passé deux fois la ligne d’en-but.
Et comment ! D’abord, par son deuxième ligne (que je ne nommerai pas pour ne pas l’encenser trop tôt, même s’il joue à Clermont), récupérant un ballon derrière une touche bien maîtrisée pour passer en force derrière l’en-but. Ouaiis ! Bravo, euh... machin !
Puis, par Ollivon qui concluait une action d’envergure lancée par l’intenable Vakatawa, précieux toute la rencontre. N’Tamack passait une transformation sur deux, trouvant le poteau sur la première, un peu excentrée. Un premier signe peu perceptible derrière l’euphorie ambiante.
La France menait 12-0. Du calme ! On se souvient trop bien de ce 16-0 du dernier tournoi (ce n’est pas faute de l’avoir martelé ici) pour que tout le monde garde les pieds sur terre.
Heureusement, un bon ballon perdu de Guirado permettait un contre de Wainwright pour que les Français restent dans le match (12-7). Et même une faute de notre deuxième ligne (que je ne nommerai pas pour ne pas l’excuser à tort, même s’il joue à Clermont) nous remettait la pression après la pénalité de Biggar, qui nous laissait seulement deux longueurs d’avance.
Résultat : dix minutes plus tard, les Bleus remettaient les gaz comme si un nouveau match démarrait, avec Fickou, illicitement arrêté au cou par Moriarty qui écopait d’un carton jaune et ouvrait la voie aux Tricolores pour inscrire un troisième essai comme si c’était le premier... (Ah! la psychologie du rugby français !)
Vakatawa concluait une superbe relance de Dupont relayée par N’Tamack et l’incontournable Penaud, toujours dans les bons coups… mais pas de poing ou de coude.
Car, la mi-temps étant sifflée, les joueurs repartis dans les vestiaires (malgré ma contre-indication mille fois réitérée ici), tout était à craindre avec ces neuf points d’avance flatteurs et mérités, après une première période quasi parfaite, si on omet les échecs au pied du buteur toulousain, victime d’une béquille, juste avant de taper une pénalité, à première vue facile, et qui a trouvé une nouvelle fois le poteau au lieu de creuser un peu plus l’écart.
Un deuxième signe qui annonçait que le second acte allait être compliqué.
Lopez, en place de N’Tamack, blessé, donnait le coup d’envoi d’une mort annoncée, pour qui a déjà vu le XV de France revenir sur la pelouse après nous avoir bluffé une mi-temps.
Pourtant la possession restait bien française et l’ouvreur suppléant clermontois semblait à son aise, tentant un drop qui rasait le poteau. Les Diables Rouges, eux, multipliaient les fautes, rendant les ballons que notre charnière exploitait à l'envi(e).
Jusqu’à cette pénalité après un maul sur une touche tricolore, dans le camp gallois. Les Bleus ont décidé de taper en touche, sentant la domination de leur pack pour un nouveau ballon porté dans les 22 adverses.
Une décision lourde de conséquence. Non pas pour les trois points qui n’étaient pas évident à prendre, mais pour ce qui allait suivre.
48ème minute, donc. Le maul se structurait impeccablement autour des avants mais les Gallois tenaient bon, l’empêchant d’avancer. Quand ce qui ne devrait jamais arriver arriva.
Le deuxième ligne casqué au maillot bleu (que je ne nommerai pas pour ne pas l’accabler plus encore, et aussi parce qu’il joue à Clermont) semblait, au départ, juste avoir pris un peu haut un autre casqué au maillot rouge, alors que Dupont avait réussi à prendre un trou de souris pour, peut-être, le quatrième essai français.
Mais c’était bien pire. La vidéo montrait un coup de coude assassin qui allait tuer, en une fraction de seconde, tous les efforts d’une équipe en route vers un exploit.
Le geste était aussi stupide que coupable et le carton rouge inévitable.
À partir de là, les Diables britanniques allaient reprendre de leur couleur et de la confiance quand les Coqs de Brunel allaient pâtir de cette infériorité numérique durant trente minutes, tentant l’impossible pour ne pas se faire rentrer dans les plumes.
On aurait pu y croire, notamment sur quelques actions, un drop (malheureusement pas tenté), une passe de Vakatawa pour Penaud (malheureusement pas captée) qui auraient pu/dû faire la différence.
Mais à cinq minutes du terme, alors que les Gallois pilonnaient une défense héroïque, réduite à quatorze, l’agonie allait prendre fin sur une action litigieuse. Un ballon arraché qui semblait partir vers l’avant et que Moriarty (celui qui avait reçu le carton jaune en première période) récupérait pour l’essai de la victoire, transformé par Biggar.
La vidéo confirmera le mauvais sort des Bleus, quoi qu’on pourra en dire, l’essai a été accordé, monsieur Peyper ne pouvait pas arrêter à lui seul toutes les salves galloises qui fusaient dans le camp tricolore. C’était imminent et les cinq minutes restantes ont montré combien il devenait impossible à nos Coqs de remettre la main sur le ballon.
Ils peuvent nourrir des regrets, c’est sûr, les points laissés en route auraient pu leur sourire, mais le destin en a décidé autrement.
Huit ans après cette demi-finale en Nouvelle-Zélande, où un carton rouge contre les Gallois, dominateurs toute la rencontre, les avait fait mourir à un point (8-9) d’une finale que les Français avaient joué à leur place. Les voilà enfin vengés.
Car, si les Bleus meurent en effet à un point d’une demi-finale d'un titre qui n’aurait été qu’illusoire tant le rugby des Anglais ou des All Blacks est sur une autre planète, ils renaissent à un point de départ qui laisse présager une nouvelle ère du rugby français avec tous ces espoirs comme Penaud, N’Tamack, Fickou, Raka, Ramos, Rattez, Barrassi, Dupont, Couilloud, Jalibert, Carbonel, Alldritt, Ollivon, Itturia, Lambey, Chat, Baille, Bamba et tous les jeunes doubles champions du monde en herbes du TOP14.
Une page se tourne. Merci aux partants, Max, Louis, Guilhem, Wesley, Jacques, Bernard, Serge et tous les deuxièmes lignes casqués aux coudées franches (que je ne nommerai pas pour ne pas les accabler plus encore, même s’ils jouent à Clermont).
Merci à cette équipe de France qui aura finalement été à sa place dans ce Mondial, au coude à coude avec le champion d’Europe, à un point d’un exploit.
On peut maintenant passer à autre chose et se tourner vers le tournoi.
Les autres quarts en bref
Japon – Afrique du Sud 3 – 26
Fin du rêve nippon
Les Japonais auront tenu une mi-temps avant de craquer sous le rouleau-compresseur sud-africain.
Après un premier essai, presque trop facile de Mapimpi, dès les premières minutes, les locaux ont joué crânement leur chance, revenant à 5-3 par le pied de Tamura, sans jamais parvenir à passer le mur des Springboks.
Mais en seconde période, Pollard a fait parler la poudre pour creuser l’écart avec trois pénalités avant que les Brave Blossoms ne craquent complètement dans un dernier quart d’heure totalement sud-africain. Un essai de Deklerk puis le doublé de Mapimpi mettaient fin au faux suspense.
Les Springboks affronteront les Gallois dans une semaine.
Nouvelle-Zélande – Irlande 46 – 14
La débandade irlandaise
34-0, cinq essais, au bout d’une heure de balade néo-zélandaise que les Irlandais ont accompagné de leur impuissance à mettre un pied devant l’autre dans leur jeu habituellement inspiré et efficace.
Rien ne leur a souri, de mauvais choix en choix encore plus mauvais, ils ont subi les salves fatales des All Blacks qui ont saisi toutes les occasions offertes par ce XV du Trèfle maudit pour marquer.
Dix minutes avant la fin de ce cauchemar, les hommes pas vernis de Schmidt sauvaient enfin l’honneur par Henshaw puis un essai de pénalité, encaissant au passage deux dernières claques derrière leur en-but.
Angleterre – Australie 40 – 16
En maîtrise totale
Le XV de la Rose n’a pas été impressionné par l’entame agressive des Wallabies qui ont confisqué le ballon durant quinze minutes pour inscrire les trois premiers points.
Les Anglais ont repris les choses en mains, le cuir avec, pour envoyer Johnny May à dame, par deux fois, tandis que les Australiens se contentaient de grappiller des points, grâce à deux nouvelles pénalités, pour ne pas être largué à la pause (17-9).
Quand, au retour des vestiaires, les Wallabies surprenaient à nouveau le XV de la Rose d’entrée avec un essai de Koroibete, revenant à un petit point. Seulement, ce retour en trombe n’était qu’un trompe l’œil qui ne dura que le temps de l’action suivante, sublimée par une passe magistrale de Farrell pour son pilier Stinckler à la conclusion du troisième essai.
À partir de là, le reste de la partie n’a été qu’une gestion parfaite du match de la part des Anglais, bloquant toute attaque adverse et les interceptant même pour un quatrième essai par Watson, Farrell faisant le reste dans l’animation et les coups de pied de pénalité.
Aucun doute que cette demie à venir entre All Black et Rosbifs aura des airs de finale et que ce XV de la rose-là sera plus difficile à battre que les Irlandais.
Les résultats de la 8ème journée de TOP 14 en un mot...
Montpellier (7) – Toulouse (11) 33 – 22
Agen (10) – Stade Français (14) 27 – 14
Brive (9) – Bordeaux (2) 30 – 9
Pau (8) – Castres (12) 37 – 24
Toulon (5) – Bayonne (3) 20 – 9
La Rochelle (6) – Racing 92 (13) 12 – 6
Clermont (4) – Lyon (1) 24 – 15
Fin de la plaisanterie
On arrête tout et on recommence. Partez tous en vacances, pendant quinze jours, comme des petits enfants scolarisés à la LNR que vous êtes et recommençons la saison le 9 novembre, avec tout le monde, de vraies équipes, du vrai jeu et des vrais enjeux.
Parce que là, moi j’y comprends que dalle.
À l’image des deux chocs à La Rochelle et à Clermont où le jeu n’a laissé place à aucun essai. Oui, mais le leader est tombé au Michelin. La belle affaire ! Le rugby aussi.
(entre parenthèses, le rang du nouveau classement après cette journée)
Tous les résultats officiels du week-end >>
La 5ème journée des Féminines
Poule 1
Bobigny (2) – Chilly Mazarin (7) 34 – 7
Rouen (8) – Montpellier (1) 0 – 80
Lons (5) – Grenoble (6) 27 – 21
Bayonne (3) – Paris (4) 31 – 15
Poule 2
Blagnac (3) – Rennes (4) 62 – 0
Caen (8) – Toulouse (1) 0 – 69
Bordeaux (7) – Lyon (5) 17 – 34
ASM Romagnat (2) – Lille (6) 50 – 0
Zéro pointé
Montpellier, Toulouse, Blagnac et ASM Romagnat ont corrigé leurs adversaires ce week-end, en les laissant fannis, montrant combien ce championnat reste très inégal, et donc pas très intéressant pour qui le suit et qui prend des cartons chaque week-end, comme Rouen, Chilly-Mazarin, Caen, Lille et même Rennes.
La saison va être longue pour certaines filles.
La semaine prochaine…
Les demies attendues
Les deux meilleures équipes de chaque hémisphère se retrouvent dans le dernier carré, en toute logique. Le champion d’Europe face au champion du dernier Four-Nations et le double champion du monde en titre face aux grand favori anglais.
Que le spectacle commence !
Au programme* samedi 26 octobre :
Angleterre – Nouvelle-Zélande, à 10h, à Yokohama City
Puis dimanche 27 octobre :
Pays de Galles – Afrique du Sud, à 10h, à Yokohama City
(*) Tous les matches sont retransmis par TF1 ou TMC
Du côté du TOP 16 féminin,
À suivre le programme de la prochaine journée : >> site FFR : competitions-elite-1-feminine