Les brèves d'Ovalie - Edition n°254
Atout Trèfle
VI NATIONS... 3ème journée Irlande – France 19 – 9
Belote, rebelote et dix de der !
Samedi, à l’Aviva Stadium, nos Bleus n’avaient décidément pas de jeu dans les mains. Tout le monde le sait, au rugby comme à la belote, tout est question de donne.
Et nos Marius en herbe ont tout donné pendant vingt cinq minutes...
avant de se faire couper l’herbe sous le pied… à Trèfle. 6-0 pour les gamins de Pagnol, après plusieurs tours de nos as à cœur de bien faire.
Picamoles qui perfore, Serin qui écarte, Huget qui se démarque, Fickou qui ramasse et Lamérat qui passe.
Quelle action et quel essai ! Refusé par monsieur Owens, après visionnage de la vidéo, pour un en-avant minime (mais un en-avant quand même) de Fickou.
Vingt-cinq minutes sans que les Irlandais n’aient jusque-là fait un pli. À se demander quand ils allaient se mettre vraiment à jouer.
« Et bien quoi ? C’est à toi ! semblait lui dire notre XV de France.
– Je le sais, mais j’hésite… lui répondait l’équipe locale, en jetant un œil sur Monsieur Owens. C’est que la chose est importante. C’est ce coup-ci que la partie se gagne ou se perd. C’est pour ça que je me demande si Monsieur Owens coupe à trèfle… »
Entendez par là, que Sexton, dans l’en-but tricolore, voulait être sûr qu’en jouant la mêlée plutôt que la penal-touche il avait une chance de faire le pli dans le maul qui allait suivre. Apparemment oui, Owens nous coupait le sifflet... à Trèfle.
La mêlée jouée, avec le pilier gauche irlandais le genou à terre, tout comme la prise de balle de Murray pour aplatir derrière son maul, en deux temps, rien ne semblait gêner monsieur Owens qui accordait l’essai aux Celtes, l’air de rien et transformé par Sexton.
Et durant les dix dernières minutes, nos Bleus allaient subir la découpe (toujours à trèfle) de la troisième ligne O’Brien-Heaslip-Stander, les Irlandais prenant enfin le jeu à leur compte, pli sur pli, dans les 22 français, de penal-touches en mauls destructeurs, mais pourtant vains, grâce à une défense tricolore héroïque.
Au retour des vestiaires, avec un point de retard seulement, le jeu des Bleus allait être bien trop tendre. Jouer à cœur quand ça découpe à trèfle derrière, ça n’allait pas le faire.
Et quand des erreurs grossières, comme un en-avant de Spedding sur un ballon haut suivi d’une faute stupide de Serin sur la mêlée qui suivait, offraient autant d’’occasions à Sexton de s’illustrer, on ne voyait pas comment nos Coqs retranchés en défense allaient pouvoir faire un pli dans cette deuxième partie.
L’ouvreur Irlandais allait se régaler et s’offrait même un drop dans la foulée entre deux pénalités pour mener 16 à 6. Incapables de sortir de l’étau irlandais, le XV de France tentait tout et n’importe quoi, surtout n’importe quoi, comme un joueur qui n’a pas de jeu et sert à la couleur quand en face il n’y a que de l’atout en main. Sexton puis Jackson dirigeaient la fin de la rencontre, de mains de maitres, et tenaient leur adversaire à dix longueurs derrière.
La France n’avait certes pas les bonnes cartes samedi pour rivaliser.
Il lui manquait la maitrise, la maturité et l’expérience. Tout ce que possède l’Irlande, justement, la plus complète des équipes de ce tournoi. La meilleure selon moi.
Car ne vous trompez pas, les Anglais ne feront pas mieux, en terme de résultat à Dublin. Seule la manière de perdre sera différente. S’il est clair que eux parviendront à concrétiser leurs temps forts, il n’est pas dit qu’ils ne prendront pas plus d’un essai dans leur musette.
Alors avant de faire un faux-procès à nos « bleus » de France, attendons de faire les vrais comptes à la fin, car s’ils ne sont pas aussi bons qu’on voudrait qu’ils soient, ils sont loin d’être plus mauvais que les Anglais, les Écossais et les Gallois.
Prochain verdict dans quinze jours à Rome… Ce sera loin d’être une promenade de santé. Demandez aux Anglais.
Les autres matches en bref...
Écosse – Pays de Galles 29 – 13
Bienvenue en nouvelle Calédonie !
Qu’ils sont incroyables ces Écossais !
Sans leur capitaine Laidlaw et quelques autres cadres, le XV du Chardon a montré qu’il avait de la ressource et du talent pour revenir dans un match mal embarqué. C’est l’effet Cotter avec sa ligne de trois-quarts qui peut enfin retrouver son nom de All Black de l’hémisphère nord. Depuis trois ans maintenant, le stratège néo-zélandais a construit une équipe redoutable qui ne cesse de monter en puissance depuis son quart de finale contre l’Australie qu’elle aurait dû remporter, sans une erreur d’arbitrage.
Samedi, en ouverture de la troisième journée du tournoi, les Écossais ont préservé l’invincibilité de leur forteresse de Murrayfield, vingt jours après la réception de l’Irlande. Cette fois, la victime s’appelle le Pays de Galles.
Menés à la pause (9-13), après un essai de Williams, le XV du Chardon a infligé un 20-0 à son adversaire, dès le retour des vestiaires. Deux essais de trois-quarts fabuleux, signés Seymour et Visser, avec des gestes somptueux du génie Hogg.
Russel a su gérer parfaitement ce match et passer tous ses coups de pied. Les Gallois, repartent à nouveau avec une défaite (comme contre l’Angleterre) après avoir mené à la pause.
Angleterre – Italie 36 – 15
Les dix dernières minutes…
Trois essais en dix minutes, c’est le temps qu’il a fallu aux Anglais pour décrocher la victoire et le bonus offensif à des Italiens, accrocheurs, et qui ont pourtant mené la danse pendant près d’une heure… à Twickenham !
Je n’ai pas vu le match mais le score ne reflète apparemment pas sa physionomie et démontre que les Italiens sont loin d’être aussi mauvais qu’on veut nous le faire croire. Le banc Anglais a encore une fois fait la différence.
Ce qui démontre que le XV de la Rose finit bien, mais aussi que les Irlandais sont bien plus forts encore et que dans trois semaines à Dublin, le coaching de Jones risque de ne pas suffire cette fois.
Ce sera sans aucun doute, la finale de ce tournoi.
Cl. : 1-Angleterre, 13 (+29) – 2-Irlande, 10 (+58) – 3-Écosse, 9 (+15) – 4-Pays de Galles, 5 pts (+5) – 5-France, 5 (-7) – 6-Italie, 0 (-100).
Du côté de nos Bleuets...
Irlande – France 27 – 22
De quoi être verts !
Nos petits jeunes de France ont encore beaucoup à apprendre… à commencer par se faire des passes.
Après une première mi-temps à prendre l’eau face à une vague verte trop haute pour eux (3 essais irlandais en 30 minutes), nos Bleuets ont su réagir en fin de première période et surtout dans la deuxième.
Portée par un Rétière en ébullition, ce petit XV de France a renversé un match en deux temps trois mouvements… et trois essais rassurants (enfin !) dont un doublé de Fartass, toujours aussi décisif, et un essai de pénalité après que les locaux aient été en infériorité numérique et que la mêlée française les ait mis au supplice (24-22).
Mais il ne fallait pas se faire trop d’illusions sur nos petits Bleus. Sur un terrain synthétique dont ils n’appréhendaient aucun rebond, ils ne sont jamais parvenus à aligner des passes correctes, tout le match, accumulant les fautes et les déchets. Et sur les dix minutes qu’il restait pour aller marquer trois points nécessaire à la victoire, ces ‘bleus’ du rugby ont tout manqué.
Les Irlandais n’en demandaient pas tant pour remettre la main sur le ballon et en profiter pour exécuter une pénalité cadeau pour un hors-jeu sur un en-avant tricolore.
Sales gosses ! De quoi rentrer verts de rage, après être revenus de si loin.
Le Tournoi semble acquis pour les Anglais qui font cavaliers seuls après avoir écrasé les italiens (46-0).
Et de nos Bleues…
Irlande – France 13 – 10
En un tweet..
Comme je n’ai pas vu le match, je vous twitte le communiqué de la FFR …
« Nos Bleues doivent s'incliner à Dublin pour la 3ème journée du tournoi.
Malgré de beaux mouvements, nos tricolores n'ont pas su renverser la vapeur. »
La semaine prochaine…
Le TOP 14 entame sa dernière ligne droite…
À J-8, la phase régulière va se jouer sans coupure jusqu’au mois de mai, tandis que le tournoi s’accorde, lui, une ultime pause, avant ses deux dernières journées.
L’heure est grave pour Bordeaux et Toulouse, dans la course aux phases finales, tout comme pour Bayonne et Grenoble dans leur lutte pour le maintien.
Mais Brive, le Stade Français et Lyon ne sont pas sauvés pour autant, quand Pau, Toulon et Castres sont encore loin d’avoir validé leur ticket pour les barrages. Seuls Clermont et La Rochelle peuvent voir venir… mais pas trop quand même.
Autant dire que la victoire dans cette 19ème journée va valoir chère… très chère.
Et ça commence dès samedi 4 mars :
- Castres – Clermont, à 14h45 (C+ sport) : grimper sur le podium.
- Bayonne – Pau, à 18h30 (r+) : retrouver des couleurs,
- Grenoble – Racing 92, à 18h30 (r+) : plus le droit de tergiverser,
- Brive – Toulon, à 20h45 (C+ sport) : dans le bourbier corrézien.
Enfin, dimanche 5 mars :
- Lyon – Montpellier, à 12h30 (C+ sport) : tenir bon,
- Stade Français – Bordeaux, à 17h (r+) : à l’orgueil,
- Toulouse – La Rochelle, à 17h (C+) : sortir les crocs.