De quoi j'me mêle ! - Première édition par Philou
Et pourquoi je devrais fêter mes 50 ans, moi ?
Philou, quarantenaire à date proche d'expiration, nous offre son regard inspiré sur le dernier Tournoi des VI Nations, empreint d'histoire et de nostalgie, mais non sans une pointe d'humour et de déception.
"De quoi j'me mêle!", le coup de gueule des lecteurs, une nouvelle rubrique à laquelle chacun de vous peut contribuer (sur proposition).
Eux, ils ne fêteront pas leurs 50 ans !!!!
40 ans qu’on gagnait le tournoi les années en 7 :
1967, 1977, 1997, 2007
En 2017, la buche, la tuile, rien, nada. Ils auraient dû gagner. Pas le grand Chelem, faut pas rêver, mais la victoire. Celle qui nous permet de croiser un Rostbif sans baisser la tête. A le regarder dans les yeux en lui disant (sans lui dire) GOOD GAME enc……
Et là, une place de troisième, signe d’un échec annoncé. Rêvé par Bernie le presque dingue, nouveau président de la FFR et relayé par les média.
Mais qu’a-t-il manqué à cette équipe de France ?
Un presque rien, un presque tout qui fait la différence.
En 1967, la grande année, la plus belle et je m’en rappelle ! L’équipe regroupait des pointures, des grands, des légendes : Spanghero, les Camberabéros, Gachassin (le tennsiman), Dauga en passant par Villepreux, Dourthe (le père) et le Capitaine Carrere, la CLASSE. Ils gagnaient sans coup fait rire. Ceux-là même qui allaient remporter en 1968, le premier grand Chelem de l’histoire du XV de France.
C’est peut être ça qui a manqué cette année 2017, des pointures, des grands et la CLASSE.
En 1977, le grand Chelem en couleur. Ils étaient 15 guerriers. Pas des soldats de pacotilles. Des Guerriers, du style Tueurs à gages, des flingueurs de concours à tous les étages : 1ere, 2ème et 3ème ligne. L’esprit fantassins quoi. Cette année-là, ils sont partis à 15 et sont arrivés à 15. C’était leur destin. Une équipe de caractère.
Lisez bien, Paco, Paparamborde, Chollet, Imbernon, Palmier, Skrela (le père), Rives, Bastia. On s’arrête une minute pour reprendre notre souffle et apprécier la compo. Ces 8 de devant, une tuerie organisée. Le genre de type avec lesquels tu peux aller n’importe où sans problème. Les gars qui rassurent, qui verrouillent. A l’arrière, Fouroux, Romeu, Bertanne, Harize, Sangalli, Averous, Aguirre. Que du beau monde, pas un de plus, ce n’était pas nécessaire. Ils l’ont fait à 15.
Un capitaine, un vrai, Fouroux-Napoléon. Et un anesthésiste, Chollet, le gars qui se chargeait des protocoles Commotions sur le Terrain. Demandez donc aux deux écossais, s’ils s’en souviennent (2 uppercuts et 2 KO).
Seulement, de nos jours, il y a de moins en moins de techniciens pour le combat. L'esprit fantassin n'existe plus. Napoléon est mort depuis longtemps. Quant à l’anesthésiste, c’est un vieux souvenir.
A la place d’un protocole Commotion à la mode Chollet, on a droit à un protocole Commission à la sauce Atonio. Il n’arrive pas à finir ce dernier match. Il ne restait plus que 20 minutes d’arrêt de jeu ! Et là, la tête du Pilar qui ne peut pas attendre, on le lit dans ses yeux, il fouette, il a la chiasse. Allez petit, les toilettes, c’est au bout du couloir à Gauche, le Cabinet Noir !
C’est sans doute ça qui a manqué cette année 2017, Un destin, Du caractère, L’esprit Fantassin et Napoléon.
1987, les 20 ans et nouveau Grand Chelem. Une équipe de grand (que Che L’aime) pour écrire l’histoire de la première Coupe du Monde (finaliste), emmené par un sélectionneur Fouroux, oui le même.
Des Avants de premier ordre, un capitaine Talonneur, non, je parle de Dubroca entouré d’Ondars et Garuche – des piliers du Sud Ouest. Un chanteur et un Poète. Celui qui disait : « Un pilier dans une mêlée, c’est comme un pilier de cathédrale. S’il s’effrite, c’est tout l’édifice qui s’effrite ». Et en parlant de Frites, il avait un sacré coup de fourchette la Garuche (1er joueur expulsé lors d’un match international pour une Fourchette sur un irlandais). Aujourd’hui, à les regarder, ils n’ont plus le coup de fourchette, et je ne leur demande même pas de monter des cathédrales.
A l’arrière, un Géant : BLANCO – l’instinct et le meneur, celui qui rassure, qui fait la différence.
Au centre, un Géant : SELLA - l’instinct et le meneur, celui qui rassure, qui fait la différence.
Et les autres, Berbizier, Mesnel, Charvet, Bonneval, Lafond. Du lourd, du très lourd.
C’était le French Flair des lignes arrière. 9 Essais en 4 matchs ! Bonneval (l’ailier, le père) en marque 5 dont 3 contre l’Ecosse. « La balle à l’aile, la vie est belle », ils disaient à la télé.
C’est évident, ce qui a manqué cette année 2017, Des géants, Un poète et le French Flair. Cette année la cabane est tombée sur le chien et le cochon est dans le maïs.
Et que dire de ce tournoi 1997, un nouveau grand Chelem, le troisième de la lignée des années en 7.
Le feu d’artifice, 14 essais en 4 matchs. Je vous laisse faire la moyenne. Mais pour le coup, cette équipe n’avait rien de moyen. Commençons par le staff. Villepreux, Skrela, Maso. Eux aussi ont écrit l’histoire de la coupe du monde en 1999 – remember la ½ finale contre les blacks (42/31)…..
Villepreux inventait un truc, un machin qu’il appelle l’intelligence situationnelle. Une idée pour dire aux joueurs d’essayer de réfléchir au lieu de réciter les gammes apprises à l’entrainement sans en avoir perçu le moindre sens. L’objectif était de jouer les 80 minutes du Match. Et quand je dis jouer, c’est attaquer. Et plus que de réfléchir, c’est arriver à jouer à l’instinct. C’est de créer l’incertitude chez l’adversaire. Celle qui déroute jusqu’à le faire déjouer.
L’équipe est sous le capitanat de Benazzi, à ses côtés ; l’homme et demi (Merle), Pelous, Charlie(Magne). On s’arrête là, n’en rajoutez plus, ça va faire des jaloux.
A l’arrière, du lourd, avec Galtier (le consultant de France 2), Ntamack (le père), Penaud (le père), dourthe (le fils), Castagnède (le saint), LeFlammand (c’est son nom) et Lamaison (le buteur, le vrai). Et je m’arrête là avant que ne sonne le Glas (c’était un joueur). Je n’en dis pas plus, la messe est dite. Nos amis anglo-saxons s’en souviennent.
C’est logique, ce qui a manqué cette année 2017, Jouer 80 minutes à l’instinct, de l’intelligence, un buteur et un homme et demi. Je ne parlerai pas du staff. J’ai trop de respect pour Noves.
En 2007, Notre président Bernie était le sélectionneur de l’équipe de France. Pour le coup, le XV de France ne fera pas d’exploit en coupe du monde 2007. Rien de bien, même ce quart de final contre les blacks que j’estime un peu surfait par nos amis journalistes.
Cette équipe de France avait un système de jeu basé sur le jeu de devant avec des avants surpuissants, agrémenté de grands coups de gueule du manager. La psychologie à la mode Bernie, c’est dingue.
La doublette Nallet/Papé, des hommes de devoir, à l’ancienne, de la trempe des hommes de 77.
Une troisième ligne – Betsen, Bonnaire, Harinordoqui, et CavernMan (Chabal) enviée par nos meilleurs ennemis.
Chabal, celui qui fait mal. Il inspirait la peur sur un terrain de rugby. Le fils spirituel de Chollet.
Il est capable d’opérer sans anesthésie deux « Baby » blacks, Masoé et Ali William. Masoe a vu 36 chandelles, William a mangé de la purée à la paille pendant quelques temps.
C’était ça l’époque Bernie, c’était ça.
Pour être honnête, les lignes arrière tenaient la route. Jauzion était le meilleur centre du monde. Dominici avait encore du jus, RORO représentait Montferrand et il y avait le fils de, en la personne de Skrela, David de son prénom. Ces joueurs avaient le niveau international.
Cette année-là, on gagne le tournoi sur le fil, au point « avérage », à la toute dernière minute du dernier match contre les écossais.
Sans doute, le capitaine (et actuel consultant France 2, encore un), Ibanez a su motiver, galvaniser cette équipe pour arriver à cette fin heureuse.
C’est possible, ce qui a manqué cette année 2017, faire peur à nos adversaires, CavernMan et quelques joueurs de classe internationale.
Et voilà, la boucle est bouclée. On est en 2017, Ils ont cassé la série et je ne comprends pas pourquoi. Ils devaient le savoir, c’est leur histoire, c’est dans leur gène, celui du rugby.
Mais ce qui a manqué à cette équipe c’est si peu, presque rien :
- C’est peut être, Des pointures, des grands et la CLASSE.
- C’est sans doute, Un destin, Du caractère, L’esprit Fantassin et Napoléon.
- C’est évident, Des géants, Un poète et le French Flair.
- C’est logique, Jouer 80 minutes à l’instinct, de l’intelligence, un buteur et un homme et demi.
- C’est possible, faire peur à nos adversaires, CavernMan et quelques joueurs de classe internationale.
Et c’est beaucoup à la fois, un presque tout. Cet ensemble qui construit une équipe de FRANCE capable de gagner.
Certains me diront qu’il manquait presque rien à cette équipe. On y a cru à certains moments. Elle nous a fait vibrer, on y était presque, jusqu’à penser ne pas s’en prendre à ces referees de malheur.
Il me semble qui lui manquait beaucoup. Tous ces petits « trop » et petits « peu » qui finissent par faire beaucoup.
- Beaucoup trop d’erreur dans l’enjeu, dans le jeu, dans l’envie.
- Beaucoup peu de Géants, de French Flair, de caractère, d’intelligence et d’instinct.
Moi, pour le coup, je suis comme un con en cette année 2017.
Je n’aurai pas de cadeau d’anniversaire pour mes 50 ans. Oui, je suis un vainqueur de 1967. Ils ont tout gâché.
Moi non plus je ne fêterai pas mon anniversaire cette année.
Pas envie, je le sens pas. Mon instinct me dit d’attendre, de jouer le jeu.
D’attendre et de voir s’ils ne vont pas inverser la tendance.
Qu’il se fixe un enjeu, un beau jeu et retrouve l’envie.
Qu’on retrouve notre French Flair et cette intelligence qui est notre instinct.
Que le staff français fasse éclore des Grands des Géants.
En 2018, on fêtera les 50 ans du premier Grand Chelem du XV de France (1968).
Et pourquoi pas rêver, le faire ce grand Chelem. Il faut qu’on se révolte comme en 68.
Pouvoir lever la tête en croisant un rosbif en lui disant (sans lui dire) …….
Ca y est, je commence à y croire. Je le sens, l’espoir renait. Putain on va y arriver.
J’ai une idée, je vais attendre l’an prochain pour fêter mon anniversaire.
Je le ferai avec les 68. On arrosera nos 50 ans et le 10ème grand Chelem.
La brève de Philou
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