Les brèves d'Ovalie - Edition n°422
L'invariant verrou anglais
VI NATIONS... 4è journée Angleterre – France 23 – 20
Vain siège de Twickenham
Samedi après-midi, devant les sièges vides de l’enceinte du XV de la Rose, le XV de France s’est à nouveau incliné après avoir assiégé avec panache le camp anglais durant une bonne heure de jeu... un bonheur de French Flair.
Depuis plus de cent ans, et cette première raclée en 1911 (37-0), c’est toujours le même scénario à Twickenham, celui de la bataille d’Azincourt où à la fin ce sont les Rosbifs qui gagnent.
Bien sûr, il y a eu quelques belles exceptions comme, dernièrement, les fameuses années en 7 (1977, 1987, 1997) qui ont vu nos valeureux Tricolores faire de l’antre de Sa Majesté un champ cher à Patay, je parle de la bataille décisive des Valois contre les Plantagenêt.
Ah ! si vous ne connaissez pas la grande histoire, vous ne pouvez pas comprendre ce qui se cache derrière un Crunch… il faut réviser !
Car ce n’est ni plus ni moins que la continuité de la guerre de Cent Ans.
Alors, on peut rager après ce vain siège de nos Tricolores, samedi, alors qu’on avait des raisons de croire à l’exploit d’une victoire qui nous fuit depuis seize ans et ce 13 février 2005.
Il aura fallu l’inconscience d’un arbitre néo-zélandais, Paddy O’Brien, qui a offert la dernière victoire française à Twickenham (17-18), contre toute règle déontologique so british, en accordant la pénalité de la gagne à Dimitri Yachvili, à la 75ème minute.
Sans doute avait-il pris les Bleus en pitié, deux ans après leur humiliante demi-finale de coupe du monde, à Sydney, contre ces mêmes Anglais, sous une pluie aussi battante que le déluge de coups de pieds de Sir Wilkinson au cul de nos Bleus (score final 24-7).
Pourtant Paddy n’avait rien à se reprocher ce jour-là, tant les coéquipiers de Michalak étaient passés à côté de leurs sujets de Leur Majesté. Contrairement à Andrew Brace, l’arbitre de la bataille de samedi, qui revenait après la douloureuse « proctolongation » qu’il avait fait subir à nos jeunes Coqs lors de la récente finale du tournoi d’automne (lire ici >>).
Démarrer ma chronique par l’arbitrage, ça commence mal, vous allez justement me dire. Mais je tiens d’entrée à dédouaner Andrew qui aurait bien voulu se racheter, il allait même le faire, quand la voix de l’arbitre vidéo qui n’avait de féminin que le timbre (non affranchi des directives qui semblaient venir d’ailleurs) lui ordonnait d’appliquer la décision inverse, à savoir : accorder l’essai invalide et donner ainsi la victoire aux Anglais.
Parce que cette décision s’est retournée, une nouvelle fois, contre le XV de France qui menait, à cinq minutes du terme d’une bataille héroïque, alors qu’il était acculé dans son camp, défendant corps et âmes.
Il n’y avait pas essai, c’est une certitude !
Car pour qu’il y ait essai, il faut que le joueur fasse pression de haut en bas sur le ballon. Seulement si ce dernier semble effleurer le sol quand Itoje franchit la ligne, la main de Woki est clairement en dessous quand il fait cette pression réglementaire de haut en bas. Donc l’essai devait être officiellement refusé. Mais l’arbitre irlandaise Joy Neuville a imposé la décision inverse à son arbitre de champ qui a pourtant vu la même chose que moi.
Je n'enrage pas, j'explique ! et suis conscient que ce fait de jeu n’aurait peut-être pas empêché les Anglais de marquer sur la mêlée ou la touche suivante (ça s’est déjà vu), mais ce n’est pas ce qui s’est passé.
Car si nos Coqs ne brillaient pas, en cette fin de match, par leur maîtrise et leur sérénité, il n’empêche qu’ils défendaient bec et ongles et que le temps jouait pour eux.
Une fois cela dit, je peux revenir sur ce match qui a été un vrai bonheur à regarder.
Notamment cette première période étincelante de nos Bleus qui, tels des Harlem Globetrotters, balle en mains, ont démarré tambour battant, récitant leur rugby dès la première action pour envoyer Dupont à l’essai : une percée de Vakatawa et un petit coup de pied par-dessus de Thomas et le demi-de-mêlée toulousain jonglait avec le cuir avant de l’aplatir dans l’en-but.
Les locaux ont aussitôt réagi, élevant alors le niveau de la partie, avec un essai de Watson en bout de ligne après avoir désorganisé la défense tricolore. Malgré les fautes, que Farrell a concrétisé en points, Jalibert lui a répondu aussi parfaitement, tandis que les assauts français allaient accoucher d’une nouvelle action de première main fabuleuse.
Sur une penaltouche, Marchand initiait une combinaison avec ses trois-quarts qui, tels des danseurs de ballet, improvisaient une chorégraphie de mouvements et de passes synchronisés jusqu’à l’aile de Penaud qui n’avait plus qu’à conclure en coin le deuxième essai français.
La vie est belle pour nos Bleus à la pause, menant 17-13.
Puis 20-13 sur une nouvelle pénalité de Jalibert au retour des vestiaires. La seconde période allait voir le XV de la Rose verrouiller ce match, comme ils savent si bien le faire, avec un Itoje et un Curry, aussi talentueux (j'adore !) que pénibles à plaquer et tuer la moindre initiative des mains de Dupont qui perdra le fil du match, à lui seul.
Bousculé, plusieurs fois contré, le demi de mêlée s’est trouvé en difficulté, rendant les ballons et obligeant les siens à défendre durement sur les vagues blanches, renforcées par un banc conquérant, notamment en mêlée où les suppléants bleus étaient dominés.
Menant pourtant 20-16, à dix minutes de la fin, le XV de France semblait tenir sa victoire malgré les temps forts anglais devant leur ligne, jusqu’à cette penaltouche…
Itoje franchissait, la décision tombait, la partie était définitivement verrouillée.
Quatre minutes pour remonter le terrain et, un en-avant plus loin, monsieur Brace sifflait la fin de la 108ème bataille d’Azincourt.
Les Bleus repartent tout de même avec un point qui les laisse en vie pour remporter le tournoi avec leurs deux matches à venir au Stade de France. On y croit !
Les autres matches en bref…
Italie – Pays de Galles 7 – 48
Une formalité
30 minutes, tout était dit. 27-0, quatre essais (Adams, Faletau, doublé d’Owens) et le bonus en poche. Les Gallois ont dominé la première période des pieds et de la tête, face à des Ritals indisciplinés et sans solution.
Le score aurait pu être bien plus salé à la pause, le XV du Poireau vendangeant quelques belles munitions. La seconde période sera d’un ennui mortel, les visiteurs jouant trop facile, avec trois nouveaux essais à la clé (North, Sheedy et Rees-Zammit) quand les locaux serraient les fesses et s’offraient, malgré tout, un éclat de leur pépite Ioane avant un baroud d’honneur sur les dix dernières minutes. En vain.
Une nouvelle défaite très lourde pour la Squadra Azzura qui ne parvient pas à maintenir un niveau de jeu suffisant pour rivaliser avec les grands de ce tournoi et qui s’apprête à récolter sa 11ème cuiller de bois.
Une victoire bonifiée et un goal-average qui font les affaires des Gallois, sur la route d’un Grand Chelem.
Écosse – Irlande 24 – 27
D’un pétale de trèfle
Encore une fois, les Écossais ne sont pas vernis.
Dans un scénario incroyable où ils ont vu les irlandais s’envoler au score avant de revenir avec panache dans le match et égaliser à cinq minutes de la fin, Sexton entérinait la victoire du XV du Trèfle sur une ultime pénalité.
Tout avait mal commencé après l’essai de Henshaw, dominés pendant une demi-heure, le XV du Chardon allait rebondir grâce à une succession de rebonds d’un ballon qui revenait dans les mains de Russel dans l’en-but celte. Sexton redonnait l’avantage aux siens avant la pause sur une pénalité après la sirène (10-14).
Au retour des vestiaires, même scénario, les Irlandais marquaient les premiers par Beirne, après une longue séquence au près, dominant outrageusement les débats, Sexton portant le score à 10-24.
Et puis, il a suffi d’un éclat à l’heure de jeu pour remettre les Calédoniens dans la partie avec un essai de Jones sur une relance sublime de Hogg relayée par Russel. Quand, à cinq minutes du terme, Watson concluait le troisième essai écossais après une nouvelle séquence de pick and go.
Une égalisation de courte durée quand on s’expose à une faute au sol avec Sexton comme artilleur.
Nouvelle déception pour l’Écosse qui perd encore de peu à domicile (après le Pays de Galles), annihilant l’exploit de Twickenham.
Moralité à méditer : mieux vaut perdre à Twickenham et remporter le tournoi que d’y faire un exploit pour rien.
Classement : 1-Pays de Galles, 19 (+63) – 2-Irlande, 11 (+34) – 3-France*, 10 pts (+39)
4-Angleterre, 10 (+5) – 5-Écosse* 6 (+1) – 6-Italie, 0 (-142)
(*) un match en retard
Le dernier match en retard du TOP 14 en bref…
Bayonne (12) – Agen (14) 48 – 20 (15è journée)
Sans surprise
Agen, Italie, même combat, même sanction. 48 points dans la musette malgré quelques éclats et une première heure plutôt solide.
Mais voilà, le banc ne suit pas et le niveau s’affaisse dans le dernier quart de temps du match, les Agenais encaissant quatre essais coup sur coup.
Germin, Van Jaarsveld, Lestrade, Luc, Deloncat et Rouet pour les 6 essais basques, quand Lagarde et Falatea sauvaient timidement l’honneur.
Bayonne remonte à la 12ème place, à une longueur de Montpellier, laissant à Pau sa place de relégation. La lutte pour le maintien bat son plein entre ces trois-là. Quand Agen est déjà en PRO D2.
(entre parenthèses, le rang du nouveau classement après ce week-end)
Tous les résultats officiels du week-end >>
Tirages au sort des huitièmes de finale des coupes d’Europe
En Champions Cup
Wasps – Clermont v Munster – Toulouse
Gloucester – La Rochelle v Scarlets – Sale
Bordeaux – Bristol v Racing 92 – Édimbourg
Exeter – Lyon v Leinster – Toulon
Avantage à Bordeaux, Clermont, le Racing et La Rochelle. Sale tirage pour les Rouge et Noir (Toulouse, Toulon et Lyon).
Les rencontres se dérouleront le week-end du 3 avril.
Les quarts de finale sont automatiquement définis entre les vainqueurs de chaque ligne ci-dessus et auront lieu le week-end du 10 avril.
Les demies sont également automatiquement définies entre les vainqueurs des lignes juxtaposées et sont prévues du 30 avril au 2 mai.
La finale, elle, reste programmée au 22 mai, toujours au stade Vélodrome de Marseille, pour un Clermont-Bordeaux surprise.
En Challenge Cup
Zèbre – Bath v London Irish – Cardiff Blues
Montpellier – Glasgow v Benetton – Agen
Newport – Northampton v Harlequins – Ulster
Leicester – Connacht v Ospreys – Newcastle
Même principe et mêmes dates que pour la Champions Cup.
Vous aurez remarqué que des équipes de la phase régulière de la Champions Cup (comme Montpellier) ont été reversées dans la phase finale de la Challenge Cup. Les Cistes ont une bonne chance de sauver leur saison avec ce tirage favorable.
La semaine prochaine…
Le VI Nations nous offre une finale au Stade de France !
Seuls les Gallois peuvent réaliser le Grand Chelem, à Paris, samedi prochain.
Seuls les Bleus peuvent les priver du titre en les privant du moindre point terrain et en allant chercher un bonus offensif sur les deux matches qui leur restent.
Ça va le faire !
Au programme*, le samedi 20 mars :
Écosse – Italie, à 15h15
Irlande – Angleterre, à 17h45
France – Pays de Galles, à 21h
(*) Tous les matches sont retransmis par les chaînes de France TV
Du côté du TOP 16 féminin
Les Play-Off se déroulent jusqu'au 2 mai, sur 6 journées aller-retour que je ne commente plus, faute de couverture médiatique en direct.
Cependant, il ne fait aucun doute que Montpellier et Toulouse seront une nouvelle fois en finale.
Blagnac et l’ASM Romagnat sont bien parties pour leur servir de sparring-partner en demies.
Retrouvez résultats et calendrier sur : >> site FFR : competitions-elite-1-feminine