Les brèves d'Ovalie - Edition n°301
Plus belle la vie à Colwyn Bay !
VI NATIONS... 5ème journée Pays de Galles – France 3 – 38
On s’éveille au rayon du soleil…
de Colwyn Bay, petit coin de paradis sur la mer d’Irlande, à un bon millier de kilomètres de la rade de Marseille et à quelques centaines seulement de Cardiff et de nos gars en rade de victoires, mais toujours proches des meilleurs.
Vendredi soir, vers 19 heures, France 4 fait concurrence à sa grande sœur (de la trois) en diffusant une nouvelle saga qui va faire chavirer le cœur des Français et rêver nos Bleus depuis leur hôtel quatre étoiles. Car ils ne rateraient pour rien au monde ce feuilleton-fiction qu’est pour eux la quête d’un Grand Chelem.
Dès l’entame du générique de ce long métrage de 80 minutes, les paroles de la marseillaise n’ont jamais autant pris tout leur sens :
« Allons enfants de la patrie, le jour de gloire est arrivé,
La vie est plus belle… On est vraiment rien sans elle !
Qu’on soit femme ou non, si on tend la main pour elle,
la vie est TELLEMENT plus belle ! »
L’émotion gagne les hommes de Brunel chaque fois qu’ils entendent parler d’elle. Elle, la victoire, bien sûr et rien d’autre, elle qui leur a souri la semaine dernière et rendu la vie si belle. Peut-être demain, samedi, se disent-ils, ils osent à peine y croire.
Mais peu leur importe, tout ce qu’ils veulent, c’est être proches des meilleurs. Et ils se débrouillent bien ces cons jusque-là, toujours à un point d’une victoire qui leur tend les bras et qu’ils laissent par bienveillance à leurs adversaires (sauf s’ils sont anglais, bien sûr, parce que là, c’est plus du cinéma !). Et demain sera pareil, même s’ils ne le savent pas encore à cet instant-là.
Car la fiction c’est tellement beau à la télé.
Le Grand Chelem, ça passait vendredi soir donc, sur France 4, un feuilleton qui nous a tous émus aux larmes.
Colwyn Bay… cinquième minute de jeu, alors que Cyrielle fait cavalière seule dans la défense galloise, Pauline se tient à l’affût pour conclure le premier galop d’essai de la partie. L’agent Jessy transforme sans trembler. 0-07.
Cinq minutes plus tard, alors que Pauline distribue les ballons d’attaque avec fougue et précision, Caroline (celle à l’ouverture) déboule comme une flèche et transperce à son tour le rideau gallois, presque trop facilement pour inscrire le deuxième essai sous les perches. Jessy ne fait qu’une bouchée de la transformation. 0-14.
Soudain, pendant vingt longues minutes, les Bleues subissent la révolte locale et défendent rigoureusement leur 22, n’encaissant que trois points, avant que Pauline ne remette le bleu de chauffe au jeu des Françaises et balance de nouveau des missiles jusqu'à toucher l’en-but. C’est chose faite par Jessy, après plusieurs temps de jeu, juste avant la pause, sans que la buteuse ne transforme son propre essai. 3-19.
Au retour des vestiaires ce sont les Galloises qui mettent la main sur le ballon les premières, mais sur un contre, ce sont nos Féminines qui vont bénéficier d’un essai de pénalité suite à un coup de pied par dessus de l’autre Caro (l’ailière) retenue illicitement dans l’en-but. 3-26.
Compliqué désormais pour ces Diables de femmes, en infériorité numérique, de revenir dans une partie bénie des déesses pour les Françaises. Comme si c’était leur destin. Pourtant les Galloises pousseront jusqu’au bout, à quelques mètres de passer la ligne mais échouant par maladresses ou malédiction. Car elles encaissent malgré leurs efforts, deux nouveaux essais.
Un par Agathe, sur les talons d’un ballon porté à l’ancienne, puis un dernier par Carla, après un jeu au large, partie de l’aile droite de Marine et relayée jusqu’à l’aile opposée de Caro, en relais parfait pour sa trois-quarts centre. Du jamais vu chez les gars, médusés devant leur télé.
« Et Basta ! T’as vu comment elles se font des passes ?
- C’est de la télé, les gars ! »
Sous leurs yeux ébahis, les Féminines venaient de réaliser ce dont ils n’osaient rêver en secret dans leurs chambres d’hôtel depuis huit ans et ce grand chelem de 2010. Seulement ce qu'ils ne savaient pas (faute aux médias qui préfèrent leur cacher la vérité de peur de les traumatiser) c'est que ce n’était pas de la fiction, mais bien la réalité.
C’est le cinquième Grand Chelem pour les filles en moins de vingt ans (après 2002, 2004, 2005 et 2014) quand les hommes en ont décroché neuf en un siècle. Je sais, la comparaison est un peu hasardeuse, mais quand même !
Bravo les filles ! car on ne vous le dira jamais assez…
Et la vie est tellement plus belle quand la joie d’un trophée est partagée.
Pays de Galles – France 3 – 24
Car, toujours à Colwyn Bay, ce vendredi soir, quelques instants après, sur le même terrain et presque de la même manière, mais avec le suspense en plus, les Bleuets ont réalisé un coup de Trafalgar au nez et à la barbe des jeunes Anglais pour s'emparer du titre. Quel pied !
La donne était claire. À égalité de points avec leurs rivaux mais un avantage au goal-average suffisant, les minots français se devaient de faire aussi bien qu’eux.
Et tout était bien parti dans une première période où les Bleuets inscrirent trois essais sous la pluie et un terrain bien piétiné par les filles juste avant. N’Tamack (2è), Laporte (21è) et Woki (30è) trouvaient la faille dans la défense galloise malgré un jeu plutôt haché.
Au même moment les Anglais dominaient les Irlandais jusqu’à ce qu’ils marquent ce quatrième essai qui leur offraient le point de bonus offensif nécessaire pour le titre.
Au retour des vestiaires les U20 n’avaient plus qu’à aller marquer à leur tour ce quatrième essai pour leur reprendre. Mais que ce fut dur, dans les conditions difficiles et face à des Gallois qui ne donnent rien. Il aura fallu attendre la 66ème minute pour voir l’éblouissant Gimbert se faire la malle et offrir le sacre aux siens. Quel talent ce demi de mêlée. Un de plus !
Les Anglais l’emportaient alors pour rien (45-15) et n’étaient pas récompensés de leur victoire face aux Français, payant très cher leur défaite surprise contre les Écossais. Et tant mieux !
Que la vie était belle à Colwyn Bay, vendredi soir !
Les matches des gars en bref…
Pays de Galles – France 14 – 13
Proches des meilleurs
Vous me voyez venir. Et bien pas du tout ! Je ne dirai pas de mal de cette équipe de France. Bien au contraire.
Bravo ! … l’objectif est atteint. Et comment !
Parvenir à réaliser, par deux fois, face aux deux meilleures nations européennes, qui auront terminé première et deuxième de ce tournoi, l’exploit de perdre d’un petit point un match qu’ils auraient pu gagner haut la main. Chapeau !
Commencer le tournoi en perdant contre l’Irlande dans les arrêts de jeu sur un drop assassin, alors que le match semblait plié, même si c’était contre le cours du jeu… wouah !
Terminer la compétition en perdant de nouveau d’un point sur une pénalité que l’on ne réussit pas à passer à un quart d’heure de la fin, alors que l’on sentait le match à la main des Français… oh !
Sans parler de l’Écosse, troisième nation sur le podium, qui d’une pénalité nous laissait encore derrière, mais tout proche, à un point de bonus défensif… han !
C’est dingue, cet art de flirter avec les meilleurs n’est pas donner à tout le monde, c’est devenu une marque de fabrique de la méthode Brunel.
Parce qu’à les regarder jouer, l’emporter cela semblait trop facile, ou plutôt à portée de mains et de talents dans cette équipe de France. Mais perdre d’un point, à chaque fois, ou presque, c’est juste incroyable, épatant même. Rageant, disent les jaloux. pff!
Parce que lorsque Trinh Duc passe ce drop dès l’entame, on se dit : « qu’est-ce qu’on va leur mettre ! ».
Et quand Fickou transperce la défense galloise pour marquer l’essai français, répondant à celui de Williams, on se dit : « qu’est-ce qu’on va se régaler ! »
Mais non, le but n'était pas là, à 14-10, à la pause, il s’agissait en seconde période, de rester sagement derrière et de faire illusion qu’on pouvait passer devant à tout moment… Oui, mais non.
C’est ça la tactique Brunel, caresser l’excellence dans le sens du poil de l’adversaire même si celui du supporter français se hérisse tout du long. Machenaud passera une pénalité et rien d’autre, juste pour être proches des meilleurs. Quelle classe ! Quelle humilité !
Par contre au classement, on est plutôt proches des derniers, seules nations que l’on a osé battre et qui auront elles aussi à se remettre en question. Et on peut compter sur la fédération anglaise pour faire bouger les choses, en Premiership comme chez World Rugby… ce qui serait sans doute un mal (anglais) pour un bien (du rugby français).
En attendant les prochaines colos en Nouvelle Zélande où ces Bleus pourront approcher la crème des meilleurs, le seul danger pour eux semble se trouver dans les chambres d’hôtel, avec quatre pieds et une tête plate qu’on appelle aussi accessoirement « tables de nuit », surtout avec Bastareaud en meneur de meute nocturne.
Angleterre – Irlande 15 – 24
Le troisième Grand Chelem du XV de Trèfle
L’Irlande est sacrée championne d’Europe avec son troisième Grand Chelem après avoir maitrisé et battu un XV de la Rose, pas remis de son Crunch perdu.
Ringrose, Stander puis Stockdale ont assommé en une mi-temps les Anglais que seul l’essai de Daly laissait dans la partie. Au retour des vestiaires, Sexton et les siens ont juste eu à contenir la bête blessée dans son antre où le Swing low Swing Chariot n’a pas retenti une seule fois.
Les Anglais parviendront néanmoins à marquer par deux fois, Daly à nouveau puis May sur la sirène. En vain. Le double tenant du titre termine à la cinquième place, lui qui rêvait d’un triplé historique.
Vivement que cette crise fasse bouger les choses, au moins dans les calendriers, car la fédération française n’aura pas d’autre choix que de les suivre.
Italie – Écosse 27 – 29
Le XV du Chardon sur le podium
Un match fou que les Italiens auraient mérité de remporter tant ils ont tenu la dragée haute à cet irrésistible XV du Chardon qui aura réussi son tournoi. Comme la botte de Laidlaw aura été cruelle pour ses adversaires. Une seule réussie cette fois, mais ô combien décisive, à la 79ème minute pour le gain du match et une belle troisième place.
Pour le reste, le jeu a été très ouvert de part et d’autre, avec sept essais et un suspense jusqu’au bout.
L’Italie, cuiller de bois pour la troisième fois consécutive, va devoir hausser son niveau et trouver des solutions pour gagner enfin, d’ici la Coupe du monde. Qu’elle est loin cette victoire contre l’Afrique du sud.
Cl : 1-Irlande-26 pts (+78) - 2-Pays de Galles-15 (+36) - 3-Écosse-12 (-27) - 4-France-11 (+14) – 5-Angleterre-10 (+10) - 6-Italie-1 (-111)
Le TOP 14 en un mot...
Toulouse (3) – Montpellier (1) 22 – 14
Racing 92 (2) – Stade Français (12) 28 – 22
Oyonnax (13) – Toulon (4) 29 – 26
Clermont (9) – Pau (5) 38 – 14
La Rochelle (6) – Lyon (7) 19 – 15
Castres (8) – Brive (14) 37 – 28
Agen (11) – Bordeaux (10) 10 – 15
Oyo sort du trou, Toulouse monte sur le podium
Cette 21ème journée aura eu son lot de surprises et d’émotions.
À commencer par la lanterne rouge qui aura arraché sa victoire contre l’ogre toulonnais, au courage et à l’envi, sur une dernière mêlée qui aura fini dans l’en-but. Les Oyomen cèdent enfin leur dernière place aux Coujoux et se rapprochent de Paris et Agen, également défaits.
Au dessus, Clermont et Bordeaux se refont la cerise, sans pour autant être invités à la lutte pour les barrages. Tandis que Castres et La Rochelle se mêlent au peloton pour une place dans le TOP 6, même si Lyon a montré plus que les dents chez les Maritimes. La bataille s’annonce rude jusqu’au bout.
Tout devant, Toulouse s’est hissé avec autorité sur le podium en battant le leader, à un point d’un Racing plus en forme que jamais disposant de son voisin dans un derby très disputé.
A cinq journées de la fin, je ne connais personne qui miseraient une fortune sur les 6 qualifiés et le club relégué. Et tant mieux pour le suspense.
(entre parenthèses, le rang du nouveau classement après cette journée)
Tous les résultats officiels du week-end >>
Qualifications Mondial 2019…
Géorgie – Roumanie 25 – 16
Belgique – Espagne 18 – 10
Oh la bonne blague belge !
Le Championnat Européen des Nations qui se déroulait en parallèle du tournoi des VI Nations a délivré ce dimanche le pays qui aura l’honneur d'ouvrir les festivités du mondial face au Japon, dans la poule A.
La Géorgie, première incontestable avec cinq victoires sur cinq, ne concourrait pas car déjà qualifiée de part sa belle coupe du monde en Angleterre.
Pour être l’heureuse élue, il suffisait donc à l’Espagne (vainqueurs des Roumains) de l’emporter en Belgique sans que la Roumanie ne fasse de même chez les Géorgiens. C’était mal connaître l’humour belge qui a décidé de contrarier le rêve espagnol.
Ce sera donc bien la Roumanie qui jouera dans la poule du Japon au prochain mondial quand l’Espagne tentera sa chance dans la phase des Play-Off qui commencera par un duel épique contre son voisin portugais. Le vainqueur aura le droit de jouer sa qualifiaction en matches aller et retour contre les Samoa pour retrouver la poule de la Roumanie. Le perdant de cette double confrontation s'offrant encore une chance dans la phase de repêchage qui se déroulera en novembre.
La semaine prochaine…
Le TOP 14 a la voie libre
Fini de se faire doubler, le championnat de France peut retrouver ses joueurs et sa sérénité pour aborder la dernière ligne droite de sa phase régulière avec une 22ème journée cruciale, juste avant les quarts de finale européens pour quelques-uns et les vacances pour la plupart.
À suivre, dès samedi 24 mars :
- La Rochelle – Bordeaux, à 14h45 (C+) : l’Europe c’est pas maintenant
- Stade Français – Toulouse, à 16h45 (C+) : un Clasico désuet
- Brive – Agen, à 18h45 (R+) : ça ne va pas rigoler
- Pau – Oyonnax, à 18h45 (R+) : garder le cap
- Montpellier – Castres, à 20h50 (C+ Sport) : garder la tête froide
Puis dimanche 25 mars :
- Toulon – Clermont, à 16h50 (C+) : la tête à l’Europe ?
- Lyon – Racing 92, à 21h (C+) : l’occasion est trop belle