Les brèves d'Ovalie - Edition n°515
Un Trèfle à quatre Grands Chelems
VI NATIONS... 5è journée Irlande – Angleterre 29 – 16
Par la grâce de Saint-Patrick !
La légende raconte qu’un Leprechaun possèderait un chaudron magique d’où jaillirait un fabuleux trésor au bout de 80 minutes à remuer une bouillie d’adversaire, une sorte d’Irish Stew au fumet de Grand Chelem.
C'est vrai que les Bleus avaient déjà pris le bouillon, à l’Aviva Stadium, y laissant leur énergie, le French flair et, surtout, la victoire au XV du Trèfle.
Samedi soir, en clôture de cette dernière journée, le XV de la Rose s’y est flétrie, à son tour, non sans résister, obligeant le Trèfle à couper le jeu de sa carte secrète, le seizième homme !
Non, je ne veux pas parler de l’arbitre, qui n’a fait que son travail, avec des règes devenues grotesques, à force de les appliquer à la lettre…
Non, je veux parler de Saint-Patrick, sans qui, samedi, les hommes de Farrell (père) auraient pu être contrariés par les coéquipiers de Farrell (fils).
Le saint homme, que tout un peuple fêtait depuis la veille, a dû s’employer, une nouvelle fois, pour libérer les Irlandais des serpents britanniques.
Il a d’abord envoyé son émissaire, ce petit lutin, elfe ou farfadet, comme chantait Higelin.
Vous l’avez forcément remarqué, accompagnant Sexton, juste avant les hymnes, glissant quelques mots au pouvoir magique, bénis par une poignée de mains, pour donner la force à ses grands carnassiers de dévorer la vulnérable Rose, déjà déchiquetée, la semaine passée, à Twickenham. Seulement...
La découpe à Trèfle de l’équipe anglaise ne s’est pas fait sans un pli !
Ce sont même les hommes de Sa Majesté Charles III qui ont pris le meilleur sur les Celtes, en début de rencontre, menant 0-6 après que Farrell, titulaire et capitaine, cette fois, à l’ouverture, a pris les points pour concrétiser la domination inattendue des siens.
Il faudra attendre un quart d’heure avant de voir Sexton réduire d’abord l’écart, puis son équipe aller à l’assaut d’un adversaire coriace et courageux en défense. C’est là que le talonneur Sheehan a surgi de nulle part pour délivrer l’Irlande d’un bourbier, à la demi-heure de jeu, comme si, tel Obélix, il avait reçu une poignée de mains magique du farfadet plus généreuse. Merci Saint-Patrick !
Le deuxième coup de grâce, venu du ciel, viendra juste avant la pause, avec ce carton rouge sévère contre le plus dangereux joueur d’Angleterre, Steward, pour un coup d’épaule maladroit dans la figure d’un Irlandais. Oui, mais voilà, c’est la règle !
Au retour des vestiaires, les Celtes peinaient à profiter de leur supériorité numérique, usant néanmoins les forces diminuées de leurs adversaires, attendant les renforts du banc pour enfin envoyer Henshaw à dame. Mais que ce fut laborieux !
Il faudra alors encore passer par le talon de Sheehan pour un troisième essai en force, copié par son suppléant, Herring, en fin de match pour un bonus offensif accessoire, laissant l’honneur sauf et le mot de la fin aux Anglais, avec un essai… devinez de qui ?
D'un talonneur, encore. Ce pauvre George, titulaire et à bout de force.
Un sacre logique et mérité pour le numéro un mondial qui signe son quatrième grand Chelem, après 1948, 2009 et 2018. Le voilà désormais très attendu...
en grand favori, à la prochaine tournée d’automne, très spéciale, en France.
Les autres matches en bref…
France – Pays de Galles 41 – 28
Un avant-goût au Stade de France
Juste avant le sacre attendu et mérité des Irlandais, les Bleus ont retrouvé le Stade de France pour leur dernier fait d’armes, face à des Gallois qui avaient retrouvé leur allant d’antan.
Les esprits étaient à la fête, l’envie de bien finir et, surtout, de retrouver ce stade dans six mois, avec une dynamique positive pour des échéances cruciales qui passeront par là.
Et on n’a pas été déçus !
Par ces Diables Rouges, d’abord, qui ont pris le jeu à leur compte, dès les premières minutes, sans perdre le North pour inscrire le premier essai.
Et par nos Bleus, ensuite, emmenés par un Ntamack des grands jours qui, juste derrière, nous gratifiait d’une relance fantastique pour servir son compère Dupont, encore excellent, plein de vista, qui servait Penaud sur une sautée parfaite, pour l’essai de l’égalisation.
Le ton du match était donné, le spectacle pouvait commencer.
Ramos enquillait, battant le record de points d’un Français dans un tournoi (84), détenu jusque-là par Merceron (80). Et puis la charnière s’activait à bonifier les meilleurs ballons, Dupont servant à nouveau Penaud qui décalait Danty pour la deuxième banderille, imparable, juste avant la pause (20-7).
Le deuxième acte sera tout aussi plaisant et spectaculaire, touchant même, losque Atonio se retrouve lancé derrière la ligne pour son premier essai en Bleu. Fickou s’invitait à la fête, servi par Danty, pour l’essai du bonus offensif qui permettrait de rêver d’un faux pas irlandais.
Encore fallait-il soigner le goal-average et ne pas se relâcher. Roberts, puis Williams allaient remettre les pieds sur terre aux Tricolores, trop habitués à marcher sur l’eau. Dyer inscrira même l’essai du bonus offensif pour les Gallois, alors que Penaud venait de signer un nouveau doublé sur une belle réaction des Bleus. L’ailier auvergnat devient le meilleur marqueur du tournoi, avec cinq essais.
Une belle fête au Stade de France, donc, pour conclure ce tournoi, qui en appelle d’autres, dans six mois.
J’ai hâte !
Écosse – Italie 26 – 14
Une grosse cuiller de regrets
En ouverture de cette dernière journée, à Murrayfield, les Écossais ont dû toucher du bois pour parvenir à ramasser les Italiens à la petite cuiller, sur le fil.
Car, bien lancée dans cette partie, la Squadra Azzurra a mis la main sur le ballon et le score, par la botte d’Allan, avant que le XV du Chardon ne réagisse et ne renverse le cours du jeu à son avantage par l’acrobatique Van der Merwe, auteur d’un premier essai spectaculaire, en bout de ligne, puis par Kinghorn, concrétisant quinze minutes de domination jusque-là stérile.
Le suppléant de Russel, à l’ouverture et au but, va être le sauveur d’une équipe calédonienne plus moribonde qu’à son habitude, marquant un doublé d’entrée, au retour des vestiaires, avant de voir les visiteurs prendre le meilleur sur leur hôte, grâce à Garbisi, le Montpelliérain offrant, d’une passe au pied, l’essai de l’espoir à son ouvreur, Allan, puis inscrivant une pénalité derrière (19-14).
Dès lors, le dernier quart d’heure fera autant vibrer que douter le public de Murrayfield, voyant les Italiens à quelques mètres de l’en-but écossais. En vain, une dernière mêlée, enverra, contre le cours du jeu, Van der Merwe à l’assaut de son aile, avant de servir Allan pour un triplé incroyable et salvateur.
Que de regrets pour cette Squadra Azzurra, dernière du tournoi, pour la huitième fois d’affilée, et qui décroche sa 12ème cuiller de bois sur 24 participations, autant que l’Écosse en 94 tournois.
Que de regrets pour ces Italiens alors qu’ils ont sans doute réalisé leur meilleur tournoi, la blessure de Capuozzo ayant sans doute pesé sur cette triste fin.
Clsst. : 1-Irlande, 27 pts (+79) – 2-France, 20 (+59) – 3- Écosse, 15 (+20) –
4-Angleterre, 10 (-35) – 5-Pays de Galles, 6 (-63) – 6-Italie, 1 (-60)
La 5ème journée du tournoi des Bleuets en bref….
France U20 (2) – Pays de Galles (6) 67 - 17
Sur les pas de leurs aînés…
Après le Grand Chelem validé par les Irlandais, les Bleuets n'ont pas eu de mal à copier leurs aînés, dans ce dernier round pour finir encore plus largement en beauté, à la deuxième place.
On a eu le droit, ce dimanche soir, à Oyonnax, à un festival d'essais emmené par un groupe enthousiaste et incroyables de talents, à l'image de Jauneau, sur tous les coups, et marquant le premier essai en coin.
Un exemple !
Ont suivi en première période, et ce malgré un carton jaune contre le talonneur Lacombre : Tuilagi, Depoortere, Drouet dans un doublé et Bielle-Biarrey. 6 essais pour mener 34-3.
Le retour des vestiaires se fera avec un retour de bâton, pour un relâchement coupable, offrant deux occasions aux Gallois de revenir au score (34-17). Mais le coaching précoce pour remettre du sang neuf en première ligne et à la mêlée, Carboneau remplaçant Jauneau, a réveillé ces Bleuets endormis sur des lauriers pas encore acquis, Drouet réceptionnant un petit par-dessus du demi de mêlée entrant pour son triplé.
La suite sera un nouveau récital, avec quatre nouvelles salves, signés Gailleton, Bielle-Biarrey et Depoortere, pour chacun un doublé, et surtout l'incontournable Drouet pour finalement un quadruplé.
Quel match et quelle chance d'avoir une telle relève qu'on a hâte de retrouver, cet été, pour défendre, enfin, le titre de champion du monde détenu par ses prédécesseurs.
Les autres matches, ce dimanche : Irlande (1) – Angleterre (4) (36-24) ; Écosse (5) – Italie (3) (17-40).
(entre parenthèses, le rang du nouveau classement après ce week-end)
La semaine prochaine…
Les Féminines prennent le relais…
Comme chaque saison, désormais, le tournoi des VI Nations féminin se déroule juste après celui des garçons, afin de lui donner toute la lumière qu’il mérite, tant on se régale à le voir évoluer au plus haut niveau.
Cette année encore, les Bleues vont tenter de détrôner les invincibles Red Roses, dans un dernier round qui devrait tenir toutes ses promesses. En attendant, il s’agit de commencer doucement, à Parme.
Au programme* de la 1ère journée du VI Nations féminin, samedi 25 mars :
Pays de Galles – Irlande, à 15h15
Angleterre – Écosse, à 17h45
Puis dimanche 26 mars :
Italie – France, à 17h
(*) Seul le match de la France est retransmis par les chaînes de France TV
En parallèle, le TOP 14 nous offrira* sa 21ème journée, dès le samedi 25 mars :
Castres – Toulouse, à 15h
Clermont – Brive, à 17h
Bayonne – Pau, à 17h
Perpignan – Montpellier, à 17h
Lyon – Toulon, à 17h
Bordeaux – La Rochelle, à 21h05
Puis, dimanche 26 mars :
Stade Français – Racing 92, à 21h05
(*) Tous les matches sont retransmis par les chaînes de Canal+